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Espionnage : tout savoir sur le Guoanbu, la CIA chinoise

Le régime de Xi Jinping renforce la surveillance sur sa diaspora grâce à sa collecte de données. [© Florence Lo/REUTERS]

Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, la Chine s'enorgueillit d'un service de renseignements parmi les plus puissants du monde. Le redoutable ministère de la Sécurité de l'Etat (MSE ou Guoanbu en chinois) joue un rôle majeur pour que Pékin devienne la première puissance mondiale.

Depuis quelques semaines, le Ministère de la sécurité de l'Etat (MSE) chinois, autrement dit le Guoanbu, occupe le devant de la scène.

Selon les informations issues d'un article du Monde publié en décembre dernier, le vaste service, créé en 1983 par Deng Xiaoping et longtemps minimisé par les services de renseignement occidentaux, regrouperait 200.000 employés, structuré en 18 unités.

Chargée de superviser des officiers sous couverture, de contre-espionnage ou encore de surveillance des étudiants chinois à l'étranger, l'agence de renseignements, considérée comme la plus active et la plus puissante du monde, ne cesse de déployer sa toile dans le monde entier, scrutant de près l'opinion publique.

Recrutement via LinkedIN et la diaspora chinoise 

L'objectif ? Faire de la Chine la première puissance mondiale d'ici à 2049, selon les ambitions du Parti communiste chinois (PCC). Et ce, grâce aux «chen diyu», poissons d’eau profonde, implantés aux quatre coins de la Chine et du monde. Le Guoanbu, méfiant à l'égard des autonomistes tibétains et des activistes ouïghours du Xinjiang (ouest), ratisse large, entre renseignements industriels, politiques et technologiques.

Les affaires entourant les agissements du MSE font régulièrement irruption dans la presse. Accusés d'espionnage par Pékin, les Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig avaient été emprisonnés pendant trois ans (entre 2018 et 2021), suite à l'arrestation par la police canadienne de Meng Wangzhou, directrice financière de Huawei, à Vancouver.

Outre leurs agents «maison», le Guoanbu agit par l'intermédiaire de contacts étrangers - surtout occidentaux. En effet, le MSE ne déploie que très rarement ses officiers sur le terrain et préfère travailler à distance, via les réseaux sociaux professionnels du type LinkedIn ou des membres de la diaspora chinoise. 

Agents de la CIA et de la DGSE

En janvier dernier, encore, Le Monde publiait un rapport sur l'ancien député belge d'extrême droite Frank Creyelman, accusé d'avoir fourni des renseignements à un agent chinois, Daniel Woo. Durant plusieurs années, les deux hommes échangent des centaines de messages rédigés en anglais - le premier faisant bénéficier au second de son large réseau dans les institutions européennes en échange de rémunération en cryptomonnaie.

Cette affaire, largement médiatisée, n'est qu'un exemple des méthodes de recrutement de Guoanbu, qui s'enquiert de sources potentielles pour diffuser des éléments de langage prochinois. Depuis 2000, des agents de la Central Intelligence Agency (CIA), service de renseignement américain, et de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), service français, auraient été dragués par le MSE.

En 2020, deux ex-agents secrets français, dont Henri Magnac, chef de la DGSE en Chine dans les années 1990, ont été accusés d'espionnage au bénéfice de Pékin pour «livraison d'information à une puissance étrangère» en échange de liasses de billets - les deux hommes ont empoché quelque 360.000 euros.

Signe de l'importance prise par l'agence, le documentaire «Chine, opérations secrètes»réalisé par Nolwenn Le Fustec et Antoine Izambard, diffusé sur France 5 dimanche soir, met en lumière les méthodes de Guoanbu, travaillant dans l'ombre et de concert avec l'appareil d'Etat chinois.

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