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Avant George Floyd, de précédents cas de brutalité policière contre les Noirs aux Etats-Unis

Dans la plupart des cas, les policiers n'ont pas été poursuivis ou ont été acquitté Dans la plupart des cas, les policiers n'ont pas été poursuivis ou ont été acquitté[Josh Edelson / AFP]

Depuis la mort de George Floyd aux Etats-Unis le 25 mai dernier, des manifestations contre le racisme ont éclaté dans tout le pays. Les contestataires ont le même mot d'ordre : «plus jamais ça». Et pour cause, les violences policières contre les Noirs américains ne sont pas nouvelles, et causent régulièrement des troubles outre-Atlantique.

Selon la base de données du Washington Post sur les fusillades liées à la police (qui n'inclut donc pas George Floyd et toutes les personnes mortes entre les mains de la police par d'autres méthodes), 1.252 Noirs ont été tués par balles par les forces de l'ordre depuis le 1er janvier 2015. Impossible donc de faire une liste exhaustive de tous les cas de brutalités policières, mais voici quelques cas qui ont marqué l'Amérique. 

Michael Brown (2014)

En août 2014, des images d'émeutes à Ferguson (Missouri) font le tour du monde. Celles-ci sont causées par la mort de Michael Brown, un jeune Noir alors âgé de 18 ans. Ce dernier marchait sur la route avec un ami après avoir dérobé une boîte de cigares dans une épicerie. Un policier blanc, Darren Wilson, leur demande de se rendre sur le trottoir, sans succès. Selon les dires de l'agent, il finit par se rendre compte qu'il pourrait bien s'agir des voleurs. Ce qui se passe ensuite est sujet à controverse, et n'a pas été filmé. Selon la police, Michael Brown aurait tenté de subtiliser l'arme de Darren Wilson lors d'un début de bagarre. L'autopsie révélera finalement qu'il n'y a aucun signe de lutte sur le corps du jeune homme, qui a reçu six balles à la tête et au buste. Des témoins affirment que le garçon avait d'abord essayé de fuir avant de se raviser en levant les mains. 

Quoi qu'il en soit, Darren Wilson n'a pas été poursuivi pour la mort de Michael Brown. Un grand jury a décidé qu'il n'y avait pas suffisamment d'indices pour débuter un procès, tout comme l'Etat fédéral quelques mois plus tard. Un an après le drame, il n'habitait plus à Ferguson, et cherchait toujours à obtenir un nouveau poste de policier, a-t-il expliqué au New Yorker. Sans succès. 

Terence Crutcher (2016)

En 2016, la police de Tusla (Oklahoma) est appelée à l'aide à cause d'un véhicule abandonné sur la route, les portes ouvertes. Cette voiture appartenait à Terence Crutcher. Plusieurs vidéos montrent en détail ce qui s'est passé pendant l'intervention de la police. Terence Crutcher, tenu en joue, s'approche doucement de sa voiture les mains en l'air, avant de les poser sur le haut de son véhicule. 

Les transmissions récupérées de la police montrent qu'il a été qualifié de «sale type» par un agent. Quelques secondes après avoir posé ses mains sur sa voiture, un tir de taser est effectué, puis un véritable coup de feu perpetré par une policière blanche. Les forces de l'ordre se défendront en assurant que Terence Crutcher, 40 ans sans casier judiciaire, allait plonger ses mains à l'intérieur de la voiture. Aucune arme n'a été retrouvée à l'intérieur. Betty Shelby, qui l'a abattu, a été acquittée de toutes les charges qui pesaient contre elle. 

Eric Garner (2014)

À 44 ans, Eric Garner était accusé par la police de vendre illégalement des cigarettes le 17 juillet 2014. Déjà arrêté plusieurs fois pour ce motif, l'homme d'1m90 refuse de se faire interpeller et s'estime «harcelé» par la police de Staten Island. C'est alors qu'un agent blanc se jette à son cou pour le mettre à terre et le maîtriser. Ce genre de clé est pourtant interdite depuis 1993 dans la police new-yorkaise. Pendant que les autres agents lui mettent les menottes, il répète plusieurs fois «je ne peux pas respirer» (tout comme George Floyd, ce qui fait de cette phrase l'un des slogans des manifestants). Malgré cela, il perdra connaissance, et sera déclaré mort à son arrivée à l'hôpital. 

Daniel Pantaleo, 30 ans, est le policier qui a étranglé Eric Garner. Déjà mis en cause à deux reprises pour des motifs racistes, n'a pas été poursuivi par le ministère de la Justice. Il finira par être renvoyé en 2019, cinq ans après les faits.

Tamir Rice (2014)

Loin d'être un homme aussi imposant qu'Eric Garner, Terence Crutcher ou George Floyd, Tamir Rice avait 12 ans quand il a été tué par un policier blanc à Cleveland (Ohio). Dans un parc, il jouait avec un pistolet à bille, ce qui avait alerté un voisin, qui a ensuite appelé la police. Il a cependant prévenu qu'il s'agissait certainement d'une arme factice. 

Quelques minutes plus tard, une voiture des forces de l'ordre arrive à toute vitesse, les agents sortent et abattent l'enfant en quelques secondes. Celui qui a tiré, Timothy Loehman, âgé de 26 ans, n'était alors dans la police que depuis quelques mois. Il n'a pas été poursuivi pour la mort de Tamir Rice, mais a été renvoyé de son poste en 2017, tout comme celui qui conduisait la voiture.

Alton Sterling (2016)

En 2016, la publication de la vidéo de la mort d'Alton Sterling avait entrainé des manifestations nombreuses en Louisiane. Cet homme de 37 ans a été abattu par balles par deux policiers blancs de Bâton-Rouge lors d'une interpellation. Ils étaient intervenu après un appel d'un anonyme dénonçant un homme au tee-shirt rouge qui l'avait menacé avec une arme. Dans la vidéo, on voit les deux agents se ruer vers Alton Sterling en l'invectivant et lui demandant de mettre les mains sur le capot. Ce dernier, visiblement surpris, résiste en ne semblant pas comprendre ce qui se passe. 

Alors qu'il finit par être mis à terre, les policiers retrouvent dans ses poches un pistolet. Un des agents sort alors son arme, et tire plusieurs coups de feu. Alton Sterling, emmené dans une ambulance, sera déjà mort à son arrivée à l'hôpital. En 2018, le procureur général de Louisiane a annoncé que les policiers mis en cause ne seront pas poursuivis.  

Amadou Diallo (1999)

Les violences policières en direction des Noirs ne sont pas nouvelles aux Etats-Unis. Si elles sont peut-être plus médiatisées aujourd'hui, notamment grâce aux réseaux sociaux et aux smartphones, d'autres ont pu marquer le pays par leur violence quelques années plus tôt. C'est notamment le cas d'Amadou Diallo, un jeune immigré guinéen et mort en 1999. Alors qu'il était dans le vestibule de son appartement dans le Bronx (New York), quatre policiers s'approchent, à la recherche d'un suspect dans une affaire de viol. Le jeune homme de 23 ans met sa main dans une poche pour attraper son portefeuille, mais les policiers, tous blancs, pensent qu'il s'apprête à sortir une arme. C'est alors qu'ils tireront 41 balles en direction d'Amadou Diallo. 

Le nombre de coups de feu, et la vision de sa mère, arrivée de Guinée cinq jours plus tard criant le nom de son enfant, ont fait de ce dossier une affaire nationale. Après que le procès soit déplacé dans une autre localité, où les habitants (et donc le grand jury) étaient à majorité blancs, les policiers ont été acquittés. Kadiatou Diallo, sa mère, est devenu activiste, a fondé une fondation au nom de son fils et lutte pour que les cas de brutalités policières disparaissent. 

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