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50 ans du premier choc pétrolier : peut-il se reproduire aujourd'hui ?

L’inquiétude est renforcée par la volonté de l'Arabie Saoudite et de la Russie de baisser leur production pétrolière. ©G.FUENTES/REUTERS

Les cours du pétrole se sont envolés de plus de 4% en début de semaine dernière après l'offensive du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier. Ce regain de violence dans la région suscite des inquiétudes en matière d'approvisionnement de pétrole. Certains pays redoutent un nouveau choc pétrolier qui avait commencé en octobre 1973, il y a 50 ans.

Le Moyen-Orient est une région clé de la production pétrolière. La crainte d’un embrasement généralisé de la zone après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier est grande, cristallisant l'attention des pays dépendant du pétrole.

En octobre 1973, à la suite de la guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes, les pays pétroliers avaient décidé de réduire leur production afin de sanctionner les alliés de l'Etat hébreu. Conséquence : les prix ont drastiquement augmenté. 50 ans après, le rapprochement avec le conflit actuel est inévitable. Néanmoins, la probabilité pour qu’un scénario comme celui-ci se reproduise est assez faible.

«Il n'y a pas de nouvelle flambée» des prix du pétrole, a indiqué Julien Pouget, chef du département de la conjoncture. «On n'est pas à ce stade dans une situation analogue à la guerre du Kippour qui avait provoqué le premier choc pétrolier il y a 50 ans, mais néanmoins c'est un sujet de vigilance pour nos économies», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Aucun intérêt pour l’Arabie Saoudite

Les pays principaux producteurs ne sont pas directement touchés par le conflit. Il y a 50 ans, l’Arabie Saoudite, qui fournissait à elle seule 21% de la production mondiale de brut, avait imposé un embargo de ses exportations vers les États-Unis notamment.

Ces derniers mois, aidés par la Maison Blanche, Israël et le royaume du Golfe ont échangé afin de tendre à une pacification de leurs relations. Le mois dernier, le dirigeant saoudien, Mohammed ben Salmane (MBS), avait même fait état de progrès dans les discussions. Des discussions qui ont toutefois été suspendues après l'escalade de la violence entre Israël et le Hamas.

Ces échanges s’inscrivent dans la démarche de normalisation des relations de l’Arabie Saoudite avec l’Occident. Le pays souhaite adoucir son image, afin de notamment attirer de nouveaux investisseurs. Du côté de MBS, il ne semble y avoir aucun intérêt à provoquer une flamblée des prix.

L’inquiétude est tout de même présente depuis l'annonce de la volonté du royaume du Golfe et de la Russie de baisser leur production pétrolière jusqu'à la fin de l'année. 

Le rôle de l’Iran

L’Iran, qui joue un rôle controversé dans le conflit israélo-palestinien, s’est engouffré dans la brèche, profitant des besoins de l’économie mondiale pour compenser les manques. Il a été l'un des premiers pays à apporter son soutien à l'attaque surprise et massive lancée le 7 octobre dernier par le Hamas.

Néanmoins, ce lundi, Téhéran, qui ne reconnaît pas Israël, a rejeté les accusations liées à son rôle dans le conflit : le pays n'intervient pas «dans les prises de décisions d'autres nations, y compris la Palestine», a assuré le porte-parole de la diplomatie iranienne, qui craint certainement de se voir à nouveau sanctionner, ce qui plongerait le pays dans une profonde crise économique.

Un contexte tendu

Pourtant, le régime des Mollahs aurait moyen de faire pression sur l'Occident en bloquant le détroit d’Ormuz, là où environ 20% de la production pétrolière passe. Mais les Etats-Unis ont envoyé un message très clair à tout Etat ou entité qui chercherait à tirer profit du contexte tendu.

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a annoncé ce samedi l'envoi d'un second porte-avions en Méditerranée orientale, afin de «dissuader les actions hostiles contre Israël ou tout effort visant à élargir cette guerre».

De leur côté, les experts privilégient des prix élevés à la pompe sans envolée dévastatrice, comme ce fut le cas il y a 50 ans, et préviennent d'une autre problématique pour l'Europe : sa grande dépendance gazière. 

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