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Turquie : trois questions sur le PKK, accusé d'avoir commandité l'attentat d'Istanbul

Des Kurdes syriens manifestent contre la Turquie et brandissent le drapeau du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans la ville syrienne de Qamishli, à la frontière turco-syrienne, le 13 novembre 2022. [Delil SOULEIMAN / AFP]

Les autorités turques ont désigné lundi les combattants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) comme responsables de l'attentat qui a fait six morts et des dizaines de blessés dimanche à Istanbul. Ce que le PKK et ses alliés ont vivement démenti.

Qu'est-ce que le PKK?

Qualifié de «terroriste» par la Turquie mais aussi les Etats-Unis et l'Union européenne, le PKK livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984. Un conflit qui a fait plus de 40.000 morts.

Le mouvement, d'obédience marxiste-léniniste, souhaitait à l'origine la création d'un Etat kurde indépendant. Il milite désormais pour une autonomie politique au sein de la Turquie.

Le PKK a ciblé à maintes reprises les forces de sécurité turques. Les attentats ont souvent été revendiqués par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical proche du PKK, comme le double attentat de décembre 2016 près du stade de foot de Besiktas, à Istanbul (47 morts dont 39 policiers et 160 blessés).

Des négociations avaient été engagées en 2013 entre le gouvernement turc et le PKK, mais Ankara et le groupe armé kurde s'affrontent de nouveau depuis la fin d'un fragile cessez-le-feu en 2015.

Les répressions liées au PKK impactent la vie politique du pays. Le parti d'opposition prokurde, le Parti démocratique du peuple (HDP), accusé de liens avec le PKK, est ainsi la cible d'arrestations, en particulier depuis la tentative de coup d'Etat de 2016. Emprisonné depuis 2016, l'ancien leader du parti, Selahattin Demirtas, a condamné dimanche l'attaque d'Istanbul depuis sa prison turque.

où en est le conflit entre PKK et etat turc ?

L'armée turque mène régulièrement des opérations contre le PKK en Turquie et dans les zones montagneuses du nord de l'Irak, où le PKK dispose de bases arrières. Depuis avril, l'armée d'Ankara y conduit l'opération «Griffe refermée».

Le mois dernier, des médias pro-kurdes ont affirmé que la Turquie y avait utilisé des armes chimiques, accusations fermement rejetées par Ankara.

Cependant, un commandant du PKK, Murat Karayilan, avait annoncé le 2 novembre la volonté du groupe de se venger.

quel rapport avec les Kurdes syriens ?

La police turque a arrêté plusieurs dizaines de personnes après l'attaque de dimanche, dont une femme présentée comme syrienne et soupçonnée d'être la poseuse de bombe. Selon la police, elle a affirmé avoir agi sur ordre du PKK et être entrée en Turquie depuis le nord de la Syrie.

Le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu a aussi accusé les forces kurdes des YPG (les Unités de défense du peuple), proches du PKK, qui contrôlent la majeure partie du Nord-Est syrien.

Le gouvernement estime ainsi «que l'ordre de l'attentat a été donné de Kobané», une ville restée célèbre pour la bataille décisive qui, en 2015, a permis aux forces kurdes soutenues par la coalition occidentale de repousser Daesh.

Depuis 2016, Ankara a lancé une série d'offensives en Syrie depuis 2016 visant les milices kurdes. Et depuis mai, le président Recep Tayyip Erdogan menace de lancer une nouvelle opération.

C'est dans ce contexte que la Turquie a «rejeté» lundi les condoléances des Etats-Unis, qui «soutiennent les terroristes» de Kobané en ayant armé les Unités de protection du peuple (YPG) contre les jihadistes de Daesh.

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