En direct
A suivre

Guatemala : la population, excédée par la corruption, appelée aux urnes

Manifestation dans les rues de la capitale du Guatemala le 5 septembre 2015, contre la corruption à la veille du premier tour de l' élection présidentielle [JOHAN ORDONEZ / AFP] Manifestation dans les rues de la capitale du Guatemala le 5 septembre 2015, contre la corruption à la veille du premier tour de l' élection présidentielle [JOHAN ORDONEZ / AFP]

Plus de 7,5 millions de Guatémaltèques sont invités dimanche à désigner leur nouveau président dans un climat d'exaspération inédit face à la corruption, après une semaine historique qui a vu leur dirigeant démissionner puis partir en prison.

 

A 07h00 (13h00 GMT), les bureaux de vote ouvriront dans le pays centraméricain de 15,8 millions d'habitants, au début d'une journée où sont annoncées de fortes précipitations, typiques de la saison des pluies.

Ils fermeront à 18h00 (00h00 GMT), avec les premiers résultats attendus après 21h00 (03h00 GMT lundi).

Après avoir déposé son bulletin dans l'urne, chaque électeur devra tremper son index dans de l'encre indélébile, ce qui l'empêchera de voter plusieurs fois, dans ce pays où l'achat de voix est monnaie courante.

Sur les 14 candidats à la présidentielle - dont le second tour aura lieu le 25 octobre -, trois se détachent : l'humoriste Jimmy Morales, candidat de droite sans expérience politique, crédité de 25% des suffrages dans un sondage publié jeudi, Manuel Baldizon (droite, 22,9%) et la social-démocrate Sandra Torres, ex-Première dame (18,4%).

Les Guatémaltèques doivent aussi choisir 158 députés et 338 maires.

Le scrutin survient au terme d'une semaine rocambolesque qui a vu le président conservateur Otto Pérez, accusé de diriger un réseau de corruption au sein des douanes, perdre son immunité, démissionner puis dormir en cellule, en garde à vue jusqu'à mardi.

Il ne s'agit que des derniers épisodes d'un feuilleton qui dure depuis avril, avec d'un côté, le travail d'enquête mené conjointement par le parquet et la Commission de l'ONU contre l'impunité (Cicig), mettant au jour plusieurs scandales de corruption, et de l'autre, un mouvement populaire sans précédent.

Avec des manifestations pacifiques organisées chaque samedi pour dénoncer la corruption, "le Guatemala donne un exemple mondial de mobilisation citoyenne", salue José Edgardo Cal Montoya, historien à l'université San Carlos.

"Les Guatémaltèques se sont rendu compte qu'en se mobilisant, ils pouvaient obtenir des changements" et ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin, dit-il.

 

"Résistance citoyenne"

Satisfaits du départ d'Otto Pérez, les manifestants exigent désormais une refonte du système politique pour le purger de la corruption, source de 50% du financement des partis selon l'Institut centraméricain d'études fiscales (Icefi).

Mais ces derniers mois, tous les recours pour repousser le scrutin, déposés par des partis minoritaires et des collectifs citoyens, ont été rejetés par le tribunal électoral.

Et les demandes de réformes, pour empêcher la réélection des maires et députés, changer la gestion des partis et permettre le vote à l'étranger (1,5 million de Guatémaltèques vivent notamment aux Etats-Unis), n'ont pas été entendues.

Samedi, une "marche funèbre" a réuni dans la capitale plusieurs centaines d'habitants, portant un cercueil et des habits de deuil face à un scrutin "mort-né". Dimanche matin une nouvelle manifestation est convoquée.

"Nous voulions qu'ils repoussent les élections pour obtenir quelques changements dans la loi électorale, mais le Parlement a refusé", regrettait samedi Ivonne Alvarez, militante des droits de l'homme de 63 ans, brandissant une pancarte "Je me déclare en résistance citoyenne" et assurant qu'elle ne voterait pas.

"Les citoyens disent qu'ils ne veulent pas d'élections dans ces conditions-là, car cela va être la même chose", observe Marie-Dominik Langlois, chercheuse à l'université du Québec à Montréal, qui vient de passer un an au Guatemala.

Face aux craintes d'une forte abstention, voire d'actes de violence dans ce pays majoritairement pauvre et miné par le crime organisé, les appels au vote et au calme se sont multipliés, venant notamment de l'ONU.

Les Guatémaltèques protestent contre la corruption à Guatemala City, le 5 septembre 2015, à la veille du premier tour de l'élection présidentielle [JOHAN ORDONEZ / AFP]
Photo
ci-dessus
Les Guatémaltèques protestent contre la corruption à Guatemala City, le 5 septembre 2015, à la veille du premier tour de l'élection présidentielle
 

 

"Celui qui vote aura toujours plus de droit et de force pour se plaindre si les promesses ne sont pas tenues", a clamé sur Twitter le président par interim Alejandro Maldonado, qui occupera ce poste jusqu'au 14 janvier.

"La manifestation la plus importante et décisive, aujourd'hui, est d'aller massivement aux urnes", a souhaité monseigneur Alvaro Ramazzini, au nom de la Conférence épiscopale.

Alors que vendredi, des affrontements entre sympathisants ont fait un mort à Santa Barbara (sud), 35.000 policiers encadreront le vote, pendant lequel toute vente d'alcool est interdite.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités