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États-Unis : l’aide militaire pour l’Ukraine est-elle en péril ?

Joe Biden a affirmé réfléchir à des moyens de contourner les conflits au Congrès pour continuer à aider l'Ukraine Joe Biden a affirmé réfléchir à des moyens de contourner les conflits au Congrès pour continuer à aider l'Ukraine [REUTERS/Kevin Lamarque/File Photo]

Alors que la Chambre des Représentants américaine est en plein chaos, après la destitution de son président, Joe Biden s’inquiète que cette bataille au Congrès ne mette en péril l’aide militaire que les États-Unis apportent à l’Ukraine.

La confusion au Congrès américain pourrait avoir des conséquences qui dépassent largement les frontières des États-Unis. Le président Joe Biden a exprimé ce mercredi ses inquiétudes quant à l’avenir de l’aide militaire envoyée à l'Ukraine.  

Mercredi soir, le président a promis de donner prochainement un «discours majeur» sur «l’extrême» importance du soutien militaire et financier américain pour Kiev. En juillet dernier, Joe Biden avait demandé au Congrès d’approuver une nouvelle enveloppe de 24 milliards de dollars supplémentaires (environ 22 milliards d'euros) pour l’Ukraine, espérant voir cette somme validée dans le projet du budget pour l’année 2024. 

C’est bien là tout le nœud du problème : la Chambre des Représentants, la chambre basse du Congrès américain, est en plein chaos depuis samedi. En effet, les députés ont validé samedi dernier un projet de finances temporaires, puis éviter le «shutdown» (l’arrêt de tous les paiements de l’État fédéral, ndlr), qui ne comprenait pas l’aide militaire et financière pour l'Ukraine. 

le 17 novembre, date limite 

Une poignée de députés Républicains très conservateurs, proches de Donald Trump, ont refusé d’approuver un quelconque accord sur le budget qui comprendrait une enveloppe pour Kiev, préférant réserver cet argent à la sécurité de la frontière avec le Mexique. Leur opposition a mené à la destitution du «speaker» de la Chambre, Kevin McCarthy, accusé par les dissidents républicains d’avoir conclu un accord secret avec Joe Biden sur l’aide pour l’Ukraine. 

La Chambre des Représentants a jusqu’au 17 novembre pour élire un nouveau président et pour approuver un accord définitif sur le budget, au risque de provoquer le shutdown qui mettrait les fonctionnaires fédéraux au chômage et nuirait à l’économie américaine. 

«Je sais qu'une majorité de membres de la Chambre des représentants et du Sénat, dans les deux partis, ont déclaré qu'ils étaient favorables à l'octroi d'une aide financière à l'Ukraine», a déclaré Joe Biden mercredi. «Il est extrêmement important pour les États-Unis et nos alliés que nous tenions nos promesses», a dit le président américain, conscient du risque de lassitude, non seulement au Congrès, mais aussi dans l'opinion publique américaine. 

Contourner le congrès ? 

Selon CNN, Joe Biden a laissé entendre que l’administration cherchait des solutions de contournement pour continuer à fournir une aide à l’Ukraine, dans le cas où le Congrès n’arrive pas à se mettre d’accord. «Il y a d'autres moyens par lesquels nous pourrions trouver un financement», a souligné Joe Biden à la presse américaine, sans toutefois préciser à quels moyens il faisait référence. 

Des moyens qu’il sera peut-être nécessaire d’employer si le Congrès américain ne se met pas rapidement d’accord sur la loi sur le budget. Selon Max Bergmann, en charge de l’Europe et de la Russie au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington, «le chaos qui règne au Parlement laisse l'Ukraine dans une dangereuse impasse. Soyons clairs, si le Congrès américain n'adopte pas un projet de loi de financement, l'Ukraine sera en grande difficulté. Beaucoup d'Ukrainiens mourront et leur capacité à continuer à se battre sera gravement compromise», a-t-il déclaré dans une interview à CNN

Les autres alliés de l'Ukraine inquiets 

Le Kiel Institute for the World Economy, un institut allemand qui recense les aides versées à l'Ukraine, a estimé que les États-Unis ont déjà consacré environ 75 milliards de dollars pour l'Ukraine, dont plus de 42 milliards en assistance militaire, par le biais de livraisons d’armes et d’équipement. Cela fait des États-Unis le premier contributeur mondial du pays en valeur absolue, et donc son principal allié. 

Face à ces incertitudes sur la prolongation du soutien américain, les autres alliés de l’Ukraine formulent eux-aussi des inquiétudes. Ce jeudi, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a indiqué que l’Europe ne pouvait pas «remplacer les États-Unis», lors de son arrivée au sommet de la Communauté politique européenne en Espagne. Il a toutefois rappelé que l’Union européenne travaillait sur la création d’un fonds de 20 milliards d’euros sur quatre ans pour continuer à soutenir l’Ukraine. 

Mardi, le président Joe Biden s’était entretenu avec différents partenaires européens pour les rassurer, notamment le chancelier allemand Olaf Scholz. «Je suis totalement convaincu que le Congrès américain fera le nécessaire pour que l'Ukraine soit soutenue», a déclaré ce dernier ce mercredi. 

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