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L’ami qatari de la France

Tamim Ben Hamad al-Thani, émir du Qatar, le 24 décembre 2012[MOHAMMED AL-SHAIKH / AFP]

L’émir du Qatar est reçu ce lundi à Paris. Après le football ou bien l’immobilier, l’émirat lorgne cette fois-ci sur l’armement français.

 

Paris et Doha ne se quittent plus. Un an jour pour jour après avoir été invité au Qatar, le président François Hollande renvoie ce lundi l’ascenseur au cheikh Tamim Ben Hamad al-Thani, pour une visite officielle.

Au cours de leur entretien, qui sera suivi par un dîner, les deux chefs d’Etat devraient aborder le dossier d’éventuelles ventes d’avions Rafale. Car, après le football, l’hôtellerie de luxe ou encore les médias, le Qatar pourrait investir dans l’armement français. Une politique qui révèle un véritable plan à long terme.

 

Une stratégie globale

Avec ses 11 400 kilomètres carrés, le Qatar est un petit émirat à peine plus grand que la Corse. Pourtant, il est devenu en quelques années un géant de l’économie mondiale et un des principaux investisseurs en France.

Tout a commencé avec le sport, qui lui a permis de travailler son image. Après l’équitation (sponsor du Prix de l’Arc de Triomphe pour 49 millions d’euros sur dix ans), il a marqué les esprits en 2011 en s’offrant le club de football de la capitale, le PSG. Des investissements qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg.

Fin 2012, à travers le Qatar Investment Authority (QIA), le principal fonds souverain qatari, il détenait également 12 % du groupe Lagardère, 7 % de Vinci, 5 % de Veolia, 3 % de Total, 3 % de Vivendi, 1 % de LVMH et des participations dans EADS.

Il est aussi devenu propriétaire des hôtels de luxe parisiens Royal Monceau-Raffles et Majestic. Mais l’intérêt de Doha ne s’arrête pas aux fleurons de l’économie française. Un fonds commun franco-qatari a ainsi été créé l’année dernière afin de venir en aide aux PME travaillant dans les zones défavorisées, en banlieue ou à la campagne.

Enfin, l’émirat permet à la défense française de garder la tête haute. Alors que la France fournit déjà 75 % du matériel militaire qatari, l’émir pourrait signer lors de sa visite l’achat de trente-six avions Rafale.

 

Un projet à long terme

Cette véritable «boulimie» d’investissements en France s’explique par plusieurs facteurs. Parmi les pays les plus riches de la planète, le Qatar trouve son pouvoir dans son sol. Troisième réserve de gaz après la Russie et l’Iran, il tire 80 % de ses recettes extérieures et 60 % de ses revenus des hydrocarbures. Mais il sait que cette richesse n’est pas inépuisable.

C’est pourquoi l’émirat a mis en route depuis quelques années un plan de développement économique, National Vision 2030, visant à diversifier ses activités. Sa politique d’investissements s’explique aussi par la nécessité de trouver des alliés à travers le monde. Tout petit par rapport à l’Arabie Saoudite ou les Emirats arabes unis, aussi bien géographiquement que démographiquement ou militairement, il ne ferait pas le poids lors d’un éventuel conflit.

En multipliant les collaborations avec le gouvernement et les entreprises françaises, et ceux des autres pays (il abrite la plus grande base militaire américaine hors frontières), il souhaite les voir défendre le petit émirat (et leurs intérêts) le cas échéant. Un soutien qui se «paye».

 

 

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