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Une capitaine de l’armée de l’air afghane demande l’asile aux Etats-Unis

Agée de 25 ans, Niloofar Rahmani dit craindre pour sa sécurité dans son pays natal. Agée de 25 ans, Niloofar Rahmani dit craindre pour sa sécurité dans son pays natal.[SHAH MARAI / AFP]

Sa requête fait polémique. Niloofar Rahmani, pilote afghane au sein de l’armée de l’air, a demandé l’asile aux Etats-Unis. Elle craint pour sa vie si elle retourne en Afghanistan.

Niloofar Rahmani, 25 ans, est entrée dans l’histoire de l’Afghanistan en devenant la première femme pilote de son pays. Elle a d’ailleurs reçu à ce titre le prix international des «femmes de courage» de la part du département d’Etat américain. En formation depuis quinze mois aux Etats-Unis, celle qui est surnommée la «Top Gun Afghane» devait rentrer dans son pays ce samedi 24 décembre.

Mais la veille de son départ, la jeune femme a révélé qu’elle n’en ferait rien, expliquant craindre pour sa sécurité, et a indiqué qu’elle allait demander l'asile politique aux Etats-Unis. «J’aimerais tant voler pour mon pays. C’est ce que j’ai toujours voulu faire. Mais j’ai très peur pour ma vie», a-t-elle confié au Wall Street Journal.

Menaces de mort

Suite à son annonce elle a reçu de nombreux messages de soutien. Mais sa requête lui a aussi valu une volée de critiques, certains l’accusant de «trahison». «Ce qu’elle a dit était irresponsable et inattendu. Elle devait être un modèle pour les autres jeunes Afghans», a critiqué un porte-parole du ministère de la Défense, Mohammad Radmanesh. Et d’ajouter : «Elle a trahi son pays. C’est une honte».

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Niloofar Rahmani avait symbolisé l'espoir pour des millions de femmes afghanes lorsqu'elle était devenue la première femme pilote d'Afghanistan, intégrant un univers exclusivement masculin dans un pays extrêmement conservateur.  Mais cette célébrité lui avait aussi valu de nombreuses menaces de mort de la part des insurgés. Quant à ses collègues masculins, nombre d'entre eux faisaient preuve de dédain à son égard, estimant que la place des femmes est au foyer.

Prendre la décision de demander l'asile aux États-Unis a été «extrêmement difficile» pour elle, a expliqué son avocate Kimberly Motley. «Niloofar et sa famille ont reçu des menaces brutales, qui malheureusement ont confirmé que sa sécurité serait fortement compromise si elle revenait en Afghanistan», a expliqué l'avocate. «La vraie trahison à l'égard de l'Afghanistan vient de ceux qui menacent sa vie et celle de sa famille, et aussi de ceux qui continuent d'opprimer les femmes».

La jeunesse continue à fuir le pays

Pourtant, certaines femmes ont, elles aussi, critiqué la jeune pilote. «Chère Niloofar, penses-tu que tes problèmes sont plus importants que ceux de millions d'autres Afghanes ?», a lancé sur Facebook la photojournaliste Maryam Khamosh. «Parfois je souhaiterais être Niloofar et m'élancer dans le ciel pour bombarder les ennemis de mon peuple. Mais toi, Niloofar, qui as touché le ciel depuis les cendres de la terre, tu as fait honte à notre drapeau», poursuit-elle.

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Les forces de l'Otan présentes dans le pays ont de leur côté déploré que la jeune pilote ait affirmé dans la presse que la situation sécuritaire du pays s'aggravait. «Les forces de sécurité afghanes ont accompli de grands progrès [...] leur performance en 2016 s'est améliorée par rapport à 2015 et nous nous attendons à ce qu'elle progresse encore en 2017», a indiqué la coalition. Mais cette perception est loin de faire l'unanimité parmi la jeunesse afghane, qui continue de fuir le pays en nombre pour échapper à cet interminable conflit.

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