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Gabon : qui est le général putschiste Brice Oligui Nguema, le nouveau président de transition ?

En cinq jours, ce chef de la garde prétorienne de l'ex-président Ali Bongo Ondimba, s'est lancé dans un véritable marathon ultramédiatisé. [AFP]

Le général Brice Oligui Nguema, qui a renversé Ali Bongo il y a cinq jours au Gabon, a prêté serment ce lundi 4 septembre comme président d’une «transition», promettant d'installer des «institutions plus démocratiques» avant des «élections libres».

Un homme jusque-là très discret. Porté en triomphe à la surprise générale par des centaines de ses redoutables bérets verts au lendemain du putsch au Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a prêté serment ce lundi comme président d’une «transition».

En cinq jours, ce chef de la garde prétorienne du président Ali Bongo Ondimba qu'il a renversé, s'est lancé dans un véritable marathon ultramédiatisé. Il a invité toutes les «forces vives de la Nation», en plus des diplomates et des organisations internationales, pour expliquer qu'il avait pris le pouvoir pour «éviter un bain de sang», mettre un terme à une «corruption massive» et à une «gouvernance catastrophique» après 55 ans de «dynastie Bongo» et redistribuer les immenses richesses du Gabon jusqu'aux plus pauvres.

N'élevant jamais la voix, cet homme de 48 ans a sermonné chefs d'entreprise, leaders religieux, syndicalistes, «politiciens», journalistes et même menacé les patrons qui participaient à la corruption avec le regard noir et le ton ferme du militaire vantant «l'ordre et la discipline».

Le président des pauvres

Et pour cause, il a déjà promis d'affecter 7,2 milliards de francs CFA (11 millions d'euros) saisis en espèces aux domiciles des plus hauts responsables du cabinet de d’Ali Bongo, dont l'un de ses fils, à des forages pour ceux qui n'ont pas accès à l'eau potable.

Devant plus de 200 chefs d'entreprise «convoqués» à la Présidence, il a promis son aide aux «vrais patrons», «patriotes», à condition qu'ils renoncent aux pratiques «systématiques» de la «surfacturation» contre des rétrocommissions aux plus hauts responsables de l'État.

Il a surtout annoncé la rapide privatisation des caisses de retraite et d'assurance-maladie pour mettre un terme au cauchemar de «pauvres retraités» ou de «malades» qui ne touchent pas leurs pensions, ni ne sont remboursés en raison d'une gestion catastrophique dénoncée depuis des années par la société civile. 

Prenant le temps de répondre aux doléances de centaines d’interlocuteurs Brice Oligui Nguema a ainsi promis des «élections libres et transparentes» mais sans fixer de délai ni dire si les cadres du putsch pourraient être candidats, une nouvelle Constitution par référendum et des «institutions plus démocratiques et plus respectueuses des droits humains». «Sans précipitation toutefois», a-t-il prévenu.  

Le «cousin» d’Ali Bongo

Ce parachutiste, un chef charismatique et réputé francophile, a vite gagné ses galons en tant que fidèle et dévoué aide de camp de l'ancien président Omar Bongo Ondimba, le père d'Ali, qui dirigea le Gabon 41 ans durant avant sa mort en 2009.

Formé à l'Académie royale militaire de Meknès, au Maroc, Brice Oligui Nguema a suivi Omar Bongo comme son ombre jusqu'à son dernier souffle dans un hôpital de Barcelone. Écarté en 2009 après l'élection d'Ali Bongo, il devient attaché militaire des ambassades du Gabon au Maroc et au Sénégal pendant 10 ans.

Fang par son père, l'ethnie majoritaire au Gabon, il a principalement grandi avec sa mère dans la province du Haut-Ogooué, le fief du clan Bongo, dans un milieu très proche d'Omar au point que certains le qualifient aujourd'hui de «cousin» d'Ali Bongo, sans pouvoir l'étayer. Revenu sur le devant de la scène en 2019, colonel à la tête des redoutables renseignements de la GR, il sera propulsé seulement six mois après général et à la tête de cette garde prétorienne de la présidence, s'imposant comme la clé de voûte du dispositif sécuritaire du Gabon. 

Il a notamment poussé Ali Bongo à améliorer les conditions de vie et de travail de ses hommes : réfection et modernisation des infrastructures, financement d'écoles destinées aux enfants de militaires, restauration des logements et des baraquements... Ce «meneur d'hommes» s'est rapidement attiré la sympathie, le respect et surtout la fidélité des bérets verts et au-delà dans l'armée.  

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