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Les syndicats affûtent leurs armes pour contrer les idées du FN

Le secrétaire général de la CGT Thierry Le Paon et son homologue de FO Jean-Claude Mailly lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, à Paris le 15 octobre 2013 [Martin Bureau / AFP/Archives] Le secrétaire général de la CGT Thierry Le Paon et son homologue de FO Jean-Claude Mailly lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, à Paris le 15 octobre 2013 [Martin Bureau / AFP/Archives]

Unanimement inquiets de la montée des idées du Front national, les syndicats affûtent leurs armes pour les contrer: la CGT, la FSU et Solidaires tiendront un meeting fin janvier, la CFDT et l'Unsa misent sur l'action de terrain pour dévoiler "l'impasse" où mènent les positions du parti d'extrême droite.

La victoire dimanche dernier du candidat de Marine Le Pen à la cantonale partielle de Brignoles (Var) est "une alerte profonde", a jugé Laurent Berger, numéro un de la CFDT.

"Notre démocratie n'est pas invincible, elle est en danger", a prévenu le leader cédétiste qui reconnaît que les partisans du FN ont "investi le terrain social". "On les voit de temps en temps aux portes des entreprises souvent avec un discours extrêmement démago".

"On est surtout inquiets de la progression des idées du FN", relève auprès de l'AFP Luc Bérille, numéro un de l'Unsa. Des salariés - parfois même des syndicalistes - reprennent les arguments d’extrême droite, et sont à la recherche de +bouc émissaire+ - l'Europe, les immigrés - "pour expliquer leurs difficultés", constate-t-il.

"Pour nous, le FN n'est pas un parti comme un autre, même s'il y a eu un travail sur le vocabulaire. Ce n'est pas parce que la préférence nationale a fait place à la priorité nationale que ça change l'orientation de fond" de ce parti qui est "dangereuse pour la démocratie", affirme M. Bérille.

Selon le leader de l'Unsa, "bousculés par la crise et la mondialisation, en perte de repères" des salariés et des citoyens choisissent "le repli identitaire".

La désespérance sociale nourrit l'extrême droite

A ces raisons, la CGT, la FSU et Solidaires - qui ont contesté la réforme des retraites - ajoutent la politique du gouvernement, qui, selon elles, est "en décalage" avec les attentes des salariés. "C'est la désespérance sociale qui nourrit l'extrême droite", souligne Annick Coupé, dirigeante de Solidaires.

Pour combattre les idées frontistes, "la stratégie de la diabolisation a échoué", et "si on victimise le FN on aboutit à le renforcer", estime M. Bérille.

L'Unsa, comme la CFDT, vont publier des argumentaires pour "décortiquer le programme du FN, expliquer, avancer des solutions".

"Il faut dire que le FN n'a pas de programme crédible, qu'il nous emmène dans une impasse économique et sociale", que "c'est un danger pour notre société, pour l'économie et les salariés", insiste Laurent Berger.

Par ailleurs, selon lui, "il faut amener des résultats concrets aux salariés et aux citoyens" pour contrer les idées populistes.

De leur côté, la CGT, la FSU et Solidaires prévoient fin janvier un meeting où prendront la parole les numéros un des trois centrales, souligne auprès de l'AFP Noël Daucé (FSU).

Auparavant, dans la journée, des ateliers réuniront militants et salariés pour débattre de plusieurs thématiques - programme social et économique, immigration, préférence nationale, l'histoire du mouvement social face à l'extrême droite (Front populaire, Vichy), en vue de défaire les arguments de l'extrême droite.

Sceptique, le leader de la CFDT estime que "ce n'est pas un meeting de cinq leaders syndicaux en février ou mars contre le FN qui le fera reculer".

"Mais il ne s'agit pas d'un coup politique sans suite", rétorque M. Daucé. "Nous sommes dans un travail de fond avec des relais dans les départements et des argumentaires qui permettent aux équipes syndicales de contre-attaquer dans les débats avec des arguments solides".

"Le FN est tellement en expansion qu’on ne désespère pas un jour de travailler avec la CFDT et l'Unsa", souligne Noël Daucé. Laurent Berger n'a pas exclu non plus des initiatives communes et Luc Bérille souhaite des "contacts en intersyndicale à cinq" pour en discuter.

De son côté, le dirigeant de FO, Jean-Claude Mailly, adepte du cavalier seul, a vu dans le vote FN, "une forme de coup de pied dans la fourmilière" de la part de "gens qui considèrent que les problèmes de pouvoir d'achat, d'emploi, ne sont pas réglés".

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