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Tout savoir sur la présence des réfugiés à la frontière grecque

Depuis plusieurs jours, des milliers de réfugiés se trouvent près de la frontière entre la Grèce et la Turquie.

Quelle est la situation à la frontière grecque ?

13.000 personnes selon l'Organisation internationale des migrations (OIM) se sont massées le long des 212 kilomètres de frontière entre la Grèce et la Turquie depuis fin février. Des familles avec de jeunes enfants seraient notamment sur place, affirme l'agence de l'ONU. Tous souhaitent traverser pour rejoindre la Grèce, puis l'Europe. Mais sur place, ils n'ont trouvé qu'une frontière grecque fermée à double tour.

Entassés par milliers à proximité du poste de Pazarkule, à deux pas du continent tant désiré, ils subissent le froid mordant la nuit et le jour, les gaz lacrymogènes de la part des policiers grecques qui les repoussent. Ceux qui tentent quand même de traverser la frontière sont interceptés et renvoyés du côté turc. Certains migrants, selon des témoignages recueillis sur place par l'AFP, racontent que leurs chaussures et leur argent ont été confisqués par les policiers grecs. 

La Grèce s'est placée dimanche en état d'alerte «maximum» pour protéger ses frontières comme l'a demandé le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis. Les autorités ont décidé de renforcer encore leurs patrouilles aux frontières maritimes et terrestres du nord-est du pays.

Face à cet afflux, les forces de l'ordre ont utilisé dimanche 1 mars des canons à eau et des grenades assourdissantes pour dissuader les migrants de tenter de traverser. Le gouvernement grec a également mis en place un système d'envoi automatique de textos aux téléphones mobiles étrangers approchant la frontière, avec le message suivant : «Personne ne peut traverser les frontières grecques. Ceux qui tentent d'entrer illégalement seront bloqués».

L'endroit proche de la frontière où les migrants attendent est devenu un campement. L'OIM a indiqué que ses équipes suivaient le mouvement de population depuis Istanbul et fournissaient de l'aide aux plus vulnérables d'entre eux.

Une cinquantaine de réfugiés ont tenté d'accoster sur l'île grecque de Lesbos, mais une partie de la population s'y est opposé. L'île accueille déjà un camp surpeuplé à Moria, où plus de 19. 000 migrants sont hébergés. 

 

Pourquoi un tel afflux maintenant ?

Pour comprendre pourquoi presque 15.000 personnes se sont précipitées à la frontière entre la Grèce et la Turquie, c'est très simple. La Turquie, qui accueille environ quatre millions de réfugiés, dont une majorité de Syriens, a décidé vendredi d'ouvrir ses frontières, alors qu'elle respectait jusque là un accord avec l'Europe pour lutter contre les passages clandestins.

Le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan se sert du dénuement de ces personnes pour menacer l'Europe de l'arrivée massive de réfugiés. Car les autorités turques souhaitent être soutenues dans l'offensive de son armée contre la Syrie. Donc le message qu'adresse la Turquie à l'Europe peut se résumer : «ou vous nous soutenez dans notre offensive en Syrie ou nous ouvrons les frontières de notre pays avec l'Europe».

Pourquoi la Turquie et la Syrie sont-ELLES en guerre ?

Appelée «Bouclier du Printemps», l'offensive turque en Syrie a déjà fait plus d'une centaine de morts dans les rangs des militaires des deux pays. Le ministre turc de la Défense l'a officiellement justifiée par la nécessité de «mettre fin aux massacres du régime (syrien)» sur son territoire et notamment à Idleb.

Cette région est le dernier bastion de la révolution syrienne de 2011 (et des rebelles jihadistes) qui demandait le départ de Bachar al-Assad du pouvoir. Et le régime syrien, avec l'appui de l'aviation russe, mène depuis décembre une offensive meurtrière pour reprendre le contrôle de cette zone située au nord-ouest de la Syrie.

La situation à Idleb suscite les craintes de la communauté internationale, alors que la situation humanitaire y est déjà catastrophique. Depuis le début de l'offensive syrienne en décembre, près d'un million de personnes ont été déplacées. Un exode d'une ampleur sans précédent en aussi peu de temps depuis le début en 2011.

Ankara redoute un nouvel afflux de réfugiés. Affirmant que son pays ne pourrait «faire face» à une nouvelle vague de réfugiés, le président Erdogan a indiqué samedi que la Turquie avait ouvert sa frontière avec les pays européens pour laisser passer les migrants se trouvant déjà sur son territoire. 

Faut-il craindre un autre crise migratoire ?

«Après que nous avons ouvert les portes, les coups de téléphone se sont multipliés. Ils nous disent "fermez les portes. Je leur ai dit: "Les portes sont désormais ouvertes. Maintenant, vous allez prendre votre part du fardeau"». Voilà ce qu'a déclaré Recep Tayyip Erdogan, le président turc ce lundi 2 mars, faisant craindre une nouvelle crise migratoire en Europe. En 2015, lors de la dernière crise migratoire, plus d'un million de réfugiés, majoritairement en provenance de Syrie, étaient arrivés dans l'année.

Les autorités françaises et européennes sont bien conscientes du problème. «Nous devons agir ensemble pour éviter une crise humanitaire et migratoire», a déclaré Emmanuel Macron sur Twitter dimanche soir. «Pleine solidarité avec la Grèce et la Bulgarie, la France est prête à contribuer aux efforts européens pour leur prêter une assistance rapide et protéger les frontières», a-t-il ajouté. 

Mais l'afflux aux frontières n'est que la matérialisation d'un problème bien plus grave sur lequel les autorités européennes ne se sont pas encore exprimées : comment empêcher les Syriens de partir de leur pays alors qu'il est en proie aux attaques de l'armée turque et de son propre gouvernement.

Le président turc a déclaré qu'il se rendra jeudi à Moscou pour des discussions (et peut-être un cessez-le-feu) avec le président russe, Vladimir Poutine, qui soutient le régime de Bachar al-Assad.

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