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Berdymoukhamedov, l'orgueilleux président du Turkménistan

Gourbangouly Berdymoukhamedov, le président réélu dimanche au Turkménistan, l'un des pays les plus reclus et répressifs au monde, n'a pas peur du paradoxe: il se pose en réformateur tout en imposant un culte de sa personnalité et en monopolisant le pouvoir.[AFP/Archives]

Gourbangouly Berdymoukhamedov, le président réélu dimanche au Turkménistan, l'un des pays les plus reclus et répressifs au monde, n'a pas peur du paradoxe: il se pose en réformateur tout en imposant un culte de sa personnalité et en monopolisant le pouvoir.

Lorsqu'il accède au pouvoir en décembre 2006 après le décès du président à vie Saparmourat Niazov, dit Turkmenbachi (Chef de tous les Turkmènes), ce dentiste de formation qui avait été nommé vice-Premier ministre en charge de la Santé affirme vouloir démocratiser son pays et le sortir de l'isolement.

Mais si M. Berdymoukhamedov démantèle les aspects les plus étranges du culte imposée par son prédécesseur --supprimant notamment le calendrier qui glorifiait la famille Niazov et autorisant le cinéma, l'opéra et le théâtre-- les réformes politiques n'ont été engagées qu'en surface.

Elu en février 2007 avec 89% des voix, il a été reconduit dimanche avec quelque 97% des suffrages.

Et s'il a officiellement supprimé le système du parti unique et appelé les opposants exilés à revenir, aucun mouvement d'opposition n'a pour autant été autorisé. Il est par ailleurs chef du gouvernement, général d'armée, chef du seul parti du pays, le parti démocratique, et depuis octobre 2011 "Héros du Turkménistan".

Les circonstances de son accession au pouvoir, à la mort de Niazov, n'ont par ailleurs jamais été éclaircies. En effet, M. Berdymoukhamedov a profité de l'arrestation du président du Parlement, Ovezgeldy Ataïev, qui, selon la Constitution, aurait dû assurer l'intérim à la présidence.

Depuis, le visage de cette homme au visage large et souriant domine les rues et routes du pays, observe les passagers des avions de la compagnie aérienne d'Etat et ses livres de médecine ou sur les chevaux sont des best-sellers.

Mercredi, à trois jours de la présidentielle, le journal officiel du pays annonçait qu'une unité militaire et un musée seraient consacrés au père du chef de l'Etat pour le remercier d'avoir élevé un fils "infiniment fidèle à son peuple"

Et comme son prédécesseur, grâce aux revenus issus des énormes réserves de gaz du pays, Gourbangouly Berdymoukhamedov fait bâtir les uns après les autres des palais, des ministères et des hôtels luxueux en marbre blanc.

Selon les câbles diplomatiques américains révélés en 2010 par le site Wikileaks, la bonhomie affichée par M. Berdymoukhamedov sur ses portraits est trompeuse. "Berdymoukhamedov est vaniteux, méfiant, réservé, strict, très conservateur, menteur invétéré et +bon acteur+", estime une note datée de janvier 2010.

L'ambassade américaine illustre cette description peu flatteuse par des exemples: un automobiliste aurait ainsi été condamné à 25 ans de prison pour tentative de meurtre pour être passé à une intersection quelques minutes avant le passage du cortège présidentiel. "Berdymoukhamedov n'aime pas les gens qui sont plus habiles que lui", lit-on encore dans la description américaine du dirigeant turkmène.

M. Berdymoukhamedov a fait ses premiers pas dans les arcanes du pouvoir à la tête du département dentaire du ministère de la Santé, dont il prendra finalement la direction en 1997. Il a su échapper aux multiples purges orchestrées par son prédécesseur.

En 2001, il est nommé vice-Premier ministre et organise en 2004 une réforme controversée: la suppression des hôpitaux de campagne et quelque 15.000 emplois médicaux pour faire "des économies budgétaires", remplaçant les professionnels de la santé par des conscrits de l'armée. Sa présence au gouvernement pendant dix ans, une longévité exceptionnelle, et sa ressemblance physique avec son prédécesseur lui ont valu à l'époque le surnom "d'ombre" de Niazov et ont alimenté les rumeurs sur une possible filiation.

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