En direct
A suivre

Chine : 29 personnes tuées dans une gare

Policiers et enquêteurs à la gare de Kunming le 1er mars 2014 [- / AFP]

Des assaillants armés de couteau se sont livrés à une véritable tuerie samedi soir en gare de Kunming, dans le sud-ouest de la Chine, tuant au moins 29 personnes, une attaque inédite et "terroriste" selon Pékin qui a désigné les séparatistes ouïghours musulmans du Xinjiang.

Le Xinjiang, "région autonome", est depuis 2009 le théâtre de violences meurtrières entre Ouïghours et Chinois de l'ethnie Han mais les attaques contre des civils sont rares et plus rares encore en dehors de la région. Le Xinjiang est situé à 1.600 km du Yunnan, une province généralement calme et prisée des touristes pour ses paysages tropicaux et sa culture.

Survenue à quelques jours du grand rendez-vous politique que représente en Chine l'ouverture de la session annuelle du parlement, la tuerie a également fait plus de 130 blessés, selon l'agence Chine nouvelle.

La police a abattu au moins quatre des assaillants, en a arrêté un cinquième et a lancé une chasse à l'homme pour retrouver les autres, a indiqué l'agence Chine nouvelle en qualifiant la tuerie de "11-Septembre chinois" et de "grave crime contre l'Humanité".

Des voyageurs quittent la gare de Kunming, capitale de la province du Yunnan, cible d'un attentat le 2mars 2014 [- / AFP]
Photo
ci-dessus
Des voyageurs quittent la gare de Kunming, capitale de la province du Yunnan, cible d'un attentat le 2mars 2014
 

Des victimes et des témoins ont raconté que les agresseurs, vêtus de noir et le visage dissimulé, avaient fait irruption dans la gare de Kunming, capitale du Yunnan, poignardant les voyageurs qui faisaient la queue pour se procurer un billet.

Des photos publiées sur les réseaux sociaux chinois mais dont l'authenticité ne pouvait être vérifiée montrent des corps alignés sur le sol de la gare, d'autres gisant dans une mare de sang alors que des secouristes s'affairaient.

Le gouvernement local a attribué l'attaque aux séparatistes ouïghours du Xinjiang, musulmans turcophones qui se disent victimes d'une politique répressive à l'égard de leur religion, de leur langue et de leur culture de la part des Han, ethnie fortement majoritaire de Chine.

Yang Hanfei, une des victimes, blessé à la poitrine et au dos, a raconté qu'il était en train d'acheter un billet de train lorsque les agresseurs se sont approchés de lui. "J'ai vu une personne venir droit sur moi avec un long couteau et j'ai pris la fuite avec d'autres personnes", a-t-il ajouté, précisant que plusieurs d'entre elles "étaient tombées sur le sol".

-"Attaque terroriste organisée et préméditée"-

 

Ceux qui ont échappé aux meurtriers tentaient désespérément de retrouver leurs proches perdus de vue dans le grand hall de la gare jonché de valises, de chaussures et de lunettes.

Des policiers à l'entrée de la gare de Kunming, capitale de la province du Yunnan après un attentat le 2 mars 2014 [-  / AFP]
Photo
ci-dessus
Des policiers à l'entrée de la gare de Kunming, capitale de la province du Yunnan après un attentat le 2 mars 2014
 

"Je ne peux pas retrouver mon mari et son téléphone ne répond plus", a témoigné Yang Ziqing. Elle attendait son train pour Shanghai "lorsqu'un homme armé d'un couteau s'est précipité sur eux". D'autres photos publiées sur le portail d'informations 163.com ont montré un assaillant présumé allongé sur un brancard sous la surveillance de policiers.

Comme Chine nouvelle, la chaîne de télévision publique CCTV a qualifié l'attaque de "terroriste" sur le site de microblogs Weibo.

Un témoin interrogé par The Beijing News sur son site internet a dit avoir vu deux femmes en noir se diriger vers la gare peu avant le drame. Les forces de l'ordre ont établi une vaste zone de sécurité autour de la gare et la police continuait d'interroger des témoins de la scène.

- Condamnation de Ban Ki-moon -

 

En octobre dernier, Pékin avait été le théâtre d'un attentat commis, selon la police, par des extrémistes ouïghours, premier cas connu de violence imputé à cette minorité dans une autre région que la sienne.

Un policier chinois dans la gare de Kunming le 1er mars 2014 [ / AFP]
Photo
ci-dessus
Un policier chinois dans la gare de Kunming le 1er mars 2014
 

Trois Ouïghours d'une même famille avaient péri en précipitant leur voiture chargée de bidons d'essence contre l'entrée de la Cité interdite, une attaque-suicide qui avait fait également deux morts et 40 blessés dans la foule.

Les troubles impliquant des Ouïghours sont souvent qualifiés de "terroristes" par les autorités alors qu'elles n'utilisent jamais cette terminologie pour des incidents impliquant des membres de l'ethnie Han en révolte contre Pékin.

Le président chinois Xi Jingping a appelé à "redoubler d'efforts" pour mener l'enquête après la tuerie de Kunming et pour que les assaillants soient punis "conformément à la loi", a indiqué Chine Nouvelle.

Meng Jianzhu, "premier flic" de Chine, est arrivé dimanche matin à Kunming pour superviser l'enquête et s'est rendu sur les lieux de l'attaque. Pour Barry Sautman, spécialiste de la politique ethnique en Chine à l'université des Sciences de Hong Kong, l'attaque a une "forte valeur symbolique" en ce qu'elle "montre que l'organisation qui l'a réalisée est capable de frapper n'importe où".

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a condamné "dans les termes les plus forts" une "terrible attaque contre des civils".

"Rien ne peut justifier le meurtre de civils innocents", a-t-il ajouté en espérant "que les responsables soient traduits en justice".

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités