Checkpoint, barrages et barricades. En Chine, des villages et des quartiers se barricadent derrière des barrages sauvages dans l'espoir d'échapper à l'épidémie de pneumonie virale, qui a fait 259 morts et contaminé près de 10.000 personnes, au 1er février.
Un camion au travers de la route a bloqué cette semaine l'un des accès à Lianyungang, ville au nord de Shanghai, selon des témoignages de riverains, dans le but avoué d'interdire le passage à d'éventuels porteurs du virus.
Dans l'est de Pékin, le complexe d'immeubles résidentiels de Zhongfangli lui aussi se barricade : un amoncellement chaotique de vélos rattachés à une clôture en bois barre depuis le début de la semaine l'accès d'une entrée latérale.
Quelle anarchie... #coronavirus pic.twitter.com/4bdM9behu0
— Zhulin Zhang (@ZhangZhulin) 28 janvier 2020
Photo du jour #coronavirus pic.twitter.com/AeLiynLQLV
— Zhulin Zhang (@ZhangZhulin) 26 janvier 2020
Ce n’est pas une mise en en scène. La fragilité des liens humains face à l’épidémie. #coronavirus pic.twitter.com/vNv6IsUNw3
— Zhulin Zhang (@ZhangZhulin) 25 janvier 2020
Une façon d'obliger les visiteurs à s'enregistrer auprès des gardiens à l'entrée principale, afin, selon une affichette placardée par les gestionnaires du complexe, de «réduire la circulation des visiteurs et les possibilités de contagion».
Wuhan, la métropole du centre de la Chine d'où s'est propagée l'épidémie, et la province du Hubei dont elle est la capitale, sont coupés du monde depuis une semaine. Et les liaisons de trains et bus longue distance ont été drastiquement réduites.
Certaines routes des provinces frontalières du Hubei, ont été bloquées, pour empêcher les véhicules en provenance du Hubei dont #Wuhan est la capitale, de passer... Extrême pic.twitter.com/2XXOETUVcx
— Zhulin Zhang (@ZhangZhulin) 25 janvier 2020
Mais pas de quoi rassurer entièrement une population chinoise inquiète de la propagation du virus. D'autant que, selon le maire de Wuhan, cinq millions de personnes auraient quitté la ville avant le Nouvel an lunaire (25 janvier).
Appels à dénoncer
Du coup, des citoyens ordinaires et cadres locaux s'efforcent de mettre sur pied leurs propres barrages, hantés par le risque qu'un voyageur n'introduise le virus dans leur communauté.
Les barrages improvisés se multiplient à l'entrée des villages, avec souvent des banderoles tendues à travers la route, une table sur la chaussée et des résidents montant la garde, selon des photographies très partagées sur la plate-forme de microblogs Weibo.
Sur un cliché, un homme muni d'une lance d'arts martiaux est accroupi devant une barricade, tandis qu'un panneau rédigé à la main indique: «Entrée interdite aux personnes étrangères».
Partout, les Chinois de Wuhan ou du Hubei sont considérés avec une inquiétude toute particulière.
un véritable «harcèlement» ciblé
A Yancheng, dans la province du Jiangsu (est), un véhicule muni d'un haut-parleur circule entre des blocs d'immeubles résidentiels répétant inlassablement cet appel à la dénonciation : «Si vous découvrez une personne de retour du Hubei, avertissez immédiatement le comité de quartier!».
Dans des complexes d'habitation à Pékin, des affichettes appellent les résidents à faire connaître les éventuels visiteurs venus de Wuhan ou du Hubei.
L'ostracisme finit par cibler toutes les personnes simplement originaires du Hubei, quels qu'aient été leurs déplacements ces dernières semaines.
Ainsi, beaucoup d'hôtels scrutent désormais les cartes d'identité pour refuser l'accès à toute personne rattachée à Wuhan ou à sa région, s'est indigné jeudi Human Rights Watch.
L'ONG de défense des droits de l'homme dénonce un véritable «harcèlement» ciblé.