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La dynastie Le Pen ancre le FN dans le paysage politique

Marion Maréchal-Le Pen et son grand-père Jean-Marie Le Pen. [BORIS HORVAT / AFP]

La dynastie Le Pen a encore renforcé son emprise sur l'extrême droite française avec l'émergence de la nièce de sa dirigeante, Marion Maréchal-Le Pen qui, à 22 ans, fait partie de la poignée de députés possibles pour ce parti désormais ancré dans le paysage politique.

C'est le patriarche fort en gueule et fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, bientôt 84 ans, qui avait lancé la campagne législative de sa petite-fille Marion dans le Vaucluse (sud), se félicitant de sa "bonne race". "Du fait du nom que je porte, il y a l'exemple à montrer", avait de son côté confié la blonde nièce de la présidente du FN Marine Le Pen.

Pari gagné : elle s'est hissée en tête de sa circonscription du Vaucluse (sud-est), avec 34,63% des suffrages devant le sortant de l'UMP (Union pour un mouvement populaire, droite) et une socialiste.

Sa tante Marine écrase le paysage à Hénin-Beaumont, dans le bassin minier déshérité du nord, où elle est arrivée en tête avec 42%, loin devant le socialiste qu'elle affrontera dimanche au second tour et où elle a éliminé le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon.

Pour le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, "il y a un effet de marque. La réussite de Marine Le Pen, c'est d'être parvenue à prolonger l'effet présidententiel en faisant un bon score à une élection dont le mode de scrutin (majoritaire) est défavorable au FN".

Un mois après avoir offert au FN le score historique de 17,9% à la présidentielle, Marine Le Pen a conforté dimanche son parti comme la "troisième force politique de France", avec 13,6% aux législatives.

"Incontestablement, dit le chercheur à l'AFP, c'est un succès de la stratégie de dédiabolisation" entamée par Marine Le Pen, 43 ans, qui en moins de deux ans a lissé l'image du parti d'extrême droite, banni les jeux de mots antisémites de son père, sans rien changer au fond d'un positionnement toujours violemment anti-européen et anti-immigrés.

 

61 duels ou triangulaires

Face à la menace frontiste --le FN sera présent dans 61 duels ou triangulaires au second tour-- le Parti socialiste a clairement appelé lundi à faire battre l'extrême droite, proposant selon les cas le retrait de ses candidats (comme dans le Vaucluse pour barrer la route à Marion Maréchal-Le Pen) et appelant l'UMP à faire de même.

Refus de l'UMP qui a décidé lundi de ne pas choisir au second tour lors des 20 duels qui opposeront un candidat de gauche et un candidat du FN. "Pas question d'appeler à voter pour le Front national ni d'appeler à voter pour le candidat socialiste", a déclaré le chef de l'UMP, Jean-François Copé.

Plusieurs candidats de son parti sont même prêts à aller plus loin. Près de Marseille, un candidat UMP Roland Chassain, arrivé troisième derrière un socialiste et une candidate du FN s'est retiré afin de faciliter le succès du FN.

En Moselle (est), l'ancienne ministre proche de l'ex-président Nicolas Sarkozy, Nadine Morano, a franchement appelé "les électeurs du Front national qui partagent (ses) valeurs à se retrouver sur (sa) candidature".

Selon un sondage Ipsos, deux électeurs UMP sur trois sont favorables à un accord de désistement mutuel entre droite et FN pour faire battre la gauche au second tour.

"Il y a une certaine porosité à la base entre électeurs du FN et de l'UMP", relève Jean-Yves Camus, qui estime toutefois que s'il y a quelques "lézardes dans le cordon sanitaire", le front républicain contre le FN existe encore.

"Tant que la digue ne sera pas rompue, le FN qui représente environ 15% des électeurs en France ne participera à aucun gouvernement local ou national. Il lui reste à franchir l'étape des Pays-Bas ou de l'Autriche, où les partis d'extrême droite sont entrés au Parlement et ont parfois noué des alliances avec la droite au pouvoir", explique-t-il.

Pour que le FN franchisse cette étape, estime le chercheur, "il lui faut avoir des partenaires qui acceptent de partager en partie un programme de gouvernement".

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