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Soudan : plus de 100.000 personnes ont fui les combats pour les pays voisins

l’ONU a estimé qu’il pourrait y avoir «plus de 800.000 personnes» prochainement qui chercheraient refuge dans les pays voisins.  [Gueipeur Denis SASSOU / AFP]

Alors que les combats entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) continuent de faire rage au Soudan ce mardi 2 mai, depuis mi-avril, plus de 100.000 personnes ont été contraintes de fuir dans les pays voisins, a annoncé l’ONU.

Un chiffre qui devrait rapidement augmenter. Alors que l’ONU a annoncé ce mardi 2 mai, que plus de 100.000 Soudanais avaient été contraints de fuir vers les pays voisins depuis mi-avril, début des combats entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), l’organisation s’attend à un bilan final huit fois supérieur.

Quelque 334.000 personnes ont également été forcées de se déplacer à l’intérieur du Soudan, a indiqué un porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) lors du briefing régulier de l'ONU à Genève ce mardi.

Les violents affrontements à Khartoum et dans d'autres régions, en particulier au Darfour (ouest), ont fait plus de 500 morts et dix fois plus de blessés, selon des bilans largement sous-évalués. Les premiers combats ont commencé le 15 avril dernier dans la capitale soudanaise, entre Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'Etat et de l'armée, et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti», à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Malgré plusieurs trêves, dont la plus récente en date de dimanche n’a pas, comme la plupart des précédentes, été respectée, les étrangers continuent de quitter le pays et les Soudanais de fuir par dizaines de milliers. A tel point que l’ONU a estimé qu’il pourrait y avoir «plus de 800.000 personnes» prochainement qui chercheraient refuge dans les pays voisins comme l'Egypte, le Tchad, l'Ethiopie et la Centrafrique. 

Une crise humanitaire «catastrophique»

Néanmoins, pour ceux qui restent, ces derniers doivent non seulement affronter les combats qui se déroulent sous leurs yeux, mais également subir des pénuries d'eau, d'électricité et de nourriture, alors que la température à Khartoum dépasse les 40°C.

Pourtant, il existe bel et bien un programme d’aide au Soudan, qui n’est cependant financé qu’à 14% cette année pour le moment, soit 1,5 milliard d’euros manquant pour les organismes d’aide. Le conflit transforme le drame humanitaire déjà existant en une «véritable catastrophe», a alerté Abdou Dieng, coordinateur de l'aide humanitaire au Soudan, lors d'une réunion lundi à l'ONU.

D’après le président kenyan, William Ruto, les deux hommes en guerre refuseraient toujours «d'entendre les appels» de la communauté internationale, a-t-il regretté, appelant à acheminer l'aide humanitaire «avec ou sans cessez-le-feu».

Pour rappel, les généraux Burhanne et Daglo avaient fait front commun pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019, lors du putsch de 2021. Mais des divergences sont ensuite apparues et le conflit entre les deux s'est intensifié quand ils ne sont pas parvenus à s'entendre sur l'intégration des FSR dans l'armée régulière, avant de se transformer en lutte armée.

Un système de santé «complètement effondré»

Les violences et les pillages au Soudan n’ont pas épargné les hôpitaux et les organisations humanitaires, dont beaucoup ont dû suspendre une grande partie de leurs activités.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle aussi émis la crainte d’une «catastrophe» pour le système de santé, déjà très fragile avant la guerre au Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde et sous embargo international pendant deux décennies. A noter que seuls 16% des établissements de santé fonctionnent véritablement à Khartoum, mais, même là, le matériel et le personnel, épuisé, viennent à manquer.

L’aide est toutefois parvenue au compte-goutte ces derniers jours : six conteneurs de matériel médical de l'OMS sont arrivés, notamment pour traiter les blessés graves et les patients souffrant de malnutrition aiguë. Du carburant, de plus en plus rare, a été distribué à certains hôpitaux qui dépendent de générateurs. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a aussi commencé à reprendre ses activités, après une suspension temporaire justifiée par la mort de trois employés.

Au-delà de Khartoum, le chaos a emporté le Darfour-Ouest, où même les civils participent désormais aux violences, selon l'ONU, évoquant une centaine de morts depuis la semaine dernière.

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