Objet de tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, la moustache de l'ambassadeur américain à Séoul n'est plus. Harry Harris est allé faire un tour ce week-end chez un barbier pour la raser, après des mois de polémiques.
La scène a été filmée, puis la vidéo publiée sur le compte Twitter de l'ambassade, avant d'être partagée par Harry Harris lui-même. «Heureux d'avoir fait ça», a-t-il commenté dans des tweets en anglais et en coréen. «Pour moi, c'était soit garder la moustache, soit laisser tomber le masque. L'été à Séoul est beaucoup trop chaud et humide pour les deux. Les directives sur le Covid-19 comptent et je suis un homme masqué !», a expliqué l'ambassadeur de 63 ans.
Glad I did this. For me it was either keep the 'stache or lose the mask. Summer in Seoul is way too hot & humid for both. #COVID guidelines matter & I'm a masked man! Enjoyed getting to know Mr. Oh & appreciated his heartfelt words about how much he values the #USROKAlliance. https://t.co/ja2WMD49Fr
— Harry Harris (@USAmbROK) July 25, 2020
Des considérations plus diplomatiques se cachent peut-être en réalité derrière ce geste. En effet, la moustache de cet amiral à la retraite, ancien chef des forces armées américaines dans le Pacifique, était la cible de critiques en Corée du Sud depuis sa nomination en juillet 2018. Elle rappelait à certains habitants une époque difficile de leur histoire : la domination coloniale japonaise sur la péninsule entre 1910 et 1945, unée période durant laquelle des centaines de milliers de Coréens ont été contraints au travail forcé ou à l'esclavage sexuel.
Des origines japonaises
Les huit gouverneurs japonais qui se sont succédés pour diriger la péninsule coréenne durant ces 35 années arboraient tous la moustache. Fin 2019, Harry Harris avait justifié son choix de pilosité par sa volonté de «marquer la rupture entre (sa) carrière d’officier et (sa) nouvelle vie en tant que diplomate».
Mais si sa moustache posait autant problème, c'était aussi en raison des origines ethniques de l'ambassadeur. Celui-ci est né à Yokosuka, près de Tokyo au Japon, d'un père militaire américain et surtout d'une mère japonaise. Plus tôt cette année, il avait ainsi dû rappeler qu'il n'était pas «l'ambassadeur japonais des Etats-Unis en Corée», mais «l'ambassadeur américain en Corée», soulignant que les moustaches d'officiers coréens n'avaient pas suscité de telles polémiques.