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Nucléaire iranien : vers un déblocage ?

L'Iran et les grandes puissances sont réunis depuis plusieurs jours en Suisse pour parvenir à un accord. [BRENDAN SMIALOWSKI / POOL / AFP]

Après plus de dix ans de pourparlers Téhéran et les grandes puissances peuvent enfin mettre un point final à la grave crise diplomatique.

 

La journée est marquée d’une pierre blanche sur le calendrier international. Mardi 31 mars, à minuit dernier délai, un accord doit à tout prix être signé concernant le dossier du nucléaire iranien. Les chefs de la diplomatie américaine, britannique, française, russe, chinoise, allemande et iranienne sont d’ailleurs réunis depuis plusieurs jours à Lausanne, en Suisse, pour mettre fin à plus de dix ans de négociations.

Car après une première prolon­gation des pourparlers décidée en novem­bre dernier, les principaux acteurs ne peuvent se permettre de retarder encore un compromis.

 

Plusieurs points de tension

L’objectif des grandes puissances internationales est simple : contrôler le programme nucléaire iranien afin de s’assurer que le pays ne se dote pas de la bombe atomique. Mais les deux parties restent bloquées sur la façon d’y arriver.

Premier point d’achoppement, la durée de l’accord. Téhéran ne souhaite pas s’engager au-delà de dix ans, quand ses partenaires n’envisagent pas moins de quinze ans.

Le gouvernement iranien a aussi fait part de son désir de voir les sanctions économiques et diplomatiques totalement levées en cas de compromis, et non pas progressivement. Imposées depuis 2006 par le Conseil de sécurité de l’ONU, ces sanctions asphyxient littéralement l’économie iranienne.

Enfin, les grandes puissances refusent à l’Iran le droit de faire de la recherche et du développement dans le domaine nucléaire.

Mais au-delà des éléments de division, les deux camps semblent toutefois s’être accordés sur certains points. Le nombre de centrifugeuses, qui permettent d’enrichir l’uranium, devrait ainsi être réduit d’environ 20 000 aujourd’hui, à seulement 6 000.

"S’il n’y a pas d’accord, tout le processus tombe à l’eau, c’est la pire des solutions, estime Thierry Coville, chercheur à l’Iris. L’Iran sera capable de faire ce qu’il veut, sans aucun garde-fou."

 

Inquiétudes dans la région

Malgré l’optique d’un régime iranien sans contrôle, le possible accord trouvé ce mardi ne fait pas que des heureux. "Les Iraniens ont pris conscience qu’ils étaient isolés sous Mahmoud Ahmadinejad, explique Thierry Coville. Ils se servent donc de ces négociations pour redevenir un acteur important sur la scène internationale, et ça ne plaît pas à tout le monde."

A commencer par Israël. Directement menacé sous l’ancien gouvernement iranien, l’Etat hébreu, qui se trouve à portée de missile de Téhéran, craint pour son existence. Lundi 30 mars, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a estimé que cet accord "envoie un message selon lequel non seulement on n’a pas à payer le prix de son agressivité, mais on en est au contraire récompensé".

Autre pays qui voit d’un mauvais œil ces négociations, l’Arabie Saoudite. Première puissance sunnite, le royaume craint le retour en force de l’Iran chiite sur le plan régional et international. De quoi mettre encore plus la pression sur les diplomates réunis à Lausanne, et garantir des échan­ges jusqu’au bout de la soirée. 

 

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