En direct
A suivre

En Catalogne, la tentation du départ pour les petits patrons

Créer une entreprise parallèle à Madrid, imprimer des étiquettes en espagnol, ou déménager son siège: des petits patrons catalans jonglent encore pour contourner le boycott et l'incertitude ayant accompagné la menace de sécession de leur région. [PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP] Créer une entreprise parallèle à Madrid, imprimer des étiquettes en espagnol, ou déménager son siège: des petits patrons catalans jonglent encore pour contourner le boycott et l'incertitude ayant accompagné la menace de sécession de leur région. [PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP]

Créer une entreprise parallèle à Madrid, imprimer des étiquettes en espagnol, ou déménager son siège: des petits patrons catalans jonglent encore pour contourner le boycott et l'incertitude ayant accompagné la menace de sécession de leur région.

Même si la situation en Catalogne, mise sous tutelle par le gouvernement central, s'est momentanément stabilisée, le patron d'un groupe familial de vins et spiritueux n'a pas renoncé à monter une société de distribution parallèle à Madrid. "Une décision que tu prends quand tu n'as plus le choix", confie-t-il.

Les appels au boycott des produits catalans continuent de produire leurs effets et les ventes de son entreprise vers le reste de l'Espagne ont fondu de plus de 30% depuis début octobre, explique-t-il. Distribuer depuis Madrid lui permettra de ne plus faire fuir les clients avec une adresse catalane, tout en conservant la production en Catalogne.

"Sinon, on ne vendait plus", résume dans sa boutique barcelonaise ce quinquagénaire, qui préfère l'anonymat "en raison du conflit". Par crainte du boycott ou de l'incertitude qu'entraînerait une sécession, plus de 2.700 sociétés ont transféré leur siège social hors de la région et la liste continue de s'allonger, même si le rythme des départs a diminué.

Cette décision purement administrative fait cependant craindre des déménagements réels à terme. Parmi les entreprises ayant déplacé leur siège social, de grands groupes représentant 30% du PIB catalan, notamment des banques, mais aussi une myriade de petites et moyennes entreprises.

Dans un quartier cossu de Barcelone, une petite société de distribution de médicaments a accéléré un transfert déjà envisagé de son siège social vers Séville, reconnaît son affable patron, qui refuse lui aussi que son nom soit cité, vu la sensibilité du sujet. Ses ventes ont baissé de 10 à 20% cet automne dans les pharmacies d'Andalousie (sud), où l'entreprise réalise la majorité de son chiffre d'affaires.

"Les patients disent: donnez-moi un produit qui ne soit pas catalan (...) Cela ne s'était jamais produit", assure le directeur, expliquant aussi avoir voulu éviter de se retrouver hors du cadre juridique européen en cas d'indépendance de la Catalogne. "Nous ferions faillite, car les médicaments que nous importons seraient soumis à des droits de douane", explique-t-il.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités