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Pourquoi la France est-elle toujours engagée au Mali ?

Une opération sur le long terme. Le 11 janvier 2013, François Hollande annonçait que la France envoie son armée au Mali pour faire «face à l'agression terroriste qui menace toute l'Afrique de l'Ouest». Depuis le début de cette intervention, 38 soldats français ont péri au Mali, dont 13 dans un accident entre deux hélicoptères le 25 novembre 2019.

La genèse de l'intervention

La guerre au Mali remonte au début des années 2010, alors que le nord du pays est hautement instable. Les indépendantistes touaregs ainsi que des groupes terroristes comme al-Qaida au Mahgreb Islamique s'attaquent en 2012 à l'armée malienne dans cette région difficile à contrôler, car loin de la capitale Bamako. Les deux groupes, alliés pour l'occasion, recoivent également le soutien de nombreux combattants libyens dont le pays, en 2011, a vu la chute du régime de Kadhafi.

Face à la prolifération de la violence, de l'instauration de la charia dans certaines villes, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) s'accorde pour un déploiement de soldats pour aider le pays à reconquérir son territoire. Malgré cela, les terroristes et les indépendantistes touaregs continuent d'avancer vers le sud. Le 10 janvier 2013, ils pénètrent à Konna, au centre du pays, ouvrant ainsi la voie vers Bamako. Sur demande du gouvernement malien, la France décide d'envoyer ses soldats pour stopper la conquête jihadiste. 

De l'opération Serval à l'opération Barkhane 

Malgré l'indépendance du Mali en 1960, la France garde de l'influence dans la région du Sahel. Son intérêt est de garder la paix, notamment pour le développement économique de la région et la protection des gisements d'uranium, utiles à son industrie nucléaire.

Pendant plus d'un an, jusqu'en août 2014, plus de mille soldats français participent ainsi à l'opération Serval, qui a notamment pour objectif d'aider «les forces armées maliennes à arrêter la progression des groupes terroristes» et «aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale et sa souverainté». Après avoir repris les villes de Gao, Tombouctou, Kidal et Tessalit, le gros du travail est fait. L'urgence de la situation est terminée et les gouvernements français et maliens souhaitent désormais installer une paix à long terme dans le Sahel tout entier.

C'est le début de l'opération Barkhane qui est censée se dérouler conjointement avec les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et les casques bleus de l'ONU pour sécuriser définitivement cette partie de l'Afrique qui s'étend sur plusieurs milliers de kilomètres. Les effectifs français montent jusqu'à 4 500 militaires, ce qui fait de Barkhane la plus importante mission de l'armée à l'étranger. 

Un échec sécuritaire

Alors quel bilan peut-on faire de ces deux opérations au Mali ? Si la crainte immédiate de la prise de Bamako par les jihadistes et l'instauration d'un Etat islamique au Sahel sont désormais écartées, la situation s'enlise quelque peu. 

La France n'arrive pas à passer la main à l'armée malienne pour sécuriser le pays. L'incapacité de l'Etat à endiguer la violence jihadiste a entrainé des réponses de la part de milices d'autodéfense. Dans un pays où la misère et le chômage règnent, les jihadistes n'ont pas de mal à recruter parmi les plus déshérités. Les attentats contre les forces militaires en présence se multiplient. Le 2 novembre, 53 soldats maliens ont été tués lors d'une attaque terroriste de l'Etat islamique contre une base militaire.

Bien qu'imparfait, l'indice de développement humain permet de jeter un rapide coup d'oeil à la situation humanitaire du pays concerné. En 2011, le Mali était classé 175e. En 2018, le pays avait perdu sept places (182e). 

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