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Ukraine, migrants, droits LGBT... En Hongrie, le pape face aux sujets qui fâchent

Le pape François est de retour en Hongrie après une visite éclair en 2021. [REUTERS/Marton Monus]

Le pape François va être accueilli ce vendredi 28 avril en Hongrie par Viktor Orban, chantre de l'«Europe chrétienne». Les deux chefs d'Etat ont pourtant de nombreux points de divergence, sur la guerre en Ukraine ou l'accueil des migrants.

Deux hommes que (presque) tout oppose. Le pape François rencontre ce vendredi en Hongrie le Premier ministre Viktor Orban, pour sa seconde visite dans le pays en moins de deux ans. Le souverain pontife y restera trois jours, le temps de dialoguer avec l'exécutif hongrois, les responsables catholiques locaux et la minorité gréco-catholique, qui partage le même rite que de nombreux Ukrainiens.

A la veille de ce rendez-vous, l'entourage du Premier ministre nationaliste prend soin d'insister sur les points communs unissant les deux dirigeants, au premier rang desquels la religion. A la tête de la Hongrie depuis 2010, Viktor Orban se fait le défenseur d'une «civilisation chrétienne» mise à mal par des décennies de communisme – les Hongrois se disent majoritairement sans religion.

Issu d'un milieu calviniste protestant, mais peu pratiquant avant son arrivée au pouvoir, Orban défend la famille dans son sens le plus traditionnel en faisant de la natalité son cheval de bataille. Tissant des liens avec l'Eglise catholique, il a également instauré une politique de rechristianisation des écoles unique en Europe. La Hongrie, qui comptait avant l'ère communiste un peu plus de 20% d'établissements catholiques avant de tomber à 5% au début des années 2000, est remontée à 17% dans le primaire et à 25% dans le secondaire.

«europe chrétienne»

C'est au nom de cette défense d'une «Europe chrétienne» que Viktor Orban mène une politique migratoire drastique, en contradiction avec le message de son invité le pape François. Le souverain pontife, lui-même issu d'une famille d'émigrés italiens en Argentine, prône l'accueil sans distinction, notamment en Europe, tandis que son hôte Viktor Orban a bâti des clôtures aux frontières pour repousser les arrivées clandestines. En 2015, les religieux hongrois n'ont pas répondu, à de rares exceptions, à l'appel du pape d'accueillir des réfugiés lors de la crise migratoire. Lors d'un passage éclair à Budapest en septembre 2021, le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques avait appelé les Hongrois à s'«ouvrir à la rencontre des autres», et dénoncé la «défense rigide» d'une «prétendue identité».

Sur les droits LGBT+, les deux dirigeants affichent aussi des positions divergentes. Si Jorge Bergoglio n'a pas fondamentalement remis en cause les fondements de la doctrine catholique en la matière, il a développé depuis son élection au Saint-Siège en 2013 un discours d'ouverture envers l'orientation sexuelle et l'identité de genre. Il a ainsi affirmé fin janvier que ceux qui criminalisent l'homosexualité avaient «tort», précisant que le fait d'être homosexuel n'était «pas un crime», mais un «péché».

De son côté, Viktor Orbana a modifié la Constitution pour y inscrire des références à Dieu et au mariage, désormais défini comme l'union d'un homme et d'une femme, excluant de fait les familles homoparentales. La Hongrie s'est aussi dotée en juin 2021 d'une loi interdisant «la représentation ou la promotion» de l'homosexualité et du changement de sexe auprès des mineurs. Une mesure qui lui vaut d'être la cible d'un recours de la Commission européenne devant la Cour de justice de l'UE.

Les deux hommes devraient enfin avoir des discussions mouvementées au sujet de la guerre en Ukraine, qui fait rage à quelques centaines de kilomètres de Budapest. Depuis le début de l'invasion russe, le Premier ministre conservateur s'est attaché à préserver les liens de la Hongrie avec la Russie, refusant notamment d'envoyer des armes à l'Ukraine. Viktor Orban réclame un «cessez-le-feu et des négociations de paix». Un appel à faire taire les armes que relaie également le Vatican, qui souligne de son côté la responsabilité de Vladimir Poutine dans la «spirale de violence».

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