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Sri Lanka : les manifestations se poursuivent après la fuite du président, l'état d'urgence proclamé

Des milliers de personnes se sont rassemblées devant les bureaux du Premier ministre pour demander sa démission. [AFP]

Le Sri Lanka, traversé par une crise économique et politique sans précédent, est secoué par des manifestations d'ampleur depuis trois mois. Ce mercredi, le président a fui le pays et les manifestants rejettent l'intérim du Premier ministre.

Les tensions ne faiblissent pas au Sri Lanka. Alors qu'il devait présenter sa démission aujourd'hui, mercredi 13 juillet, le président, Gotabaya Rajapaksa, a fui le pays pour rejoindre les Maldives. L'état d'urgence a été instauré mais les manifestants demandent à présent le départ de Ranil Wickremesinghe, le Premier ministre.

Ce mouvement de contestation dure depuis plus de trois mois. Il s'est installé en réaction à la crise économique sans précédent que traverse le pays, dont les manifestants jugent le gouvernement responsable.

Gotabaya Rajapaksa est accusé d'avoir mal géré l'économie : en avril, Colombo a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars. La capitale est désormais en pourparlers avec le FMI pour un éventuel renflouement tandis que le pays, en manque de devises étrangères, est incapable de financer les importations essentielles. Le Sri Lanka a par exemple presque épuisé ses réserves d'essence et est confronté à des pénuries d'électricité.

Les protestataires sont allés jusqu'à envahir le palais présidentiel samedi 9 juillet, obligeant le chef d'Etat à se réfugier dans une base militaire. Aussi, ce mercredi 13 juillet, la police a précisé qu'un couvre-feu avait été mis en place dans la province de Colombo dans l'espoir de mettre fin aux manifestations. 

Le président srilankais avait déjà tenté de fuir le pays mardi, mais les agents de l'immigration lui avait refusé l'accès au salon VIP pour faire viser son passeport, alors qu'il voulait éviter le terminal ouvert au public. Ce mercredi, en gagnant les Maldives, il a laissé derrière lui une valise remplie de documents et 17,85 millions de roupies (49.000 euros) en liquide. Elle est désormais sous scellés.

Avant de partir, Gotabaya Rajapaksa avait promis de présenter sa démission le 13 juillet, pour une «transition pacifique du pouvoir». Son retrait n'a pas encore été officialisé mais le président du Parlement srilankais, Mahinda Yapa Abeywardana, a déclaré aujourd'hui à la télévision : «le président Rajapaksa m'a dit qu'il avait nommé le Premier ministre pour agir en tant que président, conformément à la constitution».

«Rentre chez toi Ranil !»

Cette dernière prévoit qu'en cas de départ du chef de l'Etat, le Premier ministre prend automatiquement l'intérim, le temps que le Parlement élise un député chargé d'exercer le pouvoir jusqu'à la fin du mandat en cours. En l'occurence, jusqu'à novembre 2024.

Mais Ranil Wickremesinghe est tout aussi contesté que Gotabaya Rajapaksa par les manifestants. Des milliers de personnes se sont ainsi rassemblées devant ses bureaux pour demander sa démission, scandant «Rentre chez toi Ranil ! Rentre chez toi Gota !».

Les forces de l'ordre ont usé de gaz lacrymogène et de canons à eau pour les empêcher d'envahir le bâtiment. En vain. Les policier ont été débordés par la foule qui est entrée dans les bureaux du Premier ministre en brandissant des drapeaux srilankais.

Au même moment, des manifestants ont fait irruption dans les locaux de la principale chaîne de télévision publique, Rupavahini. Un homme a notamment interrompu un direct, réclamant que seules les informations relatives aux protestations soient diffusées. La transmission a été coupée et remplacée par un programme enregistré.

Face à cette situation explosive, Ranil Wickremesinghe a demandé à l'armée et à la police de «rétablir l'ordre». Lui qui s'était engagé à se retirer si un gouvernement d'union national était formé estime désormais que les protestataires veulent l'«empêcher de [s']acquitter de [ses] responsabilités de président par intérim». «Nous ne pouvons pas permettre aux fascistes de prendre le pouvoir», a-t-il déclaré.

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