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Européennes: Wilders, l'allié de Marine le Pen, incapable de mobiliser ses partisans

Geert Wilders, le dirigeant populiste néerlandais, le 22 mai à Scheveningen   [Bart Maat / ANP/AFP] Geert Wilders, le dirigeant populiste néerlandais, le 22 mai à Scheveningen [Bart Maat / ANP/AFP]

Incapable de mobiliser ses partisans, victime de sa propre campagne menée contre l'UE, le populiste néerlandais Geert Wilders a subi un cuisant échec jeudi aux élections européennes, et ce à la surprise générale.

La défaite de M. Wilders n'entravera pas la montée attendue des populistes et eurosceptiques ailleurs en Europe, où l'on votera jusqu'à dimanche, estiment les analystes, mais elle cristallise bien le défi de ces partis: motiver un électorat généralement peu enclin à se rendre aux urnes.

"Geert Wilders n'a tout simplement pas réussi à mobiliser ses partisans", assure à l'AFP André Krouwel, politologue à l'université libre d'Amsterdam.

Selon un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote, le Parti pour la Liberté (PVV) n'est crédité que de 12,2% des voix, contre 17% cinq ans plus tôt, qui se traduisent par trois sièges au Parlement, contre cinq précédemment.

Le taux de participation, très bas, s'est élevé à 37%, semblable à 2009.

La dirigeante du Front national Marine Le Pen lors d'une conférence de presse commune avec Geert Wilders à La Haye le 13 novembre 2014<br />
 [Jan Hennop / AFP/Archives]
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La dirigeante du Front national Marine Le Pen lors d'une conférence de presse commune avec Geert Wilders à La Haye le 13 novembre 2014

Le PVV ne terminerait que quatrième du scrutin aux Pays-Bas, derrière les centristes de D66 (15,6%), les chrétiens-démocrates du CDA (15,2%) et les libéraux du VVD (12,3%). Les premiers résultats officiels sont attendus dimanche soir.

"Contre toute attente, le PVV est le grand perdant des européennes", assurait vendredi matin le quotidien économique Financieele Dagblad.

"Geert Wilders n'a pas réussi à faire de ces élections un référendum sur l'Europe", analysait pour sa part le quotidien protestant Trouw.

Et pourtant... Les sondages prédisaient un bien meilleur résultat, allant parfois jusqu'à créditer le PVV de 6 sièges de députés. Les Pays-Bas peuvent élire 26 députés sur les 751 qui siègent au Parlement européen.

"Les sondages sont réalisés sur un échantillon représentatif de la société", explique André Krouwel : "or, lors de ces élections, une partie de cet échantillon représentatif est restée à la maison".

- Pris à son propre jeu -

"Geert Wilders a aussi probablement été pris à son propre jeu", estime Bert van den Braak, chercheur en politique à l'université de Leiden (ouest). "Quand on répète à ses partisans que l'UE n'a pas d'utilité, il ne faut pas s'étonner qu'ils n'aillent pas voter".

Les thèmes européens intéressent en outre peu les électeurs traditionnels du PVV, plus sensibles à l'immigration, assure M. Van den Braak.

Connu pour ses formules tranchées, Geert Wilders a de plus été au centre d'une importante polémique après avoir promis à ses partisans de faire en sorte qu'il y ait moins de Marocains aux Pays-Bas.

"La déclaration en elle-même n'a probablement pas eu d'influence sur les élections européennes, mais les défections au sein de son parti qui ont suivi, très certainement", soutient Bert van den Braak.

La chef du groupe PVV au parlement européen, Laurence Stassen, fait partie de ceux qui avaient alors quitté le PVV.

- Dynamique différente en France et Grande-Bretagne -

"Je ne crois pas que le résultat de Geert Wilders est annonciateur d'un mauvais résultat des populistes ailleurs en Europe", affirme André Krouwel.

"Que ce soit au Royaume-Uni avec l'Ukip ou en France avec le Front national, la dynamique est différente", dit le politologue.

Les résultats des européennes au Royaume-Uni ne seront connus que dimanche soir, mais devraient être similaires à ceux des municipales, publiés dès vendredi, selon M. Krouwel.

Mais les partis eurosceptiques d'Europe devront eux aussi batailler ferme pour motiver leurs partisans.

"Ce sont des électorats qui ressemblent à celui du PVV, souligne M. Bert van den Braak, eux aussi devront trouver le moyen de pousser leurs électeurs à se rendre aux urnes".

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