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Tests de radioactivité, dangers pour la faune, opposition de la Chine… Tout comprendre sur le rejet de l’eau de Fukushima au Japon

La Chine s'est vivement opposée au rejet des eaux de Fukushima, filtrées et diluées selon un plan validé par l'AIEA, et a notamment suspendu toute importation de produits de la mer du Japon. [©Kyodo/REUTERS]

Tokyo a convoqué ce lundi 28 août l'ambassadeur chinois au Japon pour protester contre la vague de harcèlement téléphonique en provenance de Chine que subissent des entreprises nippones. En cause, le rejet controversé des eaux usées de Fukushima jeudi dernier.

Une décision qui ne fait pas l’unanimité. Alors que le Japon a commencé jeudi dernier à rejeter les eaux usées de la centrale nucléaire de Fukushima dans l’océan, le pays du soleil levant a convoqué ce lundi l'ambassadeur de Pékin au Japon pour informer correctement le public «plutôt que de susciter inutilement l'inquiétude des gens en fournissant des informations qui ne sont pas fondées sur des preuves scientifiques», selon un communiqué du ministère nippon des Affaires étrangères.

Et pour cause, la Chine s'est vivement opposée au rejet des eaux de Fukushima, filtrées et diluées selon un plan validé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), et a notamment suspendu toute importation de produits de la mer du Japon. Les îles Salomon se sont également élevées vendredi sur la même lignée que Pékin, leur allié.

Des appels en provenance de Chine ont commencé à inonder les entreprises japonaises à partir de jeudi, lorsque l'opérateur Tepco, qui gère la centrale et le rejet en mer, a commencé à répandre l'eau utilisée pour refroidir les réacteurs nucléaires sinistrés de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.

Hiroyuki Namazu, haut diplomate japonais chargé des Affaires asiatiques et océaniennes, a demandé aux hauts fonctionnaires de l'ambassade de Pékin à Tokyo d'appeler au calme, selon un communiqué du ministère japonais des Affaires étrangères samedi en fin de journée.

Des incidents similaires se sont également produits en Chine visant des établissements japonais, a déclaré Hiroyuki Namazu aux diplomates chinois, selon le communiqué.

D’autres États d'Asie-Pacifique ayant de meilleures relations avec le Japon, comme la Corée du Sud, Taïwan, l'Australie ou encore les îles Fidji et les îles Cook, ont, eux, exprimé leur confiance quant à la sécurité du processus lancé à Fukushima.

Des tests de sécurité concluants

Néanmoins, malgré le refus marqué de la Chine, les premières analyses du niveau de radioactivité de l'eau de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, après le début jeudi de son rejet en mer, sont concluants, a annoncé vendredi Tepco, l'opérateur de la centrale qui a procédé à ces tests.

Le niveau de radioactivité dans les échantillons prélevés serait conforme aux prévisions et inférieur au plafond fixé à 1.500 becquerels/litre, a déclaré un porte-parole de Tepco. La norme japonaise pour ce type de déversement, calquée sur la norme internationale, est de 60.000 Bq/L. Ces analyses doivent être menées quotidiennement au cours du prochain mois.

Une eau traitée avant son rejet

A noter que l'eau destinée à être évacuée dans l'océan Pacifique provient de la pluie, de nappes souterraines et des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des trois réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi (nord-est du Japon) qui étaient entrés en fusion après le tsunami de 2011.

Cette eau a été longtemps stockée sur le site de la centrale et traitée pour la débarrasser de ses substances radioactives, à l'exception du tritium, qui n'est dangereux qu'à de très hautes doses concentrées selon les experts. C'est pourquoi Tepco procède ensuite à une dilution de l'eau tritiée avec de l'eau de mer avant le rejet dans l'océan, afin que son niveau de radioactivité ne dépasse pas le plafond visé de 1.500 Bq/L.

Cette limite est environ sept fois inférieure au plafond établi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'eau potable. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui contrôle le rejet en mer de l'eau de Fukushima, avait déjà constaté jeudi que la concentration en tritium dans les échantillons d'eau de la centrale qu'elle avait prélevés avant le début du déversement dans l'océan, était «bien en dessous de la limite opérationnelle» de 1.500 Bq/L.

Pourquoi cette initiative continue d'inquiéter ?

Si ces résultats restent positifs, à la fois pour les êtres humains mais aussi la faune marine, des organisations environnementales et antinucléaires ont critiqué le plan japonais, comme Greenpeace qui accuse le gouvernement nippon de minimiser les risques de radiation.

Des pêcheurs japonais craignent aussi que cela ne nuise à l'image de leurs produits, à la fois sur le marché national et à l'étranger. La Chine a ainsi jugé le plan japonais «extrêmement égoïste et irresponsable». Mais selon des analystes, la position de la Chine est probablement aussi très politique, sur fond des tensions sino-japonaises en Asie-Pacifique.

La Corée du Sud, dont les relations avec le Japon sont moins tendues depuis quelques mois, n’a pas exprimé d’objections. Toutefois, du côté de la population, des consommateurs dans le pays ont fait des réserves de sel d'eau de mer ces derniers mois, de peur que ce produit ne devienne bientôt dangereux pour la santé. Et une dizaine de manifestants ont été arrêtés jeudi à Séoul pour avoir tenté de pénétrer dans l'ambassade du Japon.

Au total, le Japon compte évacuer dans l'océan Pacifique plus de 1,3 million de m3 d'eau tritiée de Fukushima et ce, de manière extrêmement graduelle - jusqu'au début des années 2050, selon le calendrier actuel.

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