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La semaine de Philippe Labro : Des voix pour le pouvoir, les pouvoirs d’une voix

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste.[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 10 FÉVRIER

Primaires américaines. J’ignore si les Français s’intéressent à l’interminable course qui vient de démarrer en Amérique afin d’obtenir un candidat – ou une candidate – dans chaque parti – républicain et démocrate – pour gagner, en novembre, le fauteuil de la Maison Blanche. Les médias s’y intéressent, certes, mais les médias, parfois, ne parlent qu’aux médias. Si l’on veut s’arrêter un instant aux choix des électeurs du New Hampshire, on peut imaginer que les deux candidats seront Donald Trump (pour le parti républicain) et Bernie Sanders (pour les démocrates), ce qui constituerait une formidable surprise. Attention ! Ni Trump aux cheveux orangés et aux propos outranciers (contre les femmes, les latinos, les musulmans…), ni Sanders au crâne dégarni, aux lunettes de prof d’université et aux idées dignes d’un socialiste du début du XXe siècle, n’ont encore passé le redoutable test du «Super Mardi» de mars – au cours duquel plusieurs Etats, en particulier du Sud, vont donner leur verdict.

Conclusions provisoires :

1- Comme en France, on assiste à une vague de populisme.

2- Comme en France, les gens votent contre le système et souhaitent voir de nouvelles figures, plus perturbatrices, plus audacieuses.

3- Comme en France, la course est longue et réserve encore des coups de théâtre.

Il suffit parfois d’un rien, une bavure, une erreur, un geste maladroit, pour qu’un favori explose en plein vol. En ce moment, Hillary Clinton souffre, mais elle dit : «Je sais ce que c’est que de se retrouver le nez par terre.» Elle n’oublie pas que, la dernière fois, en 2008, face à Obama, elle avait vécu le même cruel retournement de situation – grande favorite au départ, perdante à l’arrivée. Même si rien n’est encore joué, Hillary doit commencer à avoir très peur.

JEUDI 11 FÉVRIER

Voici une femme qui, en revanche, ne souffre pas du tout. Elle n’avait pas plus de 4 ans qu’elle était, déjà, attirée par les voix de chanteuses. A 19 ans, découverte par un copain qui présente sa «démo» à un patron de maison de disques, elle devient très vite la chanteuse préférée des Britanniques. Depuis, avec trois albums dont les titres correspondent à l’âge où elle les a enregistrés (19, 21, 25), Adele a conquis la planète.

En 2015, elle est l’artiste qui a vendu le plus de disques au monde. Son beau visage reflète la pureté d’une adolescence pas encore disparue, et son corps est assez «enveloppé» – au contraire des autres «mega singers» style Beyoncé ou Rihanna, de véritables «bombes sexy». Adele, c’est plutôt «the girl next door», la fille d’à côté, qui a déjà un enfant. Son origine sociale (banlieue ouvrière) et l’empathie qu’elle provoque, ses paroles et sa musique touchent toutes les classes que l’on dit «moyennes» – lesquelles s’identifient à sa personne, son allure, ses mots si simples qu’ils peuvent paraître d’une grande banalité («On dit que le temps est censé guérir – mais je ne m’en suis pas trop remise – Allo ? Tu peux m’entendre ?»).

Or, c’est précisément cette quotidienneté des mots qui plaît. Tout cela n’aurait pas lieu si Adele ne possédait pas une voix extraordinaire, un timbre qui s’inspire du jazz et de la musique soul, qui va du plus grave au plus pointu. Avec cette voix magique de contralto, toute en vibration, son Hello repris par ses millions de fans, sa façon tranquille d’assumer son poids, d’admettre qu’elle a déjà beaucoup vécu (rupture avec son partenaire, période d’alcoolisme), Adele a été nommée par Time parmi les «100 personnalités les plus influentes dans le monde». Pouvoir immense de la musique populaire – cette arme universelle de notre époque. 

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