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La semaine de Philippe Labro : un tableau très sombre, des notes encourageantes

Le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan suscite de vives inquiétudes et soulève de nombreuses questions.[AREF KARIMI / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 25 AOÛT

Voici notre première chronique de «la rentrée». Ce terme de «rentrée» s’apparente au langage de la scolarité. On rentre à l’école, au collège, au lycée. Et les adultes rentrent aussi, bons ou mauvais élèves. Bonnes ou mauvaises nouvelles d’un été très chargé.

Les mauvais élèves et les mauvaises nouvelles. Par quoi commencer ? Les voyous qui, trop souvent, désormais, pourrissent la vie des stades de football, avec ces images affligeantes du match Nice-Marseille, ces supporters incontrôlés – mais sont-ils contrôlables ? Oui, sans doute, les Anglais y sont bien parvenus. Il y a toutes sortes de solutions. N’oublions pas le geste courageux, il y a longtemps, de Robin Leproux pour endiguer les violences de certains ultras du PSG.

En vérité, ces incidents n’ont aucune importance face aux incendies qui ont ravagé le Var, et, au-delà de notre Hexagone, ont brûlé la Terre entière. De la Grèce à la Californie, du Pérou à la Turquie, de l’Algérie à l’Albanie, de la Sibérie à l’Amazonie. On a recensé 184 114 incendies en cours sur notre planète, le 8 août dernier. Et dire qu’il y a encore quelque temps, l’ex-président Trump émettait des doutes sur les conséquences du réchauffement climatique…

C’est aussi lui, le funeste Donald Trump, qui, de façon négligée, a conclu l’accord de Doha, en février 2020, lequel a ouvert la porte à la catastrophe : le retour des talibans, le retrait des troupes américaines, confirmé par Joe Biden, qui condamne un peuple à retomber entre les mains du pire des pires systèmes, l’intolérante loi de la charia, les exécutions sommaires, les filles privées d’école, la religion qui écrase tout, annihile tout. Les Etats-Unis ne veulent plus de «guerres sans fin» ? On peut les comprendre. Mais fallait-il, pour cela, autant expédier l’abandon, autant faire preuve d’improvisation, de naïveté, d’ignorance ? Le désespoir de ces femmes, leurs bébés dans les bras, qui se bousculent aux portes de l’aéroport de Kaboul, la panique qui a poussé certains à s’accrocher aux ailes d’un avion, pour ensuite chuter dans le vide, tout ceci est lamentable, et les «observateurs» ont tout leur temps pour faire le compte de la perte de prestige et de crédibilité que subit l’Amérique.

Ce n’est pas tellement la glose des éditorialistes qui m’intéresse, mais plutôt le sort prochain des femmes qui avaient appris à devenir avocates, médecins, professeurs, journalistes, musiciennes, artistes, et qui risquent, aujourd’hui, la totale privation de leur indépendance. Cette affaire d’Afghanistan est certainement la plus mauvaise nouvelle de l’été 2021.

Les bons élèves et les bonnes nouvelles. D’abord, on l’oublie, parfois, il y a ce corps médical français tout entier qui continue de combattre l’épi­démie de Covid, qui assiste, soi­gne, anesthésie, vaccine, protège, ces aides-soignantes et ces brancardiers, ces professeurs et ces internes – tous, toujours là, été ou pas, vacances ou pas. Saluons-les.

Ensuite, et cela n’a aucun rapport, il y a des chiffres plutôt rassurants sur l’emploi et le chômage, et l’allure d’un rebond économique. Et puis, heureusement, la «rentrée» de la culture. On attend près de 500 romans d’ici à la fin octobre. Au cinéma, on est impatient de voir Drive My Car, Onoda, BAC Nord, La terre des hommes… Les salles de concert nous attendent, le théâtre, les expos. Ecoutons aussi les meilleures chansons de George Harrison dans l’album All Things Must Pass, qui a fêté son 50e anniversaire. Le titre Isn’t It a Pity résume à lui seul l’ambiance du monde actuel. «N’est-ce pas une pitié, n’est-ce pas une honte, comme nous nous brisons le cœur», dit la chanson.

Essayons d’oublier cette honte et sourions aux visages des enfants qui vont prendre le chemin de l’école, en toute liberté d’être, d’aimer, d’apprendre, dans un pays qui est tout, sauf une dictature.

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