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Présidentielle en Turquie : qui sont les Alévis, cette minorité religieuse dont est issue le candidat Kemal Kiliçdaroglu ?

En 2019, Kemal Kiliçdaroglu a raflé les mairies de plusieurs grandes villes, dont Istanbul et Ankara où il a mis fin à vingt-cinq ans de règne du président turc et de son parti. [Cagla Gurdogan/Reuters]

Alors que la campagne électorale pour la présidentielle turque a officiellement démarré hier, vendredi 31 mars, Kemal Kiliçdaroglu se positionne en principal adversaire du président sortant Recep Tayyip Erdogan. En cas de victoire le 14 mai prochain, il serait le premier chef d'Etat du pays issu de la minorité alévie.

Une histoire exceptionnelle pourrait se dessiner. Le Conseil électoral suprême turc (Yüksek Seçim Kurulu) a publié vendredi 31 mars la liste définitive des candidats à la présidentielle déclarant ainsi le début officiel de la campagne électorale.

Des trois candidats validés cette semaine face à Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, un homme compte bien lui compliquer la vie, avec un espoir de succès pour l'opposition. Son nom : Kemal Kiliçdaroglu. Âgé de 74 ans, ce social-démocrate a en effet réussi à faire l’union de l’opposition en vue de l’élection du 14 mai prochain.

Selon un dernier sondage de l'institut TAG Research, 51,8% des électeurs souhaitent d'ailleurs le voir accéder au pouvoir contre 42,6% pour Recep Tayyip Erdogan Erdogan.

Et en cas de victoire, l’originaire de Nazimiye, dans le nord-est de la Turquie, pourrait devenir le premier président issu de la minorité alévie, dont l’existence remonte au Moyen Âge.

Un islam dit originel proche du chiisme

Cette branche libérale de l’islam est essentiellement présente en Turquie et dans les Balkans. Elle regroupe des membres de l’islam dits hétérodoxes et revendique une tradition universelle et originelle de la religion.

D’ailleurs, «le terme "Alévisme" s'est forgé à la fin du XIXe siècle pour qualifier la croyance des populations nomades ou semi-nomades de la campagne anatolienne dont le culte impose, entre autres, une vénération extrême de l'imam Alî Abû Tâlib», beau-fils de Mahomet, explique le Cairn, portail francophone consacré aux sciences humaines et sociales.

Mais les Alévis sont souvent «mis de côté» ou «catégorisés» par le pouvoir turc en place de par leur nombre, estimé 15 et 25 millions en Turquie, mais aussi leur pratique de l’islam. Alors que Recep Tayyip Erdogan prône un islam sunnite, l’alévisme, lui, est le plus souvent vu comme un des courants qui intègre des éléments chiites.

La croyance alévie découle en partie du chamanisme préislamique, des trois religions monothéistes à savoir le christianisme, le judaïsme et l’islam. Concernant leurs pratiques religieuses, les Alévis ne prient pas cinq fois par jour comme l’exige la religion musulmane. Ils n’effectuent pas le pèlerinage à la Mecque et ne jeunent pas pendant le ramadan. Bien que la consommation d’alcool soit interdite dans l’islam, elle est néanmoins «autorisée» voire dans l’alévisme.

Si les musulmans prient dans les mosquées, les alévis, eux, possèdent leur propre lieu de culte. Ce dernier est appelé «Cemevi», un mot qui provient de l’arabe «djam» signifiant «rassemblement» ou «réunion».

Ces bâtiments ne sont pas destinés uniquement aux pratiques religieuses. Ils réunissent également des fonctions culturelles et accueillent la communauté ou le conseil communautaire pour discuter des différends et transmettre les traditions ainsi que les enseignements alévis. Contrairement aux mosquées, ces lieux autorisent la mixité.

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