En direct
A suivre

Mélenchon se défend de tout antisémitisme envers Moscovici

Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, le 24 mars 2013 lors du congrès du Parti de gauche à Bordeaux [Jean-Pierre Muller / AFP] Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, le 24 mars 2013 lors du congrès du Parti de gauche à Bordeaux [Jean-Pierre Muller / AFP]

Jean-Luc Mélenchon s'est trouvé dimanche, à l'issue du 3ème congrès du Parti de gauche à Bordeaux, au coeur d'une polémique, non sur la radicalisation de son discours contre le gouvernement et l'Union européenne, mais à propos des accusations d'antisémitisme envers Pierre Moscovici, ce dont il s'est défendu énergiquement.

Samedi, un de ses proches, François Delapierre, avait lancé à la tribune que le ministre de l'Economie faisait partie des "17 salopards de l'eurogroupe" qui font pression sur Chypre.

Interrogé par la presse sur ces propos, Jean-Luc Mélenchon avait répondu samedi que le ministre de l'Economie avait "un comportement de quelqu'un qui ne pense plus en français, qui pense dans la langue de la finance internationale", selon la bande son de ses propos diffusée dimanche soir sur le site de l'hebdomadaire Politis.

Un débat a parcouru durant toute la journée de dimanche les réseaux sociaux sur la teneur précise des déclarations de M. Mélenchon, des internautes et des journalistes estimant que la version initialement diffusée par l'AFP - "un comportement de quelqu'un qui ne pense pas français, qui pense finance internationale" - prêtait plus le flanc à l'accusation d'antisémitisme.

Le 1er secrétaire du PS, Harlem Désir a demandé samedi au coprésident du Parti de gauche de "retirer" ses propos "inacceptables", et ce "vocabulaire des années 30". Dimanche, sur France 5, il lui a reproché "d'hystériser" le débat politique.

Pierre Moscovici lui-même, qui est d'origine juive, a déclaré dimanche que M. Mélenchon "est en train, par détestation de la social-démocratie, par détestation du parti socialiste, de franchir certaines bornes". "Il y a des choses auxquelles on ne touche pas", a dit le ministre lors de l'émission Dimanche+ sur Canal+.

"J'ignorais quelle était la religion de Pierre Moscovici et je n'ai pas l'intention d'en tenir compte dans l'avenir, pas davantage que dans le passé", a dit dimanche M. Mélenchon lors du meeting de clôture du congrès.

"Mais si un jour parce qu'il est juif", Pierre Moscovici était menacé, "il nous trouverait tous, comme un seul corps, pour le défendre", a-t-il ajouté sous les applaudissements de la salle.

"Harlem Désir instrumentalise l'antisémitisme et de façon insupportable", a-t-il déclaré quelques minutes plus tard aux journalistes.

"Un coup, une blessure", a admis au sujet de cette polémique Jean-Luc Mélenchon qui trouve les propos du premier secrétaire du PS "très offensants et humainement spécialement blessants de la part de quelqu'un qui a milité avec moi pendant des années".

"Diversion", assure Jean-Luc Mélenchon. "Les socialistes ont décidé de franchir à mon sujet des étapes inouïes de diabolisation", a-t-il déclaré devant les caméras.

Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, le 24 mars 2013 lors du congrès du Parti de gauche à Bordeaux [Jean-Pierre Muller / AFP]
Photo
ci-dessus
Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, le 24 mars 2013 lors du congrès du Parti de gauche à Bordeaux
 

Durant la journée de dimanche, les réactions se sont succédé, notamment celles de plusieurs ministres, Manuel Valls, Arnaud Montebourg ou Nicole Bricq condamnant les déclarations de M. Mélenchon. Pour la ministre de l'Environnement, Cécile Duflot (EELV) le co-président du PG "n'est pas antisémite" mais "il flirte avec le dérapage à chaque instant, notamment sur les questions de nationalisme".

Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) ont également fustigé les propos de Jean-Luc Mélenchon sans toutefois accuser explicitement le coprésident du parti de gauche d'antisémitisme.

Au Parti du gauche, on s'attendait davantage à être attaqué sur le terme de "salopards". Jean-Luc Mélenchon dénonce "cette attitude (de la France) au moment de Chypre qui n'est pas l'attitude qui correspond à la tradition et aux intérêts profonds de notre pays".

"Il (le gouvernement) ne pense qu'à cajoler la finance", a-t-il lancé sur scène.

"Si le président de la République ne se réveille pas, s'il ne comprend pas qu'il n'est pas dans un congrès permanent du PS à la tête de l'Etat (...) bientôt il verra que les autres n'en ont rien à faire de sa gentillesse et de ses blagues", a-t-il dit.

"La finance internationale a fait son cahier de brouillon en Grèce, elle en fait un deuxième à Chypre , c'est nous les suivants", a affirmé l'ex-candidat Front de gauche à la présidentielle pour qui "l'affaire de Chypre a été un franchissement".

"Nous ne sommes pas en train de dire que nous proposons de sortir de l'euro", a-t-il toutefois précisé. "En sortir, serait accepter +l'euro Merkel+", a dit M. Mélenchon qui souhaite "un euro des peuples".

"L'infecte propagande du parti solférinien va se mettre en route", a-t-il annoncé, en parlant du PS, dont le siège est rue de Solférino.

Un "parler cru et dru", qu'a revendiqué sur scène Jean-Luc Melenchon "fier d'être tribun". "Je ne leur reconnais aucune suprématie intellectuelle parce que ma manière de parler les dérange, parce que j'appelle un chat, un chat et mon camarade, un salopard, un salopard", a-t-il lancé sous les applaudissements d'une salle pleine.

"Dans la Bible, il est écrit que Dieu vomit les tièdes", a-t-il rappelé.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités