En direct
A suivre

La chrétienne Pakistanaise Asia Bibi reçue par Emmanuel Macron vendredi

L'histoire d'Asia Bibi a provoqué un élan de solidarité internationale, allant jusqu'à attirer l'attention des papes Benoît XVI et François. [Martin BUREAU / AFP]

Pendant dix ans, elle a vécu un véritable calvaire. La chrétienne Pakistanaise Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010 et acquittée huit ans plus tard avant de trouver refuge au Canada, va être reçue ce vendredi à l'Elysée par Emmanuel Macron. La demande d'asile en France de la mère de famille d'une cinquantaine d'années devrait être au menu de cette rencontre.

Asia Bibi a de nouveau exprimé lundi sur RTL son souhait de vivre en France, alors que son permis de séjour au Canada s'achève à la fin de l'année. «Evidemment, j'ai le désir que le président entende ma demande» d'asile, a-t-elle déclaré. L'Elysée a indiqué lundi 24 février y être favorable. «Comme nous l'avons toujours dit, la France est prête à accueillir Mme Asia Bibi et sa famille en France si tel est leur souhait», a affirmé la présidence, un asile politique également réclamé par la présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen mercredi sur France Inter. «Depuis sa condamnation en 2010 pour délit de blasphème, la France a été mobilisée aux côtés d'Asia Bibi», a rappelé l'Elysée. «Nous avons plaidé pour son acquittement et agi, avec nos partenaires européens et canadiens, pour sa libération effective.»

Si cette affaire a eu un tel retentissement international, c'est en grande partie grâce à la journaliste française de CNEWS Anne-Isabelle Tollet. Celle-ci n'a cessé ces dix dernières années de médiatiser l'histoire de cette ouvrière agricole d'un petit village pakistanais, accusée de «blasphème» à la suite d'une querelle pour un simple verre d'eau. Un épisode, connu à travers les médias, qu'Asia Bibi raconte dans son livre de témoignage «Enfin libre !» (Editions du Rocher), coécrit avec Anne-Isabelle Tollet et publié fin janvier en français - il sortira en septembre en anglais -, qu'elle présente cette semaine à Paris.

Accusée d'avoir «insulté» Mahomet

Ce 14 juin 2009, après avoir bu de l'eau d'un puits, la chrétienne est accusée par deux femmes musulmanes, avec qui elle travaille dans les champs, de l'avoir «souillé». S'ensuit une dispute, lors de laquelle Asia Bibi déclare : «Aimez-vous les uns les autres, c’est ce que nous enseigne Jésus. Je suis sûre que votre prophète Mahomet sera d’accord avec lui», relate-t-elle dans son livre. Elle est alors frappée et accusée d'avoir «insulté» le prophète musulman - ce qu'elle nie fermement -, et donc d'avoir «blasphémé». Un sujet incendiaire au Pakistan, où de simples accusations suffisent parfois à entraîner des lynchages meurtriers.

Elle est arrêtée, puis condamnée à la pendaison en 2010 pour blasphème. Commence alors une longue saga judiciaire, divisant le Pakistan et émouvant la communauté internationale, attirant l'attention des papes Benoît XVI et François, ainsi que de nombreux politiques. En 2014, elle est faite citoyenne d'honneur de la ville de Paris par la maire Anne Hidalgo, un diplôme symbolique qu'elle a reçu des mains de l'élue socialiste mardi après-midi dans l'un des salons d'honneur de l'Hôtel de ville de la capitale.

Elle passe au total plus de huit ans dans les couloirs de la mort au Pakistan, une période terrible sur laquelle elle revient longuement dans son livre. «Une longue chaîne traîne sur le sol crasseux, elle relie ma gorge à la main menottée du gardien qui me tire comme un chien en laisse. Au plus profond de moi, une peur sourde m'entraîne vers la profondeur des ténèbres. Une peur lancinante qui ne me quittera jamais», écrit-elle.

Lutter pour l'abrogation de la loi sur le blasphème

Elle est finalement acquittée en octobre 2018 par la Cour suprême pakistanaise, un verdict qui va déclencher une vague de protestation dans le pays, initiée par les groupes islamistes radicaux. L'un d'eux, Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), organise des manifestations monstres dans plusieurs grandes villes du Pakistan trois jours durant, pour contester le jugement rendu et réclamer l'exécution d'Asia Bibi. Cette dernière doit attendre mai 2019 pour pouvoir quitter son pays pour le Canada, après une énième péripétie judiciaire en janvier 2019.

Infiniment reconnaissante envers Anne-Isabelle Tollet, qu'elle considère aujourd'hui comme sa «sœur», Asia Bibi a affirmé sur RTL vouloir désormais «travailler à ses côtés», tout en «espérant» pouvoir un jour rentrer au pays, a-t-elle confié à l'AFP. Malgré les menaces dont elle reste la cible, elle compte également mener la lutte contre la loi sur le blasphème en vigueur au Pakistan, pays à très grande majorité musulmane, qu'elle souhaite voir abroger. Un texte qui, selon Anne-Isabelle Tollet, interrogée par Franceinfo, «est utilisé à mauvais escient» et «est maintenu par la pression des islamistes au Pakistan» afin de maintenir la terreur sur la population.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités