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Crimes contre l'humanité au Liberia : un procès sans précédent s'est ouvert en France

Sur le banc des accusés : Kunti Kamara qui aurait notamment découpé le coeur d'une de ses victimes avant de le manger. [Benoit PEYRUCQ / AFP]

Une cour d'assises française juge à partir de ce lundi 10 octobre des crimes contre l'humanité commis dans les années 1990 au Liberia, où ces actes n'ont fait l'objet d'aucun procès.

Un procès historique et inédit. Pour la première fois et pendant plusieurs semaines, des crimes commis contre l'humanité vont être jugés dans l'Hexagone. Sur le banc des accusés : Kunti Kamara, ancien commandant du groupe rebelle «Mouvement de libération uni pour la démocratie au Liberia» (Ulimo). Le procès s'est ouvert ce lundi, à Paris. 

Soupçonné de viols, de barbarie et d'exécutions sommaires, Kunti Kamara est jugé devant la cour d'assises de Paris. Il est accusé d'avoir perpétré lui-même ou supervisé des «actes inhumains» allant du travail forcé à un assassinat accompagné de cannibalisme, dans le comté de Lofa, au nord-ouest du Liberia, entre 1993 et 1994.

Agé de 47 ans, il a été interpellé à Bobigny, en 2018. Son arrestation, en France, autorise la tenue de ce procès. En effet, la «compétence universelle»  permet de juger les crimes les plus graves où qu'ils aient été commis dès lors que le suspect est arrêté sur le territoire français. 

des actes inhumains 

«CO Kundi» était l'alias de Kunti Kamara. Connu sous ce nom, il serait complice d'une «pratique massive et systématique d'actes inhumains» exécutés contre les civils, selon l'acte d'accusation. Les motivations étaient aussi politiques qu'ethniques.

Il aurait notamment fait subir à une de ses victimes le supplice du «Tabé», qui consiste à attacher les coudes et les poignets dans le dos parfois jusqu'à la mort, avant de découper son coeur et de le manger. L'homme conteste les faits. 

L'enquête, qui se concentre sur le comté du Lofa, où a réprimé l'Ulimo, est menée depuis 2018 par un juge d'instruction français suite à une plainte déposée par l'association Civitas Maxima, qui a regroupé des témoignages de victimes contre l'ex-commando, afin de lutter contre l'impunité au Liberia.

retour dans le passe

Salué par les ONG comme un «pas important» pour la justice, ce procès va retracer la première des deux guerres civiles au Liberia (1989-1996) qui ont fait 250.000 morts. Un conflit qui figure parmi les plus atroces du continent africain. 

«Le Liberia est un pays où règne encore une impunité totale par rapport à ces crimes et ce procès est donc très important pour porter la voix des victimes», rapporte Maître Sabrina Delattre, qui représente plusieurs Libériens et l'association Civitas Maximas. 

La fin des débats est prévue le 4 novembre.

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