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Serbie : des élections législatives ponctuées par diverses fraudes

Une femme se prépare à voter dans un bureau de vote lors des élections législatives à Belgrade, Serbie, le 17 décembre 2023. [REUTERS/Djordje Kojadinovic]

Lors des élections législatives qui se sont déroulées dimanche 17 décembre, des «achats de voix» et des «bourrages d'urnes» ont été observés. Alors que le camp présidentiel est sorti vainqueur du scrutin, l'opposition a dénoncé des fraudes, réclamant un nouveau vote à Belgrade.

Un vote ponctué de couacs. Le scrutin s'est globalement «déroulé sans problème, mais il a été marqué par des cas isolés de violence, des irrégularités de procédure et de fréquentes allégations d'organisation et de transport d'électeurs pour soutenir le parti au pouvoir lors des élections locales», ont déclaré les observateurs internationaux lors d'une conférence de presse lundi 18 décembre.

«D'autres cas d'irrégularités graves, notamment des achats de voix et des bourrages d'urnes», ont été observés.  Les observateurs - envoyés par l'OSCE, le Parlement européen et le Conseil de l'Europe ont aussi souligné que ces élections, bien que techniquement «bien organisées» et offrant «un choix aux électeurs» ont été dominées par «l'implication décisive du président», Aleksandar Vucic, offrant à son parti, le SNS (droite nationaliste) «un avantage indu».

Le SNS avait remporté 120 sièges en avril 2022

Selon les premiers résultats, le SNS a remporté 127 sièges sur les 250 que compte le Parlement. «Mon travail était de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous obteniez la majorité absolue au parlement», a déclaré Aleksandar Vucic dimanche soir - et «nous aurons la majorité absolue», a-t-il promis. Lors des précédentes élections, en avril 2022, le SNS avait remporté 120 sièges.

Pour ses partisans, les années au pouvoir de Vucic ont amené des milliards d'investissements dans un pays autrefois chaotique. Entre 2012 et 2022, les investissements directs étrangers en Serbie sont passés de 1 à 4,4 milliards d'euros.

Sa réussite à maintenir habilement des liens entre l'Est et l'Ouest sont aussi appréciés. Le président serbe est passé maître dans l'art de naviguer entre son «grand frère russe» et l'Union européenne, à laquelle la Serbie est candidate à l'entrée depuis de longues années. Le Kremlin s'est d'ailleurs «félicité» de la victoire du camp d'Aleksandar Vucic.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a également salué «le président Vucic et les membres de sa liste pour leur écrasante victoire».

Et Belgrade ?

Le SNS a aussi revendiqué la majorité dans la capitale, avec 38,5% des voix, soit 23.000 de plus que l'opposition.

«Nous invitons les citoyens de Belgrade à manifester contre le vol électoral», a déclaré l'opposition unie sous la bannière «La Serbie contre la violence» dès lundi matin, avant de demander l'annulation du scrutin dans la capitale, évoquant des irrégularités. Un appel à manifester a été lancé.

Née des manifestations monstres qui ont secoué le pays dès mai, après la mort de 19 personnes dans deux fusillades  - dont une dans une école primaire - la coalition d'opposition n'a eu de cesse de dénoncer une campagne biaisée, entachée selon elle de fraudes.

Selon leur communiqué, «plus de 40.000 personnes» ont voté dans la capitale sans en être résidents, transportés par bus depuis la Republika Srpska, l'entité serbe en Bosnie voisine.

«Tout ce que nous avons vu n'est pas vraiment démocratique», estime Aleksandra Tomanic, du Fond européen pour les Balkans. Et de poursuivre : «C'est évidemment une fraude pour ne pas perdre la ville - toute la diaspora a le droit de participer aux élections législatives, mais pas aux élections locales».

«La vraie grande question est de savoir ce qui va se passer ce soir et dans les jours à venir, comment la communauté internationale va réagir», a-t-elle ajouté. Des accusations balayées par le parti.  

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