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Royaume-Uni : Liz Truss fait marche arrière concernant une baisse d’impôts pour les plus riches

Liz Truss estime que la controverse autour de cette baisse d'impôts pour les plus riches a agi comme une «distraction», éclipsant le reste de son plan fiscal, qu'elle juge pertinent. [Oli SCARFF / AFP]

Vivement critiqué pour son nouveau plan fiscal, le gouvernement britannique a décidé de l'amputer de sa mesure la plus controversée.

Le gouvernement britannique a fait marche arrière. Après avoir créé la polémique avec leur «mini-budget», censé stimuler la croissance, les autorités ont décidé, ce lundi 3 octobre, de revenir sur la mesure la plus critiquée, à savoir une baisse d'impôts pour les contribuables les plus riches.

Présenté le 23 septembre dernier, ce plan fiscal prévoyait en effet de baisser le taux d'imposition de 45 à 40% pour les contribuables dont les revenus excèdent 150.000 livres sterling (171.000 euros) par an. L'annonce avait suscité une vive controverse et le gouvernement de Liz Truss, en place depuis à peine un mois, était accusé de favoriser les plus aisés en pleine crise du coût de la vie au Royaume-Uni.

«Il est clair que la suppression du taux d’imposition à 45% a éclipsé notre mission de nous attaquer aux difficultés dans notre pays, a reconnu Kwasi Kwarteng, le ministre britannique des Finances. Par conséquent, j'annonce que nous n'allons pas la poursuivre». Sur Twitter, il a ajouté : «nous comprenons, nous avons écouté».

Ce faisant, le gouvernement espère sauver le reste de son «mini budget». Kwasi Kwarteng et Liz Truss ont tous deux qualifié la suppression de cette tranche d'impôts, désormais abandonnée, de «distraction», estimant qu'elle n'enlevait en rien la pertinence du paquet de mesures dans sa globalité.

Sur Twitter, la Première ministre a rappelé sa priorité de «construire une économie à croissance élevée, qui finance des services publics de premier plan, augmente les salaires et crée des opportunités dans tout le pays». Dimanche, sur la BBC, elle n'a en outre pas hésité a attribué la paternité du projet controversé de baisse d'impôts à son seul ministre des Finances. Sur le même plateau, lundi matin, le principal intéressé a refusé de reconnaître toute erreur et indiqué qu'il n'avait pas l'intention de démissionner.

En renonçant à cette mesure spécifique, le gouvernement en place éloigne le risque d'une rébellion lors du vote du texte au Parlement. Ce projet de baisse d'impôts pour les plus aisés avait en effet suscité des critiques jusqu'au sein de la majorité. Son abandon ne suffit toutefois pas, pour l'heure, a dissipé le trouble jeté sur les marchés financiers par la présentation du plan fiscal dans son ensemble, le 23 septembre dernier.

Dans la foulée, la livre a plongé à son plus bas historique, et les taux d'emprunt de l'Etat britannique ont bondi à leur plus haut depuis la crise de 2009, menaçant la stabilité financière du pays. La Banque d'Angleterre est intervenue en urgence la semaine dernière pour stabiliser les taux, qui menaçaient de faire tomber en faillite des fonds de pension.

«Garder le cap»

Cette intervention a amorcé un repli des taux d'emprunt de l'Etat à 30 ans, qui se poursuivait ce lundi. La livre a en revanche peu réagi à l'annonce du retrait de la mesure décriée : elle était en légère hausse de 0,3% à 1,1206 dollar vers 7h30 GMT.

Invoquant des factures d'énergie qui explosent et la pression fiscale au plus haut «depuis 70 ans», Kwasi Kwarteng estime toutefois qu'il faut «garder le cap». Le projet porté par ce plan fiscal est selon lui «le bon». Ce dernier prévoit un gel des factures d'énergie ainsi que d'autres baisses de taxes.

Il est notamment question d'une suppression de hausse d'impôt sur les sociétés ou de cotisations sociales et d'une suspension de prélèvements environnementaux. Le plan dans son ensemble a été estimé entre 100 et 200 milliards de livres par les économistes. Son financement et son impact économique n'ont en revanche pas été pleinement chiffrés.

Sa présentation n'a en tout cas pas favorisé la popularité de Liz Truss qui, après à peine un mois au pouvoir, voit déjà s'accumuler les sondages en sa défaveur. A deux ans des prochaines élections générales, une étude YouGov donne 33 points d'avance à l'opposition travailliste, tandis qu'une autre indique qu'un Britannique sur deux (51%) souhaite qu'elle démissionne.

A Birmingham, où le congrès annuel du Parti conservateur s'est ouvert ce dimanche, plusieurs centaines de personnes ont manifesté. A grand renfort de slogans, elles ont réclamé haut et fort le départ du parti de Liz Truss.

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