Une blogueuse marocaine a été condamnée cette semaine par la justice de son pays à deux ans de prison ferme pour «atteinte à la religion musulmane». Elle avait posté sur Facebook des commentaires satiriques de versets du Coran.
En détention depuis le 15 juillet, Fatima Karim, Marocaine de 39 ans, a été condamné lundi par la justice du royaume chérifien à deux ans de prison ferme pour «atteinte à la religion musulmane». Les faits qui lui sont reprochés sont des commentaires sur un ton satirique, en langue arabe sur sa page Facebook, des versets du Coran et des hadiths du prophète Mahomet, considérés comme sacrés.
L'article 267-5 du Code pénal marocain, aux termes duquel Fatima Karim a été condamnée, punit de six mois à deux ans de prison ferme «quiconque porte atteinte à la religion musulmane». La peine est susceptible d'être portée à cinq ans d'emprisonnement si l'infraction est commise en public, «y compris par voie électronique».
Le même article 267 punit sévèrement toute «atteinte au régime monarchique» et toute «incitation à porter atteinte à l'intégrité territoriale» du royaume. Les défenseurs des droits humains dénoncent ce texte de loi qui entrave la liberté d’expression et dont la formulation «ne spécifie pas concrètement les faits qui pourraient constituer une atteinte», rappelle l’AFP.
Elle va faire appel
Lors de son procès, la blogueuse a cherché à faire valoir son droit à la liberté d'expression, garanti par la Constitution marocaine, en vain. Elle a également présenté publiquement des excuses à «quiconque s’est senti offensé» par ses publications, assurant n'avoir jamais eu l’intention de porter atteinte à l'islam, religion d'Etat au Maroc.
Fatima Karime a l'intention d'interjeter appel, a indiqué son frère, Bouazza Karim, à l’AFP. «Ce verdict est très sévère. Il nous renvoie des années en arrière», a-t-il commenté.
En juin 2021, une Italo-marocaine avait déjà été condamnée à trois ans et demi de prison ferme par la justice marocaine pour la même raison, après avoir publié sur Facebook des phrases satiriques imitant des versets du Coran. La jeune femme avait été libérée peu après, sa peine ayant été réduite en appel à deux mois de prison avec sursis, à la suite d'une campagne de protestation de défenseurs des droits humains.