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Filippetti revoit le financement du Centre National de la Musique

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti arrive à l'Elysée pour son premier Conseil des ministres, le 17 mai 2012[AFP/Archives]

La ministre de la Culture a annoncé mardi sa volonté de remettre à plat le financement du Centre National de la Musique (CNM), la filière se montrant partagée, certains y voyant une décision de "bon sens" tandis que d'autres s'inquiètent des intentions d'Aurélie Filippetti.

Issu d'une longue concertation, le CNM doit à la fois fédérer la filière musicale et surtout renforcer les aides au secteur afin de favoriser la création et la diversité.

Dans un entretien à l'AFP mardi, Aurélie Filippetti a fait part de son intention de "reprendre la réflexion" autour du CNM, dont la création avait été annoncée fin janvier par son prédécesseur Frédéric Mitterrand.

Elle a annoncé qu'elle recevrait la filière en juillet, en y associant les représentants de la musique classique et les collectivités locales.

Frédéric Mitterrand avait annoncé que le CNM bénéficierait d'une enveloppe de crédits de 15 millions d'euros au sein du budget du ministère pour amorcer ses missions, puis qu'il serait en partie financé par une taxe sur les fournisseurs d'accès internet (FAI).

Mais, selon Aurélie Filippetti, les 15 millions d'euros annoncés n'étaient qu'une "déclaration d'intention absolument pas budgétée", tandis que la taxe sur les FAI, contestée devant la Commission Européenne, n'est pas "sécurisée juridiquement".

"Il faut travailler dans l'ordre, trouver les sources de financement, identifier les meilleurs mécanismes qui permettent d'aider la création et la diversité et ensuite seulement parler d'aides et de bénéficiaires", a estimé la ministre.

"Chantier qui a déjà pris du retard"

"C'est du bon sens", a réagi le président d'Universal Music France, Pascal Nègre. "C'est vrai qu'il y a urgence, mais créer un organisme sans financement n'a aucun sens. Il faut au CNM un financement clair, pérenne et de long terme", a-t-il déclaré en marge d'un déjeuner de presse.

"La ministre a raison de rappeler que la problématique essentielle, c'est le financement", a renchéri le directeur général du Snep (producteurs de disque, dont les quatre majors).

"La ministre a entendu l'appel à l'aide de la filière et dit très nettement le besoin d'un soutien", a estimé le nouveau directeur général de la Sacem Jean-Noël Tronc, soulignant que le CNM était un "projet important pour toute la filière qui vit une crise profonde".

Concernant la taxe sur les FAI, "tout le monde dans la filière partage la même inquiétude sur un dispositif que, manifestement, la Commission Européenne regarde à la loupe", a-t-il ajouté.

Aller chercher de l'argent

En revanche, le Prodiss (entrepreneurs de spectacle) a fait part de son incompréhension et de son insatisfaction, rappelant "tous les acteurs" du secteur avaient déjà été auditionnés sur le sujet "pendant plus d'un an".

"Le travail de Mme la ministre est d'aller chercher l'argent. Veut-elle y aller ou pas ?", s'est interrogé son président Jules Frutos, estimant que la contestation de la taxe à Bruxelles était un "épouvantail énormément attisé par le Centre National du Cinéma", qui en est actuellement le seul bénéficiaire.

"Les déclarations de Mme Filippetti sont loin de dissiper nos profondes inquiétudes", a indiqué de son côté le directeur général de l'UPFI (producteurs de disque indépendants) Jérôme Roger.

"Que la ministre souhaite valider les préconisations de la mission +Selles+ (d'où est né l'idée du CNM, ndlr), fort bien. Mais cela ne doit pas retarder la mise en oeuvre de ce chantier qui a déjà pris du retard", alors qu'elle "sait que la situation des PME et des TPE est très fragile", a-t-il déclaré.

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