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Turquie : un rassemblement pour la démocratie prévu à Istanbul

Le président Recep Tayyip Erdogan le 24 juillet 2016 à Ankara [YASIN BULBUL / AFP] Le président Recep Tayyip Erdogan le 24 juillet 2016 à Ankara [YASIN BULBUL / AFP]

Un rassemblement de soutien à la démocratie est prévu dimanche sur la place Taksim à Istanbul huit jours après l'échec du coup d'Etat et alors que les purges massives lancées depuis par le pouvoir turc continuent.

L'appel au rassemblement d'Istanbul a été lancé par la principale formation de l'opposition turque, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate). Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président Recep Tayyip Erdogan s'est associé à cet appel.

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M. Erdogan a sèchement rejeté samedi les réserves et critiques émises par l'Union européenne sur les purges déclenchées après l'échec du putsch lancé le 15 juillet par une partie de l'armée.

"Je ne les écoute pas"

Ce que disent les responsables européens "ne m'intéresse pas et je ne les écoute pas", a déclaré le président turc dans une interview à la chaîne de télévision française France 24.

M. Erdogan a averti que la riposte ne faiblirait pas contre les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, en exil aux Etats-Unis et accusé par Ankara d'être l'instigateur du coup d'Etat.

Le prédicateur musulman Fethullah Gülen à Saylorsburg (Pennsylvanie), le 18 juillet 2016 [Thomas URBAIN / AFP]
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Le prédicateur musulman Fethullah Gülen à Saylorsburg (Pennsylvanie), le 18 juillet 2016

Dernières mesures en date, la Turquie, où l'état d'urgence a été instauré jeudi pour la première fois en quinze ans, a porté à 30 jours la durée des gardes à vue et a dissous plus de 2.000 institutions dont la garde présidentielle. Peu après la diffusion de l'interview de M. Erdogan, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a reproché à Ankara de "mettre en prison l'avenir" de la Turquie.

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Les premiers effets de l'état d'urgence ont été décrits officiellement: extension de quatre à 30 jours de la durée maximale de garde à vue, radiation à vie des fonctionnaires liés à Fethullah Gülen... Et samedi soir, un responsable a annoncé l'arrestation de Hails Hanci, qualifié de "bras droit" de M. Gülen.

Ont été fermés 1.043 établissements d'enseignement, 15 universités, 1.229 associations et fondations, 19 syndicats... Le président Erdogan a répété sa volonté d'éradiquer ce "virus", ce "cancer" qui se serait "métastasé" dans les institutions.

Arrivée le 20 juillet 2016 au palais de justice d'Istanbul, de personnes suspectées d'avoir participé au coup d'état [OZAN KOSE / AFP/Archives]
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Arrivée le 20 juillet 2016 au palais de justice d'Istanbul, de personnes suspectées d'avoir participé au coup d'état

 

Certes, la justice a annoncé l'élargissement de 1.200 militaires du rang, une décision de libération inédite depuis le début des purges massives après l'échec du coup d'Etat qui s'est soldé par 270 morts, dont 24 mutins, 179 civils, 62 policiers et cinq soldats loyalistes. Mais dans la soirée le Premier ministre Binali Yildirim a annoncé à la télévision la dissolution de la garde présidentielle, car "elle n'a pas de raison d'être". Après le putsch manqué, 283 de ses 2.500 membres ont été arrêtés.

M. Yildirim a également indiqué que 13.002 gardes à vue avaient été prononcées depuis les événements de la nuit du 15 au 16 juillet et 5.837 personnes placées en détention, dont 3.718 soldats et 123 généraux.

"Plus sauvage que Daesh"

"Venez ici! Venez voir à quel point c'est grave!", a lancé le ministre des Affaires européennes Omer Celik à ceux qui penseraient "que c'est juste un jeu de Pokémon".

M. Gülen, a-t-il ajouté, est "plus dangereux qu'Oussama Ben Laden" et son mouvement "plus sauvage que Daesh", acronyme arabe du groupe Etat islamique (EI).

Les partisans d'Erdogan manifestent le 23 juillet 2016 place Taksim à Istanbul [OZAN KOSE / AFP]
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Les partisans d'Erdogan manifestent le 23 juillet 2016 place Taksim à Istanbul

 

Le responsable a toutefois assuré que l'accord du 20 mars entre Ankara et Bruxelles, qui a permis d'assécher le flux des migrants en route vers l'Union européenne (UE), avait continué à être appliqué "sans accroc" et appelé de ses voeux "un nouvel élan" dans les négociations d'adhésion avec l'UE. Avant la manifestation de dimanche sur la place Taksim, qui s'annonçait massive, les partisans de M. Erdogan sont redescendus dans les rues samedi soir crier leur haine de Fethullah Gülen, dont un neveu a été interpellé, outre son proche collaborateur Hails Hanci.

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Ankara exige des Etats-Unis l'extradition du prédicateur. Dans un contexte de tension entre Ankara et Washington, le président Barack Obama a prévenu que la question d'une éventuelle remise du septuagénaire serait traitée conformément à la loi américaine. M. Erdogan a assuré que des preuves à l'appui de cette demande d'extradition seraient envoyées d'ici "une dizaine de jours".

Le président turc a affirmé que le chef d'état-major de l'armée Hulusi Akar, resté loyal et pris en otage par les putschistes, s'était vu proposer par ses ravisseurs de s'entretenir au téléphone avec Fethullah Gülen.

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