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Invasion de souris en Australie : l'utilisation d'un pesticide "radical" inquiète

Sur des vidéos cauchemardesques qui ont fait le tour du monde, des milliers de souris grouillent dans les granges, les habitations et se déplacent par hordes à vive allure. Sur des vidéos cauchemardesques qui ont fait le tour du monde, des milliers de souris grouillent dans les granges, les habitations et se déplacent par hordes à vive allure. [Saeed KHAN / AFP]

Après des années de sécheresse, des fermiers de l'est de l'Australie font, depuis des mois, face à une invasion de souris qui dévorent leurs récoltes.

Déterminées et nombreuses, les souris rongent les réserves de céréales et de foin des fermiers et elles ne manquent pas de s'attaquer à tout produit comestible.

Sur des vidéos cauchemardesques qui ont fait le tour du monde, des milliers de souris grouillent dans les granges, les habitations et se déplacent par hordes à vive allure. Après plusieurs années de sécheresse, de mois de feux de forêt dévastateurs à la fin 2019 et des inondations qui ont suivi, l'Australie donc doit faire face à un nouveau fléau.

«Mon père est toujours en vie, il a 93 ans, et c'est les trois pires années de sa vie. Je pense que c'est probablement la pire invasion de souris jamais enregistrée», a réagi auprès de l'AFP M. Tink, éleveur de bovins. Il redoute que ce fléau ne perdure lors de l'hiver austral, qui débute en juin.

«Si nous n'avons pas un hiver vraiment froid et humide, je m'inquiète un peu de ce qui va se passer au printemps», redoute l'homme de 65 ans.

De son côté, Steve Henry, chercheur au sein de CSIRO, le centre de recherche scientifique public, ne voit pas non plus les choses d'un bon oeil : «Quand une telle invasion de souris prend fin, elles disparaissent du jour au lendemain et ce n'est pas ce à quoi nous assistons actuellement».

Une récolte exceptionnelle leur a permis de proliférer

De grandes quantités de rongeurs ont été signalées dès le mois d'octobre et une récolte exceptionnelle, après la pire sécheresse jamais enregistrée, leur a permis de proliférer.

«Si nous n'avons plus d'hivers rigoureux, les souris auront de quoi survivre toute l'année, alors cela va devenir chronique», estime Bill Bateman, professeur associé à l'université Curtin en Australie-Occidentale, expliquant que le changement climatique pourrait rendre ce phénomène plus fréquent.

Cherchant des solutions, le gouvernement australien a annoncé un plan d'aide de plusieurs millions de dollars et mis au point un puissant pesticide, la bromadiolone, qui n'a pas encore été approuvé par les autorités. Mais cet anti-coagulant, qui agit plus rapidement et efficacement que les pesticides jusqu'ici répandus, a pour inconvénient de rester plus longtemps dans l'organisme des souris mortes ou agonisantes.

Les experts redoutent donc qu'il ne tue également les animaux qui mangeront ensuite les souris empoisonnées.

«Nous allons vraiment nous attirer des ennuis à l'avenir»

Les experts estiment que son utilisation sur le long terme et rester dans l'environnement. En tuant les prédateurs naturels, il pourrait empoisonner les humains à travers la chaîne alimentaire, selon lui.

«Nous allons vraiment nous attirer des ennuis à l'avenir, non seulement en détruisant notre biodiversité, mais aussi en détruisant nos moyens de défense contre toute future invasion de souris».

Pour Steve Henry, un usage des insecticides, des pièges et des méthodes jusque-là utilisés pourrait contribuer à réduire le nombre de souris si leur population continue d'augmenter après l'hiver.

Pour lui la priorité est donc de chercher des solutions à long terme, y compris sur les causes de cet «énorme» fléau.

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