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Iran : voile enlevé en compétition, excuses publiques, retour au pays… Que se passe-t-il autour de la grimpeuse Elnaz Rekabi ?

Elnaz Rekabi est rentrée à Téhéran mercredi avant de repartir pour une destination inconnue. [IRNA / AFP]

La sportive iranienne Elnaz Rekabi, qui avait participé aux championnats d'Asie d'escalade sans mettre de voile, a présenté ses excuses à son retour en Iran ce mercredi. Certains estiment qu'elle a été victime de pressions.

UN geste symbolique devenu viral

Elnaz Rekabi, une grimpeuse iranienne, a participé dimanche aux Championnats asiatiques d'escalade de Séoul (Corée du Sud) sans porter le hijab, vêtement religieux pourtant imposé par sa fédération.

L'athlète a concouru avec un simple bandeau dans les cheveux, terminant quatrième de la compétition. Les images de son passage sur le mur d'escalade ont fait le tour du monde sur les réseaux sociaux.

Ce geste a en effet été interprété comme un soutien aux Iraniens qui manifestent depuis un mois contre le régime ultra-conservateur après la mort de Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour avoir mal porté son voile.

silence inquiétant et départ en avion

Selon la BBC, après la compétition, la grimpeuse iranienne Elnaz Rekabi n'a plus donné de nouvelles à ses proches. L'antenne persane du média britannique affirme que la sportive a embarqué plus tôt que prévu dans un avion à destination de Téhéran après s'être fait confisquer son passeport et son téléphone portable.

«Mme Elnaz REKABI, est partie de Séoul pour l'Iran, tôt le matin du 18 octobre 2022, avec les autres membres de l'équipe», a alors réagi sur Twitter l'ambassade de la République islamique d'Iran en Corée du Sud, en démentant «fermement toutes les fausses nouvelles et la désinformation» concernant la grimpeuse.  

premières excuses sur les réseaux sociaux

Après deux jours de silence, Elnaz Rekabi a expliqué mardi sur Instagram que son geste de ne pas porter le voile n'était pas intentionnel. «Du fait d’un mauvais timing, ayant été appelée de façon imprévue à escalader le mur, j'ai eu un souci avec mon voile qui est tombé par inadvertance», a-t-elle écrit.

Dans ce message, l'athlète a également présenté ses excuses pour les «problèmes créés».

retour en iran et nouvelles excuses

Elnaz Rekabi est finalement arrivée mercredi à l'aéroport de Téhéran, accueillie par sa famille et sous les applaudissements de la foule. «Elnaz est une héroïne», ont crié des dizaines de personnes massées devant le terminal de l'aéroport, dont des femmes dépourvues de voile.

Vêtue d'un blouson à capuche noir et d'une casquette de baseball, Elnaz Rekabi s'est adressée aux médias pour à nouveau s'expliquer sur son geste. «En raison du climat qui régnait pendant les finales de la compétition et du fait que j'ai été appelée à prendre le départ quand je ne m'y attendais pas, je me suis retrouvée emmêlée dans mon équipement technique (...). A cause de cela, je n'ai pas fait attention au foulard que j'aurais dû porter», a-t-elle raconté.

«Je suis rentrée en paix en Iran, en parfaite santé et selon le programme prévu. Je présente mes excuses au peuple iranien pour les tensions créées», a-t-elle déclaré, ajoutant ne pas avoir «l'intention de dire au revoir à l'équipe nationale».

Pour certains observateurs, les propos de la sportive ressemblent à des aveux forcés, alors que la République islamique d'Iran a été plusieurs fois accusée par les défenseurs des droits d'imposer ce type de déclarations à la télévision ou sur les réseaux sociaux. 

La foule a ensuite entouré une camionnette blanche et une voiture où auraient pris place la sportive et des membres de son équipe, qui ont quitté l'aéroport, toujours sous les applaudissements, pour une destination inconnue. Mardi, le site indépendant Iran Wire avait affirmé qu'Elnaz Rekabi allait être incarcérée à Téhéran, dans la prison d'Evine. Une information qui n'a pas été confirmée.

Le cas d'Elnaz Rekabi rappelle tristement celui de Peng Shuai, championne chinoise de tennis qui a mystérieusement disparu en 2021 pendant deux semaines après avoir accusé un dignitaire du Parti communiste chinois d'agression sexuelle.

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