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Iran : un réalisateur risque le fouet pour une scène de baiser

Le réalisateur Keywan Karimi en 2013 à Téhéran Le réalisateur Keywan Karimi en 2013 à Téhéran [Capture d'écran Viméo / Tabakalera]

Un jeune réalisateur iranien a été condamné en octobre à six ans de prison et 223 coups de fouet, pour atteinte aux valeurs sacrées, en raison du contenu de ses films.

Keywan Karimi, originaire du Kurdistan iranien, est notamment accusé d'avoir fait la promotion des relations illégitimes, à travers une scène de baiser dans un clip. Mais selon le réalisateur, cette scène n'aurait même pas été filmée. "Il voulait tourner la séquence mais n'ayant pas obtenu l'accord de l'actrice, ça ne s'est pas fait", a expliqué son avocat, soulignant qu'on ne pouvait pas le punir pour quelque chose qui ne s'était pas produit.

Pour Karimi, c'est le contenu politique de ses films qui a été sanctionné. L'autre film incriminé, en plus du vidéo clip, est en effet un documentaire sur les graffeurs iraniens, "Écrire sur la ville". "Je parle du gouvernement, je parle de la société, je parle des graffitis, je parle d'un ouvrier", a détaillé le réalisateur, qui a fait appel. "Je ne vois pas pourquoi je ferais six ans de prison. (...) Regardez mes films, vous me jugerez ensuite". 

Un réalisateur reconnu

Souvent récompensé lors de festivals internationaux, Keywan Karimi est notamment connu pour son film "The Adventure of a married couple", un court-métrage minimaliste en noir et blanc inspiré d'une nouvelle d'Italo Calvino. On y suit le quotidien d'un couple d'ouvriers, tous deux silencieux, avec le bruit de la ville pour unique bande sonore. Le film a remporté des prix en Colombie et en Espagne.

The Adventure of married couple, Zan va Shohare Karegar from Keywan Karimi on Vimeo.

Le procès de Karimi s'inscrit dans une série de condamnations prononcées à l'encontre d'artistes et de journalistes, alors que le régime, modéré, est pourtant dans une phase d'ouverture diplomatique et culturelle. Ce jugement témoigne de l'influence que gardent les religieux les plus radicaux, qui accusent le régime d'Hassan Rohani d'être incapable d'endiguer la diffusion de la culture occidentale "décadente".

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