En direct
A suivre

Espace : des champignons de Tchernobyl pour protéger les astronautes

De la radioactivité présente sur le site de la centrale, ces champignons s'en sont fait une raison. De la radioactivité présente sur le site de la centrale, ces champignons s'en sont fait une raison. [ANATOLIY STEPANOV / AFP]

La conquête vers Mars est définitivement lancée et avec elle c'est toute la recherche scientifique qui est en ébullition. Pour les astronautes, l'un des principaux obstacles à ce voyage dans l'espace est de s'exposer à de fortes radiations. Et pour les protéger, la solution pourrait venir... d'un champignon.

Il s'agit, pour être plus précis, d'une moisissure à la réputation sulfureuse puisque c'est celle que l'on trouve autour et à l'intérieur de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Située dans l'actuelle Ukraine, cette centrale avait été le théâtre d'une catastrophe écologique majeure après que l'un de ses réacteurs avait explosé en 1986.

Une moisissure qui se reproduit facilement malgré la radioactivité

Or, une équipe de scientifiques des universités de Stanford (Californie) et de Caroline du Nord a constaté que les champignons qui composent cette moisissure, nommés Cladosporium sphaerospermum, parviennent à se reproduire sans problème.

Un phénomène d'autant plus prodigieux que la zone est toujours considérablement irradiée plus de trente ans après l'explosion de la centrale.

Selon les chercheurs, cette extraordinaire capacité d'adaption du champignon s'explique par un procédé similaire à la photosynthèse et que l'on nomme radiosynthèse.

Concrètement, la radiosynthèse correspond grossièrement à la photosynthèse au sens où l’énergie absorbée par la moisissure n'est plus celle du soleil, mais celle émise par les «radiations ionisantes» en lien avec l'énorme radiocativité en présence.

Une expérience aux résultats probants

Pour savoir si les champignons pouvaient être utilisés dans le cadre de la conquête spatiale, l’équipe de recherche a donc produit des modèles d’études sur l’ISS, la station spatiale internationale.

Deux boîtes de Petri, ces petites boîtes cylindriques transparentes peu profondes, en verre ou en plastique, utilisées en microbiologie pour la mise en culture de micro-organisme, ont été connectées à des Raspberry Pi.

Les Raspberry Pi sont des mini-ordinateurs qui permettent à la fois de faire de l'électronique ou de la robotique.

Dans le cadre de l'expérience sur la moisissure, ils ont été utilisés afin de mesurer le niveau de radiation qui était envoyée aux champignons mais aussi l’humidité et la température.

Effectué sur une période de trente jours, le test a démontré que le champignon a permis d’abaisser le niveau de radiation d’au moins 2 %.

Cela paraît peu mais il n'en est rien car en réalité ce test a été fait sur des spécimens d’un peu moins de 2 millimètres.

21 cm d'épaisseur pour une efficacité optimale

D'après leurs calculs, les scientifiques ont établi qu'il faudrait qu'une couche d’au moins 21 centimètres de ces champignons soit produite pour recouvrir les modules spatiaux ou les astronautes et les protéger.

Les chercheurs affirment même qu'avec cette épaisseur ils seraient en mesure d’annuler la dose de radiation reçue.

Une donnée loin d'être négligeable car en l'état actuel des connaissances, si aujourd'hui on envoyait un astronaute sur Mars, son corps pourrait recevoir jusqu’à 60 % de la dose maximale recommandée sur une vie entière.

Autre donnée intéressante, sur Mars, seuls neuf centimètres d'épaisseur de ces champignons seraient nécessaires pour atteindre une efficacité optimale.

De quoi protéger efficacement tous les dispositifs et constructions qui y seraient installés alors même que cette fonge se fabrique très facilement et permettrait aux astronautes de la faire pousser directement sur la planète rouge.

Retrouvez toute l'actualité liée à l'espace ICI

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités