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Coronavirus : les binationaux pourront-ils retourner voir leur famille cet été ?

La frontière séparant l'Espagne de l'Hexagone est habituellement très empruntée par les Portugais, Marocains et Algériens de France. [GAIZKA IROZ / AFP].

C'est une question qui se fait de plus en plus angoissante à mesure que les jours avancent. Avec l'épidémie de coronavirus, beaucoup de Français d'origine étrangère, ou des immigrés vivant en France, se demandent s'ils pourront voyager pour rejoindre leurs proches cet été. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas gagné.

La question se confronte en effet à une situation extrêmement évolutive, du fait de l'épidémie elle-même, et plusieurs paramètres sont à prendre en compte.

Entre les mesures prises par la France, celles mises en place par ses voisins ou d'autres Etats du monde ou encore les incertitudes économiques pouvant augurer rien de bon dans le secteur des transports, difficile d'y voir clair.

Schengen fermé tout l'été ?

En Europe, les frontières de l'espace Schengen sont fermées depuis le 17 mars, mais pourraient bien le rester tout l'été.

Vendredi 10 avril, lors d'une visioconférence avec les partenaires sociaux, Emmanuel Macron aurait d'ailleurs lui-même évoqué l'hypothèse d'une fermeture des frontières extérieures de l'espace Schengen jusqu'en septembre, selon plusieurs sources concordantes.

De son côté, l'Espagne, pays qui à chaque saison estivale voit un afflux considérable de personnes souhaitant se rendre sur son territoire, ou le traverser pour aller en Afrique du nord ou au Portugal, envisage de plus en plus de fermer sa ceinture pyrénéenne.

C'est du moins ce qu'avance le quotidien espagnol ABC, jeudi 9 avril, relayé en France dans un article de Sud Ouest.

Cela, d'autant plus après le week-end de Pâques qui a vu des dizaines de Français traverser, par les petites routes et de nuit, la frontière pour rejoindre leurs résidences secondaires sur la Costa Brava. Une infraction à toutes les règles du confinement relatives à la sécurité sanitaire qui a valu, pour certains, d'être verbalisés jusqu'à 600 euros.

Les Portugais de France dans l'incertitude

Comparé à son voisin espagnol, le Portugal, lui, se montre, pour le moment du moins, plutôt rassurant, mais, là aussi, la situation est extrêmement mouvante et les inquiétudes parmi les différentes communautés portugaises éparpillées en Europe et dans le monde persistent.

Comme l'explique l'Agence France-Presse (AFP), le Portugal a fermé sa frontière avec l'Espagne pour les touristes le 16 mars. Cette période a été prolongée jusqu'au 14 mai, mais les citoyens portugais peuvent rentrer au Portugal, y compris les émigrés. En théorie, leur situation est donc facilitée durant la période et ils peuvent espérer qu'elle le soit cet été.

Dans le détail, cela semble pourtant nettement moins aisé. Le site du consulat général du Portugal, à Paris, liste ainsi les conditions requises pour voyager et celles-ci sont assez strictes.

Concernant les personnes souhaitant voyager au Portugal, il est ainsi indiqué qu'elles sont autorisées à le faire SEULEMENT - ceci est bien indiqué en lettres majuscules - si elles possèdent leur résidence principale au Portugal. Or, beaucoup de Portugais de France ou d'ailleurs, ne possèdent pas de résidence au Portugal et séjournent habituellement dans leurs familles sur place.

Une vidéo, mise en ligne le 2 avril sur le compte du gouvernement portugais, a également semé le trouble. Dans celle-ci, le ministre des Affaires étrangères du pays, Augusto Santos Silva, appelle ainsi ses «compatriotes», les Portugais résidant à l'étranger, à ne pas «rentrer temporairement chez eux», sur leurs «terres d'origine».

Si celle-ci, comme le précise encore l'AFP, faisait uniquement référence à la période de Pâques qui approchait, le ministre ne l'indique pourtant pas explicitement dans la vidéo, et se borne à parler de «cette année», ce qui a donné lieu à plusieurs fake news et mauvaises interprétations.

Reste que si les émigrés portugais peuvent revenir au pays cet été, à condition d'avoir pu pour certains passer la frontière avec l'Espagne en plus de remplir les conditions précitées donc, ils pourraient par ailleurs être soumis à une quatorzaine sur leur lieu de résidence, comme c'est déjà le cas dans certaines régions du pays. Dans ces conditions, certains seraient donc tentés de ne pas les respecter, prenant le risque de s'exposer à de lourdes amendes.

A ce sujet, le quotidien portugais Record a rapporté que quatre émigrés portugais, qui travaillent en Belgique, ont été arrêtés par la police au début du mois d'avril précisément pour cette raison et ont écopé d'amendes qui, au total, se sont montées à plus de 6.000 euros.

Les Marocains et Algériens de France dans le flou

Voyager en Europe n'aura donc rien d'une sinécure, mais au-delà du Vieux Continent l'horizon apparaît tout aussi sombre.

De nombreux pays extra-européens ont fermé leurs frontières aux Français comme la Chine, les Etats-Unis, le Canada, la Thaïlande, et surtout l'Algérie et le Maroc, deux Etats qui, à l'instar du Portugal, concentrent en France une importante diaspora.

Sur son site internet, l'ambassade du Royaume du Maroc en France indique avoir procédé, en concertation avec les autorités françaises, à la suspension des liaisons aériennes, maritimes et terrestres entre le Maroc et l'Hexagone. Même cas de figure en Algérie qui a suspendu plusieurs de ses liaisons.

Et, là encore, si ces interdictions étaient levées, cela ne signifierait pas pour autant que l'on puisse y aller facilement cet été.

Depuis le 1er avril, l’aéroport Paris-Orly est ainsi entièrement fermé et Air France effectue la totalité de ses rares vols au départ ou à destination de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle seulement.

Des vacances en France cet été ?

Selon Didier Arino, responsable du cabinet Protourisme, interrogé par CNEWS, «il y aura très peu de transports aériens cet été. Les compagnies prévoient 50 % de leur capacité par rapport à avant, et ce dans cinq mois».

Interrogé ce mercredi 15 avril au Sénat, le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a expliqué de son côté qu'il espérait, lui, «arriver à 100 % des TGV au début de l'été», même si la question du port des masques doit être encore réglée.

Tout ceci considéré, et si le coronavirus n'offrirait pas finalement l'occasion de découvrir ou de redécouvrir la France ? L'Hexagone a des atouts incroyables, faisant de lui le plus le plus visité au niveau mondial.

Les acteurs du tourisme français font en tout cas ce pari et ont, pour cela, lancé sur les réseaux sociaux l'opération «Cet été, je visite la France». Ainsi, grâce au hashtag #CetÉtéJeVisiteLaFrance, il est possible de trouver de nombreuses idées de destinations aux quatre coins du pays.

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