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Un ex-procureur suisse affirme être menacé par les services de renseignement serbes

Dick Marty a été rapporteur du Conseil de l'Europe et a enquêté sur les crimes de guerre au Kosovo. Dick Marty a été rapporteur du Conseil de l'Europe et a enquêté sur les crimes de guerre au Kosovo. [FREDERICK FLORIN / AFP]

L’ex-procureur suisse Dick Marty, réputé pour ses enquêtes internationales et notamment celle sur le trafic d’organes au Kosovo, a révélé aux médias suisses être menacé de mort par «des milieux des services de renseignement serbes», et vivre sous protection policière.

«Le 18 décembre 2020, j’ai reçu un appel de la police qui m’informait que j’étais menacé de mort et m’annonçait que j’allais être mis immédiatement sous haute protection policière», a raconté l’ancien conseiller d’Etat dans une interview diffusée sur la RTS. L’office fédéral de la police suisse a placé Dick Marty sous le degré de danger 4, le deuxième plus élevé, et il a donc dû accueillir des policiers «armés jusqu’aux dents» à son domicile pendant plus de quatre mois.

Interrogé par l'AFP, le Ministère public de la Confédération - le bureau du procureur général - a confirmé l'existence d'une «menace sérieuse» à l'encontre de l'ancien procureur général du canton du Tessin M. Marty depuis fin 2020, et la mise en place d’«un vaste dispositif de mesures», sans préciser de quelle menace il s’agissait.

Conflit avec le Kosovo ?

Dick Marty, qui se déplace désormais systématiquement en voiture blindée et avec un gilet pare-balles, a affirmé que la menace venait «apparemment de certains milieux des services de renseignement serbes qui ont demandé à la pègre, à des tueurs professionnels, de me liquider tout simplement pour faire retomber la faute sur les Kosovars».

L’ancien procureur et rapporteur du Conseil de l'Europe a en effet enquêté sur les crimes présumés de l’ancienne guérilla kosovare de l’UCK, l’armée de libération du Kosovo, dans les années 1990, et notamment sur un trafic d’organes prélevés sur des prisonniers majoritairement serbes. Il avait notamment rédigé un rapport dénonçant ces crimes, rapport à partir duquel une enquête a été ouverte contre Hashim Thaçi, ancien chef de l’UCK, devenu ensuite président du Kosovo.

Fin 2020, le tribunal spécial pour le Kosovo, instance installée à La Haye, a inculpé de crimes de guerre l'ancien chef de l'UCK Hashim Thaçi, et ce dernier a dû démissionner de son poste. Dick Marty estime donc que les services secrets serbes cherchent à l’éliminer pour faire porter le chapeau au Kosovars, la Serbie contestant toujours la déclaration d’indépendance du Kosovo de 2008. «Apparemment, un service étatique veut m'éliminer pour discréditer son adversaire, c'est absolument inacceptable», a-t-il déclaré à la RTS

Selon ses propos, les autorités judiciaires helvétiques auraient décidé «d'envoyer fin avril des policiers à Belgrade pour s'entretenir avec leurs collègues serbes». 

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