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Le pape François craint l’émergence d’un «véritable conflit mondial»

Le souverain pontife a énuméré les défis auxquels doit faire face la communauté internationale en 2024. [©Vatican Media/REUTERS]

Une «troisième Guerre Mondiale par morceaux» pourrait favoriser l'émergence «d'un véritable conflit mondial». Le traditionnel discours du pape François au corps diplomatique présent au Vatican, ce lundi 8 janvier, a traduit l'inquiétude du souverain pontife sur l'état du monde.

L’actuelle prolifération des conflits dans le monde transforme «la "troisième guerre mondiale par morceaux" en véritable conflit mondial», a déclaré le pape François ce lundi au Vatican. Dans son adresse au corps diplomatique pour la nouvelle année, le souverain pontife a énuméré les défis auxquels doit faire face la communauté internationale en 2024, évoquant notamment les conflits à Gaza et en Ukraine et les crises écologiques et migratoires.

François a aussi mis en garde contre les «colonisations idéologiques», critiquant la théorie du genre et demandant l’interdiction de la gestation pour autrui.

Le pontife s’est adressé aux représentants des 184 États qui entretiennent des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, rassemblés dans la Salle des Bénédictions. Le pontife s’est notamment inquiété de la prolifération des conflits, et du fait que ces affrontements frappent désormais «aveuglément la population civile», citant comme «preuve évidente» Gaza et l’Ukraine.

«Les victimes civiles ne sont pas des "dommages collatéraux"», a-t-il insisté, demandant que les crimes de guerre soient non seulement dénoncés, mais aussi prévenus. Le pape François a ensuite déploré le rôle joué dans ces conflits par «l’immense disponibilité des armes», affirmant que ces dernières, dans un cercle vicieux, «créent la méfiance et détournent les ressources».

Critiquant la possession d’arsenaux nucléaires et «d’engins de plus en plus sophistiqués et destructeurs», il a plaidé pour une «politique de désarmement» et écarté la logique de la dissuasion, décrivant cette dernière comme «illusoire». Il a notamment demandé la reprise des négociations sur l’Accord sur le nucléaire iranien.

L’évêque de Rome a invité à réorienter les ressources des armes vers les autres crises actuelles : alimentaire, environnementale, économique et sanitaire, et proposé une nouvelle fois la création d’un Fonds mondial pour éradiquer la faim et promouvoir un développement durable.

Il a condamné les « gaspillages alimentaires énormes » et l’exploitation des ressources naturelles par un «petit nombre» qui laisse dans la misère et la pauvreté «des populations entières».

Un statut spécial pour jérusalem

Le pape argentin a ensuite fait la liste des conflits en cours et a commencé par exprimer une nouvelle fois son «inquiétude» concernant le conflit actuel en Terre sainte. Il a rappelé la «condamnation» par le Saint-Siège de l’attaque terroriste du 7 octobre et du terrorisme en général, mais a aussi souligné les conséquences de la «forte réponse militaire israélienne», qui a entrainé des «souffrances inimaginables» et tué des dizaines de milliers de civils, notamment des enfants. Le pontife a aussi décrit «l’augmentation des actes antisémites» dans le monde comme étant «préoccupante», et a invité à «éradiquer» ce fléau.

Le chef de l’Église catholique a plaidé pour un «cessez-le-feu sur tous les fronts» y compris à la frontière libanaise, pour la «libération immédiate de tous les otages», pour l’envoi d’une aide humanitaire à Gaza et pour la protection des écoles, hôpitaux et lieux de culte.

Il a défendu une nouvelle fois la «solution à deux États, l’un israélien et l’autre palestinien» avec un statut spécial international pour Jérusalem.

Ukraine, Caucase et Afrique

Le pape a regretté l’enracinement de la «guerre à grande échelle menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine». Ce conflit «ne peut être autorisé à se poursuivre», a martelé le pape, enjoignant les acteurs internationaux à la «négociation». Après quoi, l’évêque de Rome s’est tourné vers le conflit qui oppose l’Azerbaïdjan et l’Arménie, exhortant les parties à la signature d’un Traité de paix pour faire face à la «situation humanitaire dramatique» qui frappe les habitants de cette région.

Il a plaidé pour le «retour des personnes déplacées dans leurs foyers en toute légalité» et le respect des lieux de cultes. Le pontife a ensuite évoqué les nouvelles crises humanitaires et politiques qui frappent l’Afrique, citant le Soudan, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo, le Mozambique ou encore le Cameroun.

Il a aussi demandé la mise en œuvre de l’Accord de Pretoria de 2022 afin de résoudre le conflit qui déchire la région du Tigré en Éthiopie depuis une dizaine d’années. Continuant son «tableau» de la situation internationale, le pape François a une nouvelle fois alerté sur la situation au Myanmar, et particulièrement celle concernant la minorité rohingya. Il a par ailleurs souligné les tensions frontalières qui opposent ces derniers mois le Venezuela et la Guyana et l’instabilité démocratique au Pérou. Il a enfin décrit la situation au Nicaragua, où l’Église catholique est en conflit ouvert contre le gouvernement, comme étant «très préoccupante», et souligné les «conséquences douloureuses» qu’elle a sur les catholiques. Alors que le gouvernement nicaraguayen a récemment renvoyé le nonce apostolique, le pape a demandé l’ouverture d’un «dialogue diplomatique respectueux». 

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