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Anders Breivik perd son procès contre l’État norvégien sur ses conditions de détention

Le tribunal d’Oslo (Norvège) a tranché ce jeudi en défaveur d’Anders Behring Breivik dans le procès opposant ce dernier à l’État norvégien sur ses conditions de détention. [Cornelius Poppe/NTB/via REUTERS]

Anders Behring Breivik a perdu ce jeudi 15 février son procès l’opposant à l’État norvégien sur ses conditions de détention qu’il jugeait «inhumaines». Il avait été condamné en 2012 à une peine de 21 ans de prison, extensible indéfiniment, pour une tuerie de masse ayant fait 77 victimes en 2011 en Norvège.

Une décision de justice qui devrait ravir bon nombre d’observateurs. Le tribunal d’Oslo (Norvège) a tranché ce jeudi en défaveur d’Anders Behring Breivik dans le procès opposant ce dernier à l’État norvégien sur ses conditions de détention. L’avocat de l’homme de 44 ans a annoncé, avant le jugement, qu'il ferait appel en cas de revers en première instance.

«Breivik bénéficie de bonnes conditions matérielles de détention et d'une relativement grande liberté au quotidien. Il paraît peu réaliste d'envisager des changements majeurs car il est peu probable que l'on assiste à des changements significatifs dans le tableau des risques à court terme», a estimé la juge du tribunal d'Oslo, Birgitte Kolrud, dans son jugement.

Pour rappel, il avait été condamné en 2012 à une peine de 21 ans de prison, extensible indéfiniment, pour la tuerie de masse ayant fait 69 victimes sur l’île d’Utoya en Norvège et pour les meurtres de 8 autres personnes via une bombe déposée dans la capitale du pays, à Oslo. Anders Behring Breivik a été transféré en mars 2022 dans un quartier de haute sécurité de la prison de Ringerike, où il est détenu seul, à l’écart des autres détenus.

Estimant que ses conditions de détention violent deux articles de la Convention européenne des droits de l’Homme, l’un interdisant les peines «inhumaines» ou «dégradantes» et l'autre sur le respect du droit à la correspondance, il a décidé de porter plainte contre l’État norvégien. Lors de son procès, qui a débuté le 8 janvier dernier, il a assuré que le gouvernement de son pays cherchait à le «pousser au suicide». 

Lors du procès organisé en janvier dernier, l’Etat avait justifié le régime carcéral strict le concernant par sa dangérosité, assurant  qu'il présentait toujours «un risque absolument extrême de violence totalement débridée».

Des expertises médicales rejettent l’aspect suicidaire défendu par Breivik

Deux expertes sur la santé mentale, interrogées lors du procès de Breivik, ont affirmé que ce dernier n’était ni gravement déprimé, ni suicidaire, contrairement à ce qu’il assurait lors de son audition. 

Le détenu de 44 ans a affirmé que son isolement conduisait à aggraver son état dépressif. «Je préfère être tué aujourd'hui que vivre une semaine de plus dans ce régime», a expliqué Breivik en pleurs lors de son procès.

«Je ne pense pas qu'il soit sérieusement déprimé à cause de ses conditions de détention», a témoigné Janne Gudim Hermansen, une psychiatre qui s'est entretenue à 21 reprises avec lui depuis début 2022. Cette dernière a aussi remis en doute l’authenticité des larmes versées par l’accusé, estimant que cette attitude «était instrumentalisée pour obtenir quelque chose».

Inni Rein, une autre psychologue, a rappelé les troubles de la personnalité diagnostiqués chez Breivik (narcissique, antisocial et histrionique). Elle a ajouté qu’il était «fortement soupçonné» d'être atteint d'Asperger, même si le détenu a refusé de se faire examiner en ce sens. 

Les procédures détaillées remises en janvier dernier ont fait état de trois tentatives de suicide réalisées par Anders Behring Breivik en 2018. Inni Rein a également douté sur ce point en s’appuyant sur des rapports, démontrant que le condamné aurait reconnu que ces tentatives étaient un moyen de satisfaire ses exigences. 

Des conditions de détention luxueuses

Anders Behring Breivik a pourtant bénéficié de conditions de détention luxueuses avec trois pièces individuelles mises à disposition, dont une cellule de vie, une salle d'études et une cellule de gym qu'il partage en heures décalées avec un autre détenu. Il a également pu profiter d'une cuisine, d'un salon TV avec console de jeu, d'une salle à manger et d'une pièce pour les visites.  

Si le décor est dépouillé, les pièces sont bien équipées avec plusieurs appareils de musculation dans la cellule de gym ainsi qu'un grand écran plat, plusieurs fauteuils pour jouer à la Xbox avec des gardiens et des posters de la tour Eiffel dans la salle TV.

Son isolement n'est que relatif: outre ses contacts avec les gardiens avec qui il peut jouer aux cartes, cuisiner ou déjeuner, Breivik est autorisé à voir régulièrement un pasteur, un physiothérapeute, un psychiatre ou encore une visiteuse de la Croix Rouge avec un chien qu'il peut caresser.

En plus d'activités variées (basketball, promenades, bibliothèque...), les autorités lui ont confié trois perruches pour combler son souhait d'avoir un animal de compagnie.

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