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Sur France 2, Sarkozy regrette des erreurs et tente de lisser son image

Nicolas Sarkozy avec David Pujadas[LIONEL BONAVENTURE / AFP]

Largement distancé dans les sondages par François Hollande, Nicolas Sarkozy s'est efforcé mardi soir sur France 2 de minimiser son impopularité, a regretté quelques écarts et annoncé un impôt pour les grandes entreprises et un nouveau tour de vis sur l'immigration.

Invité de "Des paroles et des actes", le chef de l'Etat a d'emblée tenu à relativiser les sondages le donnant à la traîne au premier tour et battu à plate couture au second par son rival PS, à 47 jours du premier tour.

"Je ne les commente jamais, ni en hausse, ni en baisse", a-t-il dit, citant les précédents d'Edouard Balladur en 1995 et Lionel Jospin en 2002, donnés gagnants avant élimination au premier tour. "La France est un peuple libre, frondeur, qui déteste qu'on lui dise ce qu'il doit faire", a-t-il dit, "dans deux mois, on verra qui a eu raison, qui a eu tort".

Il a réfuté l'hostilité des Français à son endroit qui s'illustre par des taux d'impopularité record pour un chef de l'Etat de la Ve République. "C'est l'argument de la gauche, n'ayant pas beaucoup d'idées à proposer aux Français", a plaidé le président candidat.

Interrogé sur des écarts qui ont suscité la polémique tout au long de son mandat, Nicolas Sarkozy a concédé quelques erreurs.

Sur sa soirée controversée de victoire en 2007 au Fouquet's, il a confirmé qu'on ne l'y prendrait plus: "Cette fois-ci, j'ai une famille, une famille solide, et je sais où je pourrai la fêter cette victoire: avec ceux que j'aime, avec ma femme et mes enfants et peut-être avec quelques amis".

Il a aussi concédé qu'il n'aurait "pas dû" répondre par la "fameuse phrase" "Casse-toi pauv'con" à celui qui l'avait apostrophé lors du salon de l'agriculture en 2008. "J'ai fait une erreur", a-t-il convenu.

De même, il a confessé qu'il n'aurait "pas dû répondre" à un pêcheur qui l'avait insulté en 2007 au Guilvinec (Finistère). Comme il a avoué s'être "trompé" en ne voyant pas venir les critiques contre la tentative de son fils Jean de prendre la tête l'Etablissement public de la Défense (Epad) en 2009.

Interrogé sur ses liens avec certains PDG, Nicolas Sarkozy a renvoyé les socialistes à leurs propres amitiés patronales, comme Pierre Bergé, rappelé les fortunes personnelles de Laurent Fabius, qu'il devait affronter en débat plus tard dans l'émission, ou Dominique Strauss-Kahn.

Souvent moqué par la gauche comme le "président des riches", le candidat UMP a réfuté tout cadeau aux plus privilégiés. "C'est un mensonge éhonté", une "imposture", s'est-il emporté, "je suis le seul président en Europe qui a maintenu un impôt sur les grandes fortunes".

Il a rejeté son image de président qui "divise" et a répondu par sa volonté de réformer. "J'enrage parfois de voir (notre pays) corseté par des immobilismes, des conservatismes, des lâchetés, qui font que la France, au lieu de progresser, prend du retard".

Evoquant son programme économique, le président sortant a annoncé la création d'un nouvel "impôt sur les bénéfices minimum pour les grands groupes en France", déplorant que certains d'entre eux "maximisent les avantages fiscaux" et "ne paient pas du tout d'impôt".

Nicolas Sarkozy a aussi défendu sa volonté de baisser les charges pesant sur les plus petits revenus. "Si on n'allège pas les charges sur le travail, le travail sera délocalisé", a-t-il plaidé. Au titre de ses regrets, il a répété qu'il aurait "peut-être" dû imposer "avant" une TVA sociale, finalement votée ces derniers jours par le Parlement.

Malgré les critiques, y compris dans son propre camp, le candidat a également confirmé son cap à droite sur l'immigration, un thème cher à la candidate FN Marine Le Pen.

Dans la foulée de son discours de Bordeaux samedi, il annoncé qu'il voulait diviser par deux, autour de 100.000, le nombre d'immigrés accueillis en France chaque année et limiter le bénéfice du RSA et du minimum vieillesse aux étrangers présents depuis 10 ans en France et y travaillant depuis 5 ans.

Pêle-mêle, il a par ailleurs précisé souhaiter imposer une dose de proportionnelle aux législatives "pour 10 à 15%" des sièges et, s'il est réélu, promis de se rendre en Israël et chez les Palestiniens pour y lancer une "initiative" de paix au Proche-Orient.

Nicolas Sarkozy n'a pas manqué d'égratigner François Hollande. "Un homme intelligent, a-t-il dit, mais son problème, c'est que c'est un homme qui a du mal à dire non (...) il a tendance à dire oui à tout le monde".

Ces critiques ont donné le ton au débat sans concession qui l'a opposé à Laurent Fabius. A l'ex-Premier ministre PS qui lui reprochait des accusations "sans fondement" contre Hollande, le président sortant a rappelé ses propres propos peu amènes sur le candidat PS, comme lorsqu'il l'avait qualifié de "fraise des bois".

Sans surprise, M. Fabius lui a reproché le "boulet" de son bilan sur le pouvoir d'achat et le chômage à M. Sarkozy.

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