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Forte participation au Zimbabwe pour les premières élections post-Mugabe

Un policier zimbabwéen contrôle les accès d'un bureau de vote dans la banlieue de Harare, le 30 juillet 2018 [Luis TATO / AFP] Un policier zimbabwéen contrôle les accès d'un bureau de vote dans la banlieue de Harare, le 30 juillet 2018 [Luis TATO / AFP]

Les Zimbabwéens votaient en masse et dans le calme lundi lors des premières élections générales depuis la chute du président Robert Mugabe en novembre après trente-sept ans de pouvoir, des scrutins historiques organisés dans un climat de suspicion de fraude.

Un total de 23 candidats - un record - sont en lice pour la présidentielle, organisée en même temps que les législatives et les municipales.

La course pour la fonction suprême se joue entre l'actuel chef de l'Etat Emmerson Mnangagwa, patron de la Zanu-PF, le parti au pouvoir depuis l'indépendance du Zimbabwe en 1980, et l'opposant Nelson Chamisa, leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

Pour ces scrutins historiques, «la participation est élevée», a annoncé à la mi-journée lundi la présidente de la commission électorale Priscilla Chigumba.

De longues files d'attente s'étaient formées à l'aube devant de nombreux bureaux de vote à Harare.

«J'espère un nouveau Zimbabwe», qui «offre des opportunités égales pour tous», a déclaré Lalita Mtetwa, une diplômée de 30 ans au chômage. «On a des millions de personnes éduquées sans emploi et vivant dans la pauvreté, seuls les riches sont dans une meilleure position», a-t-elle fulminé.

Dans une banlieue d'Harare, le 27 juillet 2018, un jeune homme attend devant une affiche représentant le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, patron de la Zanu-PF, le parti au pouvoir  [Luis TATO / AFP]
Dans une banlieue d'Harare, le 27 juillet 2018, un jeune homme attend devant une affiche représentant le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, patron de la Zanu-PF, le parti au pouvoir[Luis TATO / AFP]

«J'ai voté pour Mnangagwa», a expliqué pour sa part Robina Mayobongwe, 80 ans, à bord d'une charrette tirée par un âne. «On ne peut pas faire confiance aux jeunots. Ils vont redonner le pays à nos colonisateurs», a-t-elle estimé.

M. Mnangagwa a succédé en novembre à Robert Mugabe, nonagénaire, qui a dirigé d'une main de fer le pays pendant près de quatre décennies.

Ce dernier a été contraint à la démission, poussé vers la sortie par l'armée et par son propre parti, la Zanu-PF, qui ont refusé que sa fantasque et ambitieuse épouse Grace Mugabe lui succède le moment venu.

M. Mnangagwa, ancien bras de M. Mugabe qui l'a renié quelques semaines avant sa chute, cherche désormais à obtenir par les urnes la légitimé du pouvoir.

A 75 ans, celui que l'on surnomme «le crocodile» affirme avoir tiré un trait sur son passé de cacique du régime Mugabe, et a promis de rétablir la démocratie et de remettre sur les rails une économie aux abois.

L'ancien président zimbabwéen Robert Mugabe entouré de sa fille Bona (G) et de sa femme Grace (D) vote dans une école à Harare, le 30 juillet 2018 [Zinyange AUNTONY / AFP]
L'ancien président zimbabwéen Robert Mugabe entouré de sa fille Bona (G) et de sa femme Grace (D) vote dans une école à Harare, le 30 juillet 2018[Zinyange AUNTONY / AFP]

Mugabe a voté

Le président Mnangagwa, qui a voté dans sa ville natale de Kwekwe (centre), s'est félicité lundi que «la campagne ait été pacifique, tout comme le vote».

Les élections sous l'ère Mugabe ont été régulièrement entachées de violences et de fraudes.

En début d'après-midi, ce fut autour de M. Mugabe, accompagné de son épouse, de voter sous les flashs des photographes à Harare.

Il s'est refusé à tout commentaire. Mais la veille, il avait, lors d'une conférence de presse surprise, appelé les électeurs à faire chuter la Zanu-PF.

«J'espère que le vote de demain (lundi) va faire tomber la forme militaire de gouvernement» actuel, avait-il lancé. «Je ne peux pas voter pour ceux qui m'ont mal traité», avait-il poursuivi, avant de sous-entendre qu'il donnerait sa voix à M. Chamisa, dont il a toujours combattu la formation.

Embarrassé, le chef de l'opposition a nié toute alliance avec l'ancien président et s'est dit lundi confiant dans la victoire.

Le chef de l'opposition zimbabwéenne Nelson Chamisa glisse son bulletin dans l'urne, le 30 juillet 2018 à Harare [Zinyange AUNTONY / AFP]
Le chef de l'opposition zimbabwéenne Nelson Chamisa glisse son bulletin dans l'urne, le 30 juillet 2018 à Harare[Zinyange AUNTONY / AFP]

«Je n'ai aucun doute que d'ici la fin de la journée, nous devrions avoir une voix catégorique pour le changement», a lancé le quadra, avant de soulever une fois de plus la question de fraudes possibles.

«Dans les régions rurales (...), si le vote est juste, la victoire est certaine», a-t-il affirmé.

M. Mnangagwa reste toutefois favori de la présidentielle, mais l'écart entre les deux hommes s'est récemment réduit dans les sondages. Le premier est crédité de 40% des suffrages, contre 37% pour le second, selon un sondage publié il y a dix jours par le groupe Afrobarometer.

Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue, un second tour sera organisé le 8 septembre.

Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa vote dans une école primaire, le 30 juillet 2018 [Jekesai NJIKIZANA / AFP]
Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa vote dans une école primaire, le 30 juillet 2018[Jekesai NJIKIZANA / AFP]

La crédibilité du vote en jeu

Tout au long de la campagne, le président Mnangagwa a promis l'apogée d'une «nouvelle démocratie» et des milliards de dollars d'investissement pour remettre sur pied une économie ruinée par les réformes catastrophiques de son prédécesseur.

Le pays manque cruellement de liquidités, obligeant la population à faire la queue des heures devant les banques pour obtenir quelques dizaines de dollars en liquide, tandis qu'une écrasante majorité de la population est au chômage.

M. Mnangagwa s'est également engagé à la tenue d'élections libres et transparentes, à l'inverse des scrutins de l'ère Mugabe.

La Zanu-PF «doit maintenir un semblant d'élections libres et justes pour pouvoir attirer des investissement étrangers», a estimé le cabinet EXX Africa, basé à Londres. «Cependant, il reste de graves inquiétudes sur la crédibilité du vote», a-t-il ajouté.

L'ONU s'est ainsi inquiétée des «intimidations» d'électeurs avant les scrutins, mais elle a aussi salué «l'élargissement de l'espace démocratique au Zimbabwe».

Pour la première fois depuis seize ans, des observateurs occidentaux ont été invités à surveiller le vote. Les bureaux de vote doivent fermer à 19h00 (17h00 GMT).

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