En direct
A suivre

Les jihadistes évacuent leurs bastions

Des soldats français du 2e Régiment d'infanterie de marine sur la base aérienne militaire 101, près de Bamako, le 14 janvier 2013 [Eric Feferberg / AFP] Des soldats français du 2e Régiment d'infanterie de marine sur la base aérienne militaire 101, près de Bamako, le 14 janvier 2013 [Eric Feferberg / AFP]

Les jihadistes ont évacué lundi une partie de leurs bastions dans le nord du Mali après des bombardements des forces françaises mais ils se sont emparés de la localité de Diabali, à 400 km au nord de Bamako, et ils ont menacé de "frapper le coeur de la France".

Une trentaine de transports de troupe blindés français de la force Licorne ont quitté lundi la Côte d'Ivoire pour se rendre au Mali voisin et renforcer les troupes françaises dans le pays, selon des témoins sur place.

Les combattants islamistes sont repassés à l'offensive dans l'ouest du Mali en s'emparant lundi de Diabali.

"Nous savions qu'il y aurait une contre-offensive vers l'ouest, d'autant plus que là se trouvent les éléments déterminés, les plus structurés, les plus fanatiques (...) Ils ont pris Diabali, qui est une petite commune, après des combats importants et après une résistance de l'armée malienne qui était insuffisamment dotée à ce moment précis", a déclaré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

L'attaque sur Diabali était dirigée par Abou Zeid, un des chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), selon une source sécuritaire régionale.

Des soldats français du 2e Régiment d'infanterie de marine à la base aérienne militaire 101, près de Bamako, le 14 janvier 2013 [Eric Feferberg / AFP]
Photo
ci-dessus
Des soldats français du 2e Régiment d'infanterie de marine à la base aérienne militaire 101, près de Bamako, le 14 janvier 2013
 

Mais dans le même temps, les jihadistes ont abandonné leurs fiefs dans le nord du Mali, comme à Gao, soumis à d'intenses bombardements par des avions Rafale dimanche, qui ont tué plus d'une soixantaine de combattants, selon des habitants et une source de sécurité.

"Nous sommes libres. On n'a pas vu aujourd'hui un seul moujahidine ici. Ils ont quitté la ville et les chefs sont cachés", a expliqué un habitant de Gao joint par téléphone depuis Bamako.

"Les moujahidine ont peur"

A Tombouctou, où aucune frappe aérienne n'a pour le moment été recensée, même constat: "les moujahidine sont partis, ils ont vraiment peur", selon un résident de cette ville-phare de la culture musulmane en Afrique, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, où les jihadistes ont détruit de nombreux mausolées.

Même les combattants qui s'étaient emparés jeudi de Konna, dans le centre du pays, avant d'en être repoussés vendredi et qui s'étaient repliés sur Douentza, à 800 km au nord de Bamako, qu'ils contrôlent depuis septembre, ont abandonné cette dernière ville, "par peur des avions", selon un témoin.

Pour le porte-parole du groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), Senda Ould Boumama, il ne s'agit que d'un "retrait tactique", l'exécution d'un "plan de redéploiement", selon des propos au site d'informations mauritanien Alakhbar (proche des islamistes mauritaniens).

L'ONU a fait état lundi de plus de 30.000 déplacés en raison des affrontements au Mali et accusé les islamistes d'empêcher des milliers de Maliens de fuir la zone des combats pour gagner le sud du pays.

Le Programme alimentaire mondial estime que 500.000 personnes ont été déplacées au Mali depuis que les groupes rebelles ont pris le contrôle du nord du pays en mars 2012.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pris en charge dans les hôpitaux de Mopti (centre) et Gao 86 personnes blessées lors des derniers combats et bombardements.

La France, se disant "en guerre contre le terrorisme" au Mali selon M. Le Drian, a bloqué vendredi la progression des groupes armés islamistes, qui contrôlent le nord du Mali depuis neuf mois, vers le centre du pays, avant de bombarder dimanche et lundi leurs positions dans le nord.

Les voisins du Mali ont annoncé lundi avoir pris des mesures pour éviter toute infiltration des groupes armés islamistes: l'Algérie a ainsi fermé ses frontières avec le Mali. Et l'armée mauritanienne s'est redéployée pour "boucler la frontière".

Frapper "le coeur de la France"

Des soldats français du 2e Régiment d'infanterie de marine à la base aérienne militaire 101, près de Bamako, le 14 janvier 2013 [Eric Feferberg / AFP]
Photo
ci-dessus
Des soldats français du 2e Régiment d'infanterie de marine à la base aérienne militaire 101, près de Bamako, le 14 janvier 2013
 

Face à l'intervention française, les jihadistes ont menacé Paris de représailles.

"La France a attaqué l'islam. Au nom d'Allah, nous allons frapper le coeur de la France. Partout. A Bamako, en Afrique et en Europe", a déclaré à l'AFP Abou Dardar, un des responsables du Mujao. Il a par ailleurs refusé de donner un bilan des raids français, se contentant d'affirmer que "tous les moudjahidine qui sont morts sont allés au paradis".

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a jugé que "la France n'a pas vocation à rester seule au côté du Mali".

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit d'ailleurs se réunir lundi sur le conflit au Mali, à l'initiative de la France. Et une réunion exceptionnelle du conseil des ministres européens des Affaires étrangères doit aussi avoir lieu dans les trois prochains jours.

Photo fournie par le service de presse de l'armée d'un pilote français aux commandes d'un Rafale  en partance le 13 janvier 2013 pour le Mali depuis la base de Saint-Dizier [ECPAD/Laure-Anne Maucorps / ECPAD/AFP]
Photo
ci-dessus
Photo fournie par le service de presse de l'armée d'un pilote français aux commandes d'un Rafale en partance le 13 janvier 2013 pour le Mali depuis la base de Saint-Dizier
 

Les préparatifs s'accélèrent aussi pour le déploiement de la force ouest-africaine au Mali. Les premiers éléments promis par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) se mettent en place, sous la direction d'un général nigérian, Shehu Abdulkadir.

Les premiers militaires nigérians seront déployés "avant la semaine prochaine", selon Lagos.

Le Nigeria doit fournir 600 hommes. Le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal ont également annoncé l'envoi chacun d'environ 500 hommes, le Bénin 300, le Ghana 120 militaires spécialistes du génie et la Guinée 144, selon une source proche de la présidence.

Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a indiqué que 500 soldats maliens qui s'étaient repliés avec le colonel Alhaji Ag Gamou en 2012 au Niger face à l'avancée des islamistes dans le nord du Mali pourraient reprendre le combat contre les jihadistes.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités