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Affaire Tapie : Guéant, prochaine cible des juges ?

Claude Guéant, ancien secrétaire général de l'Elysée,  le 27 mai 2012 à Paris [Thomas Samson / AFP/Archives] Claude Guéant, ancien secrétaire général de l'Elysée, le 27 mai 2012 à Paris [Thomas Samson / AFP/Archives]

Après les mises en examen de Bernard Tapie et de son avocat, les enquêteurs devraient prochainement s'intéresser au rôle de Claude Guéant, ancien secrétaire général de l'Elysée, dans la décision qui a mené l'arbitrage controversé de son litige avec le Crédit lyonnais.

Les magistrats soupçonnent cette décision de 2008, grâce à laquelle M. Tapie s'était vu octroyer 403 millions d'euros pour solder le litige sur la vente d'Adidas, d'avoir été truquée au profit de l'homme d'affaires de 70 ans qui vient de passer 96 heures en garde à vue.

Ils ont mis en examen cinq personnes, autant de profils différents impliqués dans ce qu'ils interprètent comme une "escroquerie en bande organisée".

Outre M. Tapie et son avocat Maurice Lantourne, sont poursuivis un des trois arbitres, Pierre Estoup, l'ex-président du Consortium de réalisations (CDR - organisme sous tutelle de l'Etat chargé du passif du Crédit Lyonnais), Jean-François Rocchi, et Stéphane Richard, l'ex-directeur de cabinet de l'ancienne ministre de l'Economie Christine Lagarde.

Si les magistrats s'interrogent sur les liens entre MM. Tapie et Lantourne et l'arbitre Estoup, ils tentent aussi de comprendre comment l'ancien ministre a plaidé sa cause à l'Elysée et Bercy.

La patronne du Fonds monétaire international (FMI) a échappé fin mai à une mise en examen, en sortant avec le statut de témoin assisté de son audition par le Cour de justice de la République (CJR).

Claude Guéant, ancien secrétaire général de l'Elysée,  le 2 décembre 2011 à Paris [Bertrand Guay / AFP/Archives]
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Claude Guéant, ancien secrétaire général de l'Elysée, le 2 décembre 2011 à Paris
 

C'est elle qui a fait le choix de l'arbitrage, le justifiant par la volonté de mettre fin à une procédure, selon elle, longue et coûteuse. Mais c'est son ancien directeur de cabinet qui concentre l'attention des juges, soupçonné d'avoir agi à l'insu de sa ministre. M. Richard s'en est défendu lundi dans un communiqué à l'AFP en affirmant que Mme Lagarde avait fait son choix en totale connaissance de cause.

Mme Lagarde assure avoir pris cette décision sans ordre de Nicolas Sarkozy, dont la campagne de 2007 venait d'être soutenue par M. Tapie.

Dès 2005...

Reste que l'enquête a montré que ce dernier avait multiplié les rendez-vous avec l'ex-président et son entourage en 2007 et 2008. Et un moment clé de cette affaire paraît être une réunion tenue fin juillet 2007 à l'Elysée.

Etaient présents, selon M. Richard, MM. Rocchi et Tapie, de même que le secrétaire général Claude Guéant, son adjoint François Pérol et le conseiller justice de l'Elysée Patrick Ouart.

M. Richard a raconté avoir été "convoqué" à l'Elysée par M. Guéant le 24 ou 25 juillet 2007. Jean-François Rocchi avait reçu la même convocation à cette réunion dont l'objet n'avait pas été précisé.

Claude Guéant avait alors tranché: "Nous allons faire l'arbitrage", a rapporté M. Richard aux enquêteurs. Lui-même et M. Rocchi ont raconté avoir été "surpris", à leur arrivée, de se retrouver face à MM. Guéant, Pérol et Tapie, comprenant alors que la réunion avait pour enjeu l'arbitrage.

MM. Pérol et Ouart ayant été entendus comme témoins, le dernier protagoniste de cette réunion qui n'ait encore livré sa version aux enquêteurs est Claude Guéant, qui pourrait être prochainement convoqué.

Car les investigations ont montré qu'il avait été destinataire, dès 2005, de courriers de MM. Tapie et Lantourne sollicitant son intervention. Plusieurs témoignages confirment en outre son implication personnelle dans le suivi du dossier pour favoriser les intérêts de l'homme d'affaires, selon une source proche du dossier.

A l'issue d'une perquisition au domicile et au cabinet de M. Guéant, à Paris, les juges ont pu emporter plusieurs documents, dont un cahier et un agenda, qui établissent selon eux l'intérêt de l'ex-ministre de l'Intérieur pour l'affaire, selon cette source.

Un intérêt encore plus ancien, selon Jean-Pierre Aubert, prédecesseur de M. Rocchi à la tête du CDR.

"Début juillet 2004, quand Nicolas Sarkozy était ministre de l'Economie, Claude Guéant m'avait fait venir dans son bureau et m'avait demandé d'accepter une solution transactionnelle. Je lui ai dit +non+", a raconté à l'AFP M. Aubert, ajoutant que François Pérol avait fait la même démarche. Alors en vain.

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