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Roman Polanski : le réalisateur jugé ce mardi à Paris en diffamation pour ses propos sur Charlotte Lewis

Roman Polanski ne devrait pas être présent à l'audience. [LOIC VENANCE / AFP]

Le cinéaste Roman Polanski, 90 ans, sera jugé ce mardi après-midi à Paris pour diffamation, après avoir qualifié de «mensonge odieux» les accusations d'agression sexuelle lancées contre lui par l'actrice britannique Charlotte Lewis.

L'audience sera la première en France liée aux accusations d'agressions sexuelles qui visent le cinéaste. Le réalisateur Roman Polanski sera jugé ce mardi dans un procès en diffamation. En 2019, il avait qualifié de «mensonge odieux» les accusations d'agression sexuelle de l'actrice Charlotte Lewis. Le réalisateur franco-polonais, qui habite à Paris, ne se présentera pas à l'audience devant la 17e chambre du tribunal correctionnel, ont fait savoir ses avocats qui le représenteront. Domiciliée au Royaume-Uni, Charlotte Lewis, 56 ans, sera elle présente.

En mai 2010, en plein festival de Cannes, Charlotte Lewis l'avait accusé de l'avoir «agressée sexuellement» lors d'un casting organisé chez lui à Paris en 1983, alors qu'elle avait 16 ans. L'actrice, qui a notamment joué sous sa direction dans «Pirates», sorti en 1986, n'avait pas porté plainte mais témoigné auprès de la police américaine.

Neuf ans plus tard, en décembre 2019, Roman Polanski avait qualifié ces accusations de «mensonge odieux», dans un entretien à Paris Match. «Voyez-vous, la première qualité d'un bon menteur c'est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever (ses) contradictions», avait déclaré le réalisateur. Roman Polanski évoquait alors des propos attribués à l'actrice dans un entretien publié vingt ans plus tôt, en 1999, par le tabloïd britannique News of the World. «Je voulais être sa maîtresse (...) Je le désirais probablement plus que lui ne le voulait», était-il écrit dans cet article. Une citation «pas exacte», avait dénoncé dès 2010 Charlotte Lewis.

Les avocats de Roman Polanski contestent toute diffamation dans les propos de leur client à Paris Match : «Roman Polanski a le droit de se défendre publiquement, au même titre que celle qui l'accuse», a déclaré à l'AFP Me Delphine Meillet, qui le défend avec Me Alain Jakubowicz. Ils ont fait citer comme témoin à l'audience l'auteur de l'article sur Charlotte Lewis dans News of the World, Stuart White.

«Salir, discréditer, diffamer ça fait partie intégrante du système Polanski, c'est ce que dénonce avec beaucoup de courage Charlotte Lewis», a affirmé à l'AFP l'avocat de cette dernière, Me Benjamin Chouai.

Nombreuses accusations

Ce procès en diffamation intervient alors que le monde du cinéma est secoué par l'affaire Judith Godrèche, qui a porté plainte pour viols sur mineure contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon.

Fin février, lors d'une cérémonie des César contrastant nettement avec l'édition 2020 qui avait couronné Polanski (un sacre qui avait provoqué le départ de la cérémonie de l'actrice Adèle Haenel), Judith Godrèche a dénoncé l'utilisation du cinéma comme «couverture pour un trafic illicite de jeunes filles».

Roman Polanski, qui a gagné trois Oscars et une Palme d'Or, a régulièrement été accusé d'agressions sexuelles et viols au fil de sa carrière ; des accusations pour des faits tous prescrits, qu'il a toujours contestés. 

La première accusation contre Roman Polanski remonte à 1977. Le réalisateur est accusé d'avoir drogué et violé Samantha Gailey, 13 ans à l'époque, à Los Angeles. Depuis cette date, et malgré de nombreuses procédures, il fait toujours l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par les États-Unis, qui lui a valu plusieurs menaces d’extradition.

Le réalisateur est notamment visé par quatre accusations d'agressions sexuelles ou de viol. «Depuis des années, on essaie de faire de moi un monstre», avait-il déclaré dans Paris Match. Une femme l'a accusé en août 2017 d'agression sexuelle lorsqu'elle avait 16 ans, en 1973. En septembre 2017, Renate Langer, une ancienne actrice, a déposé une nouvelle plainte pour viol, affirmant avoir été agressée en 1972 en Suisse alors qu'elle avait 15 ans. Toujours en 2017, une artiste américaine, Marianne Barnard, a elle aussi accusé le réalisateur de l'avoir agressée en 1975, alors qu'elle avait 10 ans. En novembre 2019, une Française, Valentine Monnier, l'a également accusé de l'avoir violée en 1975 alors qu'elle avait 18 ans.

Les accusations de toutes ces femmes sont «sans fondement», déclarait en 2017 l'avocat du cinéaste, Me Hervé Temime, décédé en avril 2023.

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