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Pourquoi la Grande-Bretagne relance-t-elle ses exercices nucléaires en mer ?

La Royal Navy a échoué au lancement d'un missile Strident le 30 janvier, pour la deuxième fois consécutive, au large de la Floride (image d'illustration). [© David Moir/Reuters]

L’armée britannique est sous le choc après les révélations, par le tabloïd The Sun, de l’échec du lancement d’un missile à ogive nucléaire non-armé, fin janvier. De quoi s'interroger sur la relance par la Royal Navy de ces essais.

L’armée britannique sera-t-elle capable de mener une guerre nucléaire si un tel conflit se déclenche dans les prochaines années ?

La question est sur toutes les lèvres après les révélations inquiétantes du tabloïd The Sun sur l’échec d’un lancement de missile nucléaire non-armé par la Royal Navy, le 30 janvier, au cours d'un exercice au large de la Floride.

Le missile était un Trident 2, tiré par le sous-marin nucléaire HMS Vanguard. Au lieu d’être propulsé dans l’air comme prévu, le missile de quinze tonnes a opéré un plongeon à quelques mètres du sous-marin, sans toutefois le toucher. Les propulseurs du missile ne se seraient pas mis en route correctement.

L’échec de l’exercice est d’autant plus embarrassant que le ministre de la Défense, Grant Shapps et le chef d’État-major de la marine, l’amiral Sir Ben Key, étaient à bord du sous-marin.

Mais pourquoi la marine britannique a-t-elle relancé de tels exercices ?

Se préparer à une future guerre nucléaire

La reprise des lancements de missiles nucléaires par la marine britannique peut s’expliquer notamment par la volonté de préparer l’éventualité d’un conflit nucléaire.

«La menace d’une guerre nucléaire déclenchée par la Russie n’a jamais été aussi élevée. L’armée britannique, tout comme ses alliés de l’OTAN, se prépare donc à faire face à toutes les éventualités», analyse Neil Kent, professeur de géopolitique à l’université de Cambridge.

Le tir de missile par le HMS Vanguard a eu lieu dans le cadre de la «Demonstration et Shakedown Operation (DASO)», qui se traduit par «Opération de démonstration et d’essai».

Il s’agit d’une opération de routine, dont l’objectif est de tester les missiles Trident 2, tirés par les sous-marins nucléaires britanniques, tout juste sortis de leur période de maintenance.

Contacté par CNEWS, le service de communication de la Royal Navy assure que les tests du sous-marin HMS Vanguard et de son équipage étaient tous positifs et prêts à rejoindre le cycle opérationnel.

Dans un communiqué adressé à la presse, la Royal Navy a aussi souhaité se montrer rassurante, réaffirmant «sa confiance dans sa capacité de dissuasion nucléaire», dont la Royal Navy est en charge.

Elle a aussi précisé que le test en question «avait réaffirmé l’efficacité de la capacité de dissuasion nucléaire du Royaume-Uni», et que si le tir avait eu lieu au cours d'une opération officielle, il aurait fonctionné.

Malgré ces affirmations de la marine britannique, l’échec du lancement du missile pose de sérieuses questions sur la capacité de la marine britannique à se servir correctement de ses armements nucléaires. D'ailleurs, en novembre 2023, un sous-marin de la catégorie Vanguard avait déjà été signalé pour des «dysfonctionnements» par la Royal Navy.

«Nous avons d’excellents militaires et d’excellents ingénieurs. En revanche, les budgets de l’armée ne cessent de diminuer d'année en année. Le gouvernement cherche en fait à faire des démonstrations de force, mais sans en avoir les moyens», regrette le professeur Neil Kent.

Plus tôt dans le mois, Grant Shapps a en effet confirmé sa volonté de ramener le nombre d’hommes dans l’armée britannique à moins de 73.000, ce qui représenterait son plus bas niveau depuis l’époque napoléonienne.

Le deuxième échec en huit ans

L’exercice au large de la Floride est le deuxième de cette nature en huit ans, après un premier exercice infructueux en juin 2016.

Il était prévu que le missile Trident parcoure 5.950 kilomètres et plonge au large de l’Atlantique, dans une large zone située entre le Brésil et l’Afrique de l’Ouest. Le Trident peut en principe parcourir jusqu'à 12.070 kilomètres.

En 2016, lors du premier exercice échoué, les députés avaient accusé le gouvernement de Theresa May d’avoir volontairement caché l’échec, pour ne pas perturber un vote important de la Chambre des communes sur les capacités nucléaires britanniques.

La Grande-Bretagne a tiré douze missiles Trident 2 depuis leur entrée en service en 1994. Tous les tirs ont réussi à l’exception des deux derniers.

Les sous-marins nucléaires britanniques Vanguard devraient être remplacés courant 2030 par leurs successeurs, les Dreadnought. Le coût du programme s’éleve à 36.22 milliards d’euros, selon le ministère de la Défense britannique.

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