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Sylvie Andrieux se défausse sur son ancien bras droit

La députée socialiste Sylvie Andrieux avec son avocat, le 12 mars 2013 au palais de justice de Marseille [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives] La députée socialiste Sylvie Andrieux avec son avocat, le 12 mars 2013 au palais de justice de Marseille [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives]

La députée socialiste Sylvie Andrieux, qui comparaît depuis le 4 mars à Marseille pour détournement présumé de fonds publics, a défendu jeudi avec vigueur sa "probité", niant avoir été informée des agissements de son ancien bras droit, Rolland Balalas.

L'élue est jugée, aux côtés de 21 autres prévenus, pour avoir détourné environ 740.000 de subventions de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), dont elle était vice-présidente en charge de la politique de la ville au moment des faits. Elle l'aurait fait, entre 2005 et 2008, au profit d'associations fictives des quartiers Nord de Marseille, où elle est élue, sur fond de visées électoralistes.

Sûre d'elle au début de son audition par la présidente Christine Mée, à qui elle a retracé son parcours politique - élue pour la première fois conseillère régionale en 1992, puis députée en 1997, et depuis constamment reconduite dans ses deux mandats -, Mme Andrieux s'est surtout attachée à nier son implication dans ce dossier pour charger M. Balalas, son ex-attaché parlementaire et secrétaire régional du groupe PS à la région, et principal accusateur selon l'instruction.

"Il avait absolument toute ma confiance", dit-elle, ajoutant qu'il "avait un rôle central" et qu'"il gérait tout".

A la barre du tribunal correctionnel, qu'elle utilise parfois comme une tribune, défendant sa politique et "ses valeurs chevillées au corps", l'élue, vêtue d'un tailleur noir, répète sa "rigueur" et sa "droiture": "Je n'ai rien à cacher, madame la présidente", lance-t-elle.

Rolland Balalas, ancien attaché parlementaire de Sylvie Andreiux, en compagnie de son avocat Christian Megean, au palais de justice de Marseille le 13 mars 2013 [Boris Horvat / AFP]
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Rolland Balalas, ancien attaché parlementaire de Sylvie Andreiux, en compagnie de son avocat Christian Megean, au palais de justice de Marseille le 13 mars 2013
 

Ponctuant ses phrases de l'adverbe "jamais" - "je n'ai jamais été au courant de fausses factures", "jamais de ma vie on m'a parlé de dérives" avant l'éclatement de l'affaire à la suite d'un signalement de Tracfin (la cellule anti-blanchiment du ministère de l'Économie, ndlr), "je n'ai jamais eu de regard sur le contenu des dossiers" de subventions -, l'élue, parlant parfois à la troisième personne, soutient que les accusations dont elle fait l'objet proviennent de "personnes qui veulent sauver leur peau".

Elle attaque même, qualifiant M. Balalas "d'indic" et accusant la police du Vaucluse d'avoir enquêté" sur son mari: "cela dépasse l'entendement", lâche-t-elle.

A la reprise de l'audience, devant les questions de Me Gilles Gauer, l'avocat de la région, partie civile, son assurance fléchit, son visage prenant un air de plus en plus hautain et fermé.

A propos des menaces à l'encontre des services de la région, elle ironise: "je ne sais pas ce que c'est que de menacer quelqu'un, j'ai le profil de Schwarzenegger, ça se voit". Sur le cadeau d'une marque de luxe fait par l'une des prévenues, pour la remercier de l'avoir fait embaucher à la région, elle élude: "je n'ai jamais accepté de cadeau de quiconque, excepté des gâteaux et des plantes parce que j'aime ça".

Se retranchant derrière son rôle dans les quartiers - "reconscientiser les gens, lutter contre le Front national" -, elle réplique à l'avocat: "mais vous croyez que j'ai que ça à faire (monter des associations fictives, ndlr), déjà qu'on n'est pas loin de la république bananière..."

Et Me Gauer d'affirmer calmement: "c'est pour ça qu'il faut bien utiliser l'argent public".

Le procureur, Jean-Luc Blachon, prend alors le relais: "votre thèse, si je résume, c'est celle du complot fomenté contre vous par M. Balalas...". L'élue se raidit: "franchement, les mots sont pâles pour exprimer ce que je ressens quand j'entends ça"!. "Je n'ai jamais été déçue ni trahie de la sorte, j'ai attendu 52 ans pour vivre ça, moi qui aie basé toute ma vie sur l'honnêteté", lâche-t-elle crânement.

M. Blachon souffle, en se rasseyant: "j'en ai marre d'entendre des mensonges à la barre". "Vous me traitez de menteuse, monsieur, s'emporte-t-elle. Mais vous croyez que je vais être la victime expiatoire d'un système, oh que non!".

Le procès reprendra lundi, avec les plaidoiries des parties civiles, suivies du réquisitoire.

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